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par Marie_May » 17 déc. 2013, 12:26
J'avais trouvé à Paris dans la librairie du coin (super sympa) un petit bouquin en poche dont le titre me disait quelque chose : "Travaux". Ben oui, bien sûr, l'auteur (Georges Navel) était un correcteur, copain de ma moman. Je me souviens même qu'au columbarium du Père Lachaise, il nous avait dit de cesser de faire des gueules d'enterrement, que ça ne lui plairait pas, à ma moman, de nous voir comme ça...
Du coup j'ai relu son œuvre qui se compose de quatre ou cinq bouquins que ma mère avait fait relier de cuir et qui se trouvaient dans les livres que j'ai récupérés de sa bibliothèque.
Il y fait revivre tout une époque. Né en 1904 ou 5, dans une famille ouvrière de Lorraine (fonderies, hauts-fourneaux), il fait partie d'une famille nombreuse pauvre, avec jardinet ouvrier, lapins en cage et vu sur les crassiers. Au boulot dès 12 ans, il connaît les luttes ouvrières du début de siècle, l'anarco-syndicalisme et la chaleur de ses réunions dans lesquelles les ouvriers tentent de s'émanciper non seulement en luttant mais en se cultivant. Période de grandes espérances anéanties par la Première guerre mondiale.
Libertaire, il fréquente entre les deux guerres les communautés naturistes, végétaliennes, (oui, oui, déjà...!) les cantines ouvrières; il 'trimarde", c'est-à-dire qu'il part à pied (ou en "brûlant le dur") vers des régions de travail saisonnier. Il fait tous les métiers, non seulement dans l'industrie et la construction, mais dans l'agriculture et l'apiculture qu'il pratique du côté de Nice.
Et il finit écrivain et correcteur à Paris.
Lire Travaux ou Parcours, c'est vraiment revivre un vingtième siècle ouvrier, partageux dont on a du mal à se faire une idée actuellement. C'est aussi s'apercevoir que la plupart des idées sur le fait de mener une vie plus simple, plus saine et et plus généreuse ne date pas d'hier...