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par crepidule » 12 nov. 2013, 17:00
Voici le mail que j'ai envoyé suite à mon passage aux urgences de Carhaix:
Landelo le 12 novembre 2013
Vincent Guillot
M. Philippe EL SAIR Directeur général de l’Hôpital de Carhaix
rue du Docteur Menguy
BP 157 29835 Carhaix-Plouguer cedex
Bonjour Monsieur le Directeur Général de l’Hôpital de Carhaix
Le 11 novembre 2013 dans la matinée, je me suis rendu au service des urgences de l’hôpital de Carhaix.
Je l’ai fais car c’était un jour férié et que le répondeur de mon généraliste me disait d’appeler le 15.
La veille, mon majeur de la main droite avait enflé et me faisait très mal. Je ne pouvais pas le bouger et il était gonflé, chaud et rouge. Malgré la glace que j’y appliquais, il restait très douloureux.
Je ne m’étais ni cogné, ni tordu ce doigt et le lendemain matin, il me faisait encore plus mal et était dur.
Lors de mon passage aux urgences, hormis la personne à l’accueil qui avait un badge indiquant son nom et sa qualité (aide soignant), personne n’a décliné son identité ou sa fonction. Certaines personnes ne m’ont même pas dit bonjour. Par ailleurs, il n’a jamais été fait état de la charte du patient hospitalisé, notamment au sujet de la prise en charge de la douleur et du consentement éclairé du malade (Loi du 04/03/2002).
La première personne soignante qui m’a reçu m’a rassuré et à diagnostiqué une écharde sur une phalange. Elle a prescrit une radiographie de la main et m’a dit qu’elle allait me faire une ordonnance d’antibiotique pour éviter une infection et me prescrire un médicament approprié contre la douleur. Elle m’a prise la température qui était légèrement inférieure à 37°C et m’a fait confirmer que mon vaccin anti tétanique était à jour.
Je lui ai fais part très clairement de mon traumatisme psychologique majeur au sujet de la médecine, et lui ai indiqué mon parcours médical qu’elle a noté dans le dossier informatique.
Je n’avais pas de fièvre et la radio indiquait que le doigt n’était pas cassé et l’écharde n’y était pas visible. Malgré ma douleur intense, j’étais rassuré et j’attendais patiemment le retour de la personne soignante dans la salle d’examen.
Pendant ce temps, j’ai entendu un homme jeune se présenter à l’équipe en disant qu’il était le nouveau, qu’il prenait son service et était orthopédiste. Je l’ai également entendu demander s’il y avait souvent des urgences orthopédiques. La personne qui m’avait prise en charge lui a répondu qu’il y en avait peu mais que là il avait un doigt !
Deux minutes plus tard ces deux personnes sont entrées dans la salle de soin ou je patientais et l’orthopédiste m’a juste dit : « bonjour, je suis orthopédiste ».
Il s’est assis en face de moi et sans prévenir m’a brutalement manipulé la main. Lorsque je lui ai fait remarquer qu’il me faisait mal, il m’a répondu : « Je dois vous faire mal ».
J’ai dit à son confrère : « Cet homme là est un fou furieux » tant j’avais mal et parce que je ne comprenais pas son attitude maltraitante, tant physiquement que psychologiquement.
Puis il m’a dit que c’était grave, que les cartilages étaient touchés et qu’il devait impérativement m’opérer en urgence car je faisais un début d’infection qui allait se transformer en gangrène. Je devrais donc être amputé du doigt ou de la main, ou alors je mourrai de septicémie s’il n’opérait pas immédiatement.
Il m’a ensuite expliqué comment il allait procéder. Soit il m’opérait sous anesthésie locale soit sous anesthésie générale. Il allait ouvrir le doigt sur trois centimètres, retirer l’écharde, nettoyer puis suturer. Je serais hospitalisé jusqu’au lendemain, puis j’aurai deux fois par jour des soins infirmiers durant quinze jours avec une antibiothérapie de la même durée. Ensuite, j’aurai des séances de kinésithérapie.
J’étais donc passé d’une écharde bénigne que l’on devait m’extraire avec une ordonnance pour des antalgiques et des antibiotiques à une opération lourde pour une pathologie grave entrainant une amputation ou la mort si je n’étais pas immédiatement opéré !
Très affecté, traumatisé par l’attitude de l’orthopédiste et par son diagnostique catastrophiste, en complète contradiction avec le diagnostique précédent, j’ai demandé à sortir pour en parler à mon compagnon qui m’attendait dans la salle d’attente et fumer.
L’orthopédiste m’a répondu qu’il m’interdisait de sortir fumer.
Je suis quand même sorti car j’étais vraiment très déstabilisé, véritablement en train de craquer nerveusement. Je me trouvais comme un souris dans la gueule d’un chat, pris au piège et ne pouvant rien faire pour me protéger. De plus je ne comprenais pas le silence de la première personne soignante qui était rassurante et bienveillante à mon arrivé. Cette situation était véritablement traumatisante et Kafkaïenne.
Avec mon compagnon qui est également la personne de confiance que j’ai fais enregistrer à l’accueil, nous avons pris la décision de ne pas me faire opérer en urgence et d’attendre que l’écharde ai été enlevé comme me le proposait le premier intervenant avec la couverture antibiotique et les antalgiques qu’il m’avait de prime abord proposé. Si cela n’évoluait pas, je reviendrai le lendemain pour me faire soigner.
De retour dans la salle de soin où les deux personnes m’attendaient, l’orthopédiste me demanda si j’avais pris ma décision.
Lorsque je lui exposais notre décision celui-ci la considéra inacceptable et réitéra son injonction d’opération sans jamais me proposer de faire intervenir ma personne de confiance comme le prévoit la charte.
Je lui demandai donc de me réexpliquer en détail ce qu’il voulait faire et lui dis que je pouvais reconsidérer ma position si, comme il me l’avait proposé au début, l’opération se faisait sous anesthésie locale.
Il m’a répondu avec agressivité que je n’étais pas là pour négocier et que c’était à prendre ou à laisser qu’il ne m’opérerait que sous anesthésie générale.
Je lui ai répondu que ma décision était donc définitive, que je ne me ferai pas opérer et que je demandais que l’on me retire l’écharde et que l’on me donne une ordonnance pour un anti douleur et des antibiotiques, solution thérapeutique alternative déjà proposée par son confrère.
L’orthopédiste m’a rétorqué que je faisais un refus de soin et qu’il ne ferait rien puisque je refusais les soins qu’il souhaitait faire (ce à quoi je lui rétorquais que c’était lui qui faisait un refus de soins).
Son confrère m’a donc proposé de faire une ordonnance pour des antibiotiques et l’orthopédiste s’y est catégoriquement opposé. Il a demandé à l’autre personne de sortir un formulaire de refus de soin. N’en trouvant pas dans l’ordinateur, le premier à proposé que je signe un formulaire de sortie contre avis médical.
A ce moment là, je me suis levé, j’ai dit que je ne signerai rien et je suis parti.
J’ai craqué nerveusement, complétement désorienté par ce duo aux injonctions contradictoires qui m’a véritablement maltraité et torturé psychologiquement.
De retour à la maison j’ai fais tremper mon doigt dans de l’eau chaude additionnée de gros sel. Au bout d’un quart d’heure, l’écharde est sortie, elle faisait trois millimètres environ en était superficielle.
En fin d’après midi, mon doigt commençait à dégonfler, je pouvais de nouveau me servir de ma main et le lendemain matin il ne me restait qu’un léger gonflement et une petite douleur. Mon doigt avait retrouvé sa couleur habituelle.
Je suis allé le lendemain matin, 12 novembre 2013, chez le docteur X, mon médecin généraliste qui a constaté que l’écharde était bien retirée, qu’il n’y a aucune infection et il a refusé de me prescrire les antibiotiques que je lui réclamais car ils ne sont pas nécessaires.
Je suis traumatisé par cette expérience très violente qui est une maltraitance caractérisé et une violation flagrante de la charte du droit des patients et de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et, notamment à la qualité du système de santé.
Les chapitres deux et trois des principes généraux de la charte du patient hospitalisé ont été entièrement bafoués !
D’une part, l’orthopédiste n’a pas pris en compte ma douleur psychologique que j’avais très clairement exprimé et à catégoriquement refusé de traiter la douleur physique.
L’information qu’il m’a donnée était déloyale, il a catégoriquement refusé que je participe au choix thérapeutique me concernant et à refusé l’alternative thérapeutique proposé par son confrère à laquelle j’adhérais et que j’ai expressément réclamé après avoir signifié mon refus d’être opéré. De plus il n’a pas fait intervenir la personne de confiance afin de m'accompagner dans les démarches et d’assister à l’entretien médical, afin de m'aider dans la prise de décision.
Ci-dessous les extraits de la charte du patient hospitalisé auxquels je me réfère :
« Le médecin répond avec tact et de façon adaptée aux questions qui lui sont posées. L’information porte sur les investigations, traitements ou actions de prévention proposés ainsi que sur leurs alternatives éventuelles. »
« Si l'intéressé le souhaite, la personne de confiance peut aussi l'accompagner dans les démarches et assister aux entretiens médicaux, afin de l'aider dans la prise de décision. »
« 2 Les établissements de santé garantissent la qualité de l’accueil, des traitements et des soins. Ils sont attentifs au soulagement de la douleur et mettent tout en œuvre pour assurer à chacun une vie digne, …»
« 3 L’information donnée au patient doit être accessible et loyale. La personne hospitalisée participe aux choix thérapeutiques qui la concernent. Elle peut se faire assister par une personne de confiance qu’elle choisit librement. »
Compte tenu de ces faits ;
Parce que j’avais expressément exprimé ma vulnérabilité psychologique afférente à mon passé médical ainsi que ma souffrance physique, que j’avais évalué lors du diagnostique à 8 sur l’échelle de la douleur.
Parce que j’avais expressément donné mon accord pour l’alternative thérapeutique proposé par le premier praticien.
Je vous demande Monsieur Philippe EL SAIR d’organiser une entrevue avec l’orthopédiste et la première personne dont je ne connais pas la fonction, afin de parler avec eux de cet évènement traumatisant en présence de deux tiers, l’un de votre choix, l’autre du mien (mon compagnon, Monsieur X, qui est aussi ma personne de confiance).
Cette entrevue est pour moi essentielle, quasi vitale, afin que je puisse comprendre leur attitude et verbaliser ma propre souffrance.
Étant très attaché à notre service public de santé et plus particulièrement à notre hôpital que j’ai défendu et défendrai encore si besoin était, je ne cherche nullement à nuire à votre établissement et à son personnel, y compris à l’orthopédiste qui m’a mal traité et son confrère.
Je suis seulement dans une recherche raisonnable et humaine d’une solution afin de dépasser mon propre traumatisme et le cataclysme psychologique qu’il a engendré.
Dans l’attente de vous lire, je me tiens Monsieur Philippe EL SAIR à votre entière disposition et vous d’agréer mes salutations distinguées.
Copie :
Monsieur François CUILLANDRE ; Président de l’hôpital de Carhaix
Monsieur Bertrand FENOLL ; Président de la CME
M. Jean-Christophe PAUL ; Directeur de l'établissement
Dr Loïc PICAULT ; responsable du service des urgences de l’hôpital de Carhaix
Mme Laurence DE BOUARD ; cadre de santé du service des urgences de l’hôpital de Carhaix
Messieurs SIMON FRANCOIS Président de l’Ordre des médecins du Finistère
CRIQUET ROBERT Vice Président de l’Ordre des médecins du Finistère
JOURDREN PIERRE Secrétaire Général de l’Ordre des médecins du Finistère
BALAVOINE YVON Sec.Général Adjoint de l’Ordre des médecins du Finistère