Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

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Brigitte
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Brigitte » 03 nov. 2014, 12:07

Oui, tout comme vous, moi aussi je voulais reproduire quand je découvrais " quelque chose " que je trouvais beau mais comme j'aime dessiner c'est par cela que je commençais mais le dessin je sais faire et j'ai eu ensuite envie de mettre les couleurs et là pareil c'était toujours la catastrophe...maintenant que j'apprends la peinture, j'ai compris qu'il me faut d'abord dessiner pour passer à la peinture et ce n'est pas si évident que ça alors le prof m'a appris d'abord avec des crayons de couleurs aquarellables et cela m'a permis de mieux comprendre le mélange de couleurs que l'on doit faire et surtout mettre des couleurs que l'on n'oserait pas mettre par exemple pour accentuer le vert bleuté d'un feuillage on ajoute quelques touches de rouge par dessus ou de bleu foncé dans un feuillage vert...et on commence à mettre d'abord le jaune s'il y en a et les couleurs claires et là ça permet d'y revenir avec du plus foncé après...essayez vous verrez c'est " magique " ...actuellement je suis passée aux crayons pastels et je me régale...

Rhhhaaaa Claude, tu me donne envie avec tes champignons...partir à la cueillette de champignons, je le faisais enfant avec mes parents...que de bons souvenirs...mon père nous sortait qu'il pleuve ou qu'il vente, on avait souvent froid, on ralait mais au final on finissait par aimer, ces odeurs de terre, de forets, d'humus, de champignons...hummmm quel délice...

Volubilis
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Volubilis » 03 nov. 2014, 18:12

Alors ????

Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 03 nov. 2014, 18:43

Ce n'était pas le meilleur jour de semaine souhaitable. On était passé avant moi, et j'ai fini par tirer sur toutes les queues des chanterelles d'automne dont on avait maladroitement tiré que le chapeau… Donc ce soir on mangera une platée de queues de chanterelles plus trois pauvres lactaires délicieux.
Ai ramené un peu de terreau de forêt et des plants de buis, fougère avec des racines.

J'étais sur un flanc de montagne au milieu de la forêt. Beaucoup d'irrégularités sur le terrain et j'ai fini par perdre mes points de repère. J'ai eu le temps de me sentir perdu. C'est mon téléphone qui m'a permis de retrouver la route et finalement la voiture. Comment ? J'ai activé la fonction boussole … mais c'est l'app "Plans" qui m'a permis de retrouver la bonne orientation.

"Plans" te renvoie la carte du lieu où tu te trouves !
Et la boussole contenue dans le téléphone te permet une réorientation.
Alors que j'étais au milieu d'un amoncellement de rochers, j'ai visé la route qui semblait la plus proche.
Franchement, j'ai soupiré d'aise en apercevant la route au travers des arbres.
Une voiture passait, j'avais retrouvé la civilisation !
;)

Photos à paraître.

plumee
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par plumee » 03 nov. 2014, 19:15

Ton aventure me rappelle celle vécue avec Plumix, à ma première visite chez lui. Je connaissais le lieu car on se fréquentait en famille avant que, devenus célibataires, nous ayions réuni nos solitudes.
Donc, un après-midi d'automne, nous voilà partis dans le bois du voisin, avec les deux chiens de Plumix: un berger allemand et un petit machin plein de poils au museau et oreilles pointus. Ici, les bois sont en pente. Donc, en descente, on attaque le chemin pentu dans ce bois bien abandonné, vous voyez le genre.
Chemin qui tourne et retourne et tourne encore.
Et on tchatche et on tchatche et on tchatche. Et tout en tchatchant, on zig et zague pour éviter un tronc par ci, un roncier par là.
Tant et si bien qu'au bout de pas mal de temps, on prend conscience que le temps a passé, que l'après-midi est bien à sa fin, que les jours sont courts et qu'il serait sage de remonter.
D'autant plus que nous voilà devant un ENORME roncier.
On se retourne et on se regarde tout déconfits: de chemin, point, mais des troncs et des ronces et aucun souvenir de rien.
On avait oublié de semer des petits cailloux blancs.
Plumix ayant une vague idée de la direction, on tente d'attaquer la pente sur le haut du chemin, histoire de raccourcir le trajet.
Et nous voilà devant un autre roncier, tout aussi énorme, dans une bonne pente.
Bien sûr, nous sommes en tenues légères, ah ah ah.
Qu'à cela ne tienne. Plumix attrape un long bout de bois et commence à frapper sur les ronces pour créer un passage.
Je suis les traces de Tarzan avec la mini chienne dans les bras et l'autre sur les talons. Et ça dure et ça dure…et le jour commence à baisser.
Moment d'inquiétude. Bizarrement, la tchatche nous a abandonnés.
Finalement, le roncier s'éclaircit et nous atterrissons sur un terre-plein que Plumix reconnaît comme étant tout près de chez lui.
OUF.
Et là, miracle, au bord du roncier, un pommier avec une ou deux pommes, même pas sauvages et absolument délicieuses.
La récompense, quoi!

Claire
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claire » 03 nov. 2014, 19:51

Que d'aventures ! C'est toujours plus rigolo à raconter après... que sur le moment, à vivre.

Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 03 nov. 2014, 19:53

Dame Plumette.

J'avais entendu une histoire de ce genre,
un bel endroit (édénique même),
un couple (à l'image de Tarzan ou Jane, Juliette et Roméo, Grenouille et Bénitier),
leur plaisir paradisiaque d'être ensemble,
puis le serpent qui sort d'un roncier,
et enfin des pommes à croquer !

Marie_May
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Marie_May » 05 nov. 2014, 00:24

un couple (à l'image de Tarzan ou Jane, Juliette et Roméo, Grenouille et Bénitier),
Castor et Pollux... Saint-Pierre et Miquelon...

Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 05 nov. 2014, 09:41

Saint-Pierre et Miquelon, c'était pas des pommes mais de la morue ! :lol:

Les couples diaboliques sont légion, on connaît tous Zadig et Voltaire…

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 05 nov. 2014, 18:00

En 48 heures, plus de 300 mm de pluie. Ce soir, en regardant vers la mer, un coucher de soleil en jaune et rouge.
http://nsa34.casimages.com/img/2014/11/ ... 416354.jpg

On connait
Rouge du soir, espoir,
Rouge du matin, chagrin
mais que dicte la sagesse populaire pour le "jaune et rouge" ?

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claire » 06 nov. 2014, 08:17

Et araignée du soir espoir et du matin chagrin. Ça se met à toutes les sauces ?

jac11
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par jac11 » 06 nov. 2014, 11:28

alors pour le rouge et or ,ça veux dire Catalans a l'horizon

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Chichinette 11 » 06 nov. 2014, 19:45


Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 07 nov. 2014, 10:20

Deuxième jour de soleil après les précipitation, et un deuil à 10 km. À Saint Blaise.
Une jeune femme prise dans une coulée de terre (qu'elle essayait de nettoyer) tout contre sa maison.

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 08 nov. 2014, 00:35

J'ai retrouvé étonné un poème de Lamartine dont on m'avait fait apprendre par cœur
les premiers quatrains. Un voile de brume avec comme un petit goût de madeleine…

MILLY OU LA TERRE NATALE

Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
Dans son brillant exil mon cœur en a frémi ;
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme les pas connus ou la voix d'un ami.

Montagnes que voilait le brouillard de l'automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain,

Murs noircis par les ans, coteaux, sentier rapide,
Fontaine où les pasteurs accroupis tour à tour
Attendaient goutte à goutte une eau rare et limpide,
Et, leur urne à la main, s'entretenaient du jour,

Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?

J'ai vu des cieux d'azur, où la nuit est sans voiles,
Dorés jusqu'au matin sous les pieds des étoiles,
Arrondir sur mon front dans leur arc infini
Leur dôme de cristal qu'aucun vent n'a terni !
J'ai vu des monts voilés de citrons et d'olives
Réfléchir dans les eaux leurs ombres fugitives,
Et dans leurs frais vallons, au souffle du zéphyr,
Bercer sur l'épi mûr le cep prêt à mûrir ;
Sur des bords où les mers ont à peine un murmure,
J'ai vu des flots brillants l'onduleuse ceinture
Presser et relâcher dans l'azur de ses plis
De leurs caps dentelés les contours assouplis,
S'étendre dans le golfe en nappe de lumière,
Blanchir l'écueil fumant de gerbes de poussière,
Porter dans le lointain d'un occident vermeil
Des îles qui semblaient le lit d'or du soleil,
Ou, s'ouvrant devant moi sans rideau, sans limite,
Me montrer l'infini que le mystère habite !
J'ai vu ces fiers sommets, pyramides des airs,
Où l'été repliait le manteau des hivers,
Jusqu'au sein des vallons descendant par étages,
Entrecouper leurs flancs de hameaux et d'ombrages,
De pics et de rochers ici se hérisser,
En pentes de gazon plus loin fuir et glisser,
Lancer en arcs fumants, avec un bruit de foudre,
Leurs torrents en écume et leurs fleuves en poudre,
Sur leurs flancs éclairés, obscurcis tour à tour,
Former des vagues d'ombre et des îles de jour,
Creuser de frais vallons que la pensée adore,
Remonter, redescendre, et remonter encore,
Puis des derniers degrés de leurs vastes remparts,
A travers les sapins et les chênes épars
Dans le miroir des lacs qui dorment sous leur ombre
Jeter leurs reflets verts ou leur image sombre,
Et sur le tiède azur de ces limpides eaux
Faire onduler leur neige et flotter leurs coteaux!
J'ai visité ces bords et ce divin asile
Qu'a choisis pour dormir l'ombre du doux Virgile,
Ces champs que la Sibylle à ses yeux déroula,
Et Cume et l'Elysée ; et mon coeur n'est pas là !...
Mais il est sur la terre une montagne aride
Qui ne porte en ses flancs ni bois ni flot limpide,
Dont par l'effort des ans l'humble sommet miné,
Et sous son propre poids jour par jour incliné,
Dépouillé de son sol fuyant dans les ravines,
Garde à peine un buis sec qui montre ses racines,
Et se couvre partout de rocs prêts à crouler
Que sous son pied léger le chevreau fait rouler.
Ces débris par leur chute ont formé d'âge en âge
Un coteau qui décroît et, d'étage en étage,
Porte, à l'abri des murs dont ils sont étayés,
Quelques avares champs de nos sueurs payés,
Quelques ceps dont les bras, cherchant en vain l'érable,
Serpentent sur la terre ou rampent sur le sable,
Quelques buissons de ronce, où l'enfant des hameaux
Cueille un fruit oublié qu'il dispute aux oiseaux,
Où la maigre brebis des chaumières voisines
Broute en laissant sa laine en tribut aux épines ;
Lieux que ni le doux bruit des eaux pendant l'été,
Ni le frémissement du feuillage agité,
Ni l'hymne aérien du rossignol qui veille,
Ne rappellent au cœur, n'enchantent pour l'oreille ;
Mais que, sous les rayons d'un ciel toujours d'airain,
La cigale assourdit de son cri souterrain.
Il est dans ces déserts un toit rustique et sombre
Que la montagne seule abrite de son ombre,
Et dont les murs, battus par la pluie et les vents,
Portent leur âge écrit sous la mousse des ans.
Sur le seuil désuni de trois marches de pierre
Le hasard a planté les racines d'un lierre
Qui, redoublant cent fois ses nœuds entrelacés,
Cache l'affront du temps sous ses bras élancés,
Et, recourbant en arc sa volute rustique,
Fait le seul ornement du champêtre portique.
Un jardin qui descend au revers d'un coteau
Y présente au couchant son sable altéré d'eau;
La pierre sans ciment, que l'hiver a noircie,
En borne tristement l'enceinte rétrécie ;
La terre, que la bêche ouvre à chaque saison,
Y montre à nu son sein sans ombre et sans gazon ;
Ni tapis émaillés, ni cintres de verdure,
Ni ruisseau sous des bois, ni fraîcheur, ni murmure;
Seulement sept tilleuls par le soc oubliés,
Protégeant un peu d'herbe étendue à leurs pieds,
Y versent dans l'automne une ombre tiède et rare,
D'autant plus douce au front sous un ciel plus avare ;
Arbres dont le sommeil et des songes si beaux
Dans mon heureuse enfance habitaient les rameaux !
Dans le champêtre enclos qui soupire après l'onde,
Un puits dans le rocher cache son eau profonde,
Où le vieillard qui puise, après de longs efforts,
Dépose en gémissant son urne sur les bords ;
Une aire où le fléau sur l'argile étendue
Bat à coups cadencés la gerbe répandue,
Où la blanche colombe et l'humble passereau
Se disputent l'épi qu'oublia le râteau :
Et sur la terre épars des instruments rustiques,
Des jougs rompus, des chars dormant sous les portiques,
Des essieux dont l'ornière a brisé les rayons,
Et des socs émoussés qu'ont usés les sillons.

Rien n'y console l'œil de sa prison stérile,
Ni les dômes dorés d'une superbe ville,
Ni le chemin poudreux, ni le fleuve lointain,
Ni les toits blanchissants aux clartés du matin;
Seulement, répandus de distance en distance,
De sauvages abris qu'habite l'indigence,
Le long d'étroits sentiers en désordre semés,
Montrent leur toit de chaume et leurs murs enfumés,
Où le vieillard, assis au seuil de sa demeure,
Dans son berceau de jonc endort l'enfant qui pleure ;
Enfin un sol sans ombre et des cieux sans couleur,
Et des vallons sans onde! - Et c'est là qu'est mon cœur !
Ce sont là les séjours, les sites, les rivages
Dont mon âme attendrie évoque les images,
Et dont pendant les nuits mes songes les plus beaux
Pour enchanter mes yeux composent leurs tableaux !

Là chaque heure du jour, chaque aspect des montagnes,
Chaque son qui le soir s'élève des campagnes,
Chaque mois qui revient, comme un pas des saisons,
Reverdir ou faner les bois ou les gazons,
La lune qui décroît ou s'arrondit dans l'ombre,
L'étoile qui gravit sur la colline sombre,
Les troupeaux des hauts lieux chassés par les frimas,
Des coteaux aux vallons descendant pas à pas,
Le vent, l'épine en fleurs, l'herbe verte ou flétrie,
Le soc dans le sillon, l'onde dans la prairie,
Tout m'y parle une langue aux intimes accents
Dont les mots, entendus dans l'âme et dans les sens,
Sont des bruits, des parfums, des foudres, des orages,
Des rochers, des torrents, et ces douces images,
Et ces vieux souvenirs dormant au fond de nous,
Qu'un site nous conserve et qu'il nous rend plus doux.
Là mon cœur en tout lieu se retrouve lui-même !
Tout s'y souvient de moi, tout m'y connaît, tout m'aime !
Mon œil trouve un ami dans tout cet horizon,
Chaque arbre a son histoire et chaque pierre un nom.
Qu'importe que ce nom, comme Thèbe ou Palmyre,
Ne nous rappelle pas les fastes d'un empire,
Le sang humain versé pour le choix des tyrans,
Ou ces fléaux de Dieu que l'homme appelle grands ?
Ce site où la pensée a rattaché sa trame,
Ces lieux encor tout pleins des fastes de notre âme,
Sont aussi grands pour nous que ces champs du destin
Où naquit, où tomba quelque empire incertain :
Rien n'est vil ! rien n'est grand ! l'âme en est la mesure !
Un cœur palpite au nom de quelque humble masure,
Et sous les monuments des héros et des dieux
Le pasteur passe et siffle en détournant les yeux !

Voilà le banc rustique où s'asseyait mon père,
La salle où résonnait sa voix mâle et sévère,
Quand les pasteurs assis sur leurs socs renversés
Lui comptaient les sillons par chaque heure tracés,
Ou qu'encor palpitant des scènes de sa gloire,
De l'échafaud des rois il nous disait l'histoire,
Et, plein du grand combat qu'il avait combattu,
En racontant sa vie enseignait la vertu !
Voilà la place vide où ma mère à toute heure
Au plus léger soupir sortait de sa demeure,
Et, nous faisant porter ou la laine ou le pain,
Vêtissait l'indigence ou nourrissait la faim;
Voilà les toits de chaume où sa main attentive
Versait sur la blessure ou le miel ou l'olive,
Ouvrait près du chevet des vieillards expirants
Ce livre où l'espérance est permise aux mourants,
Recueillait leurs soupirs sur leur bouche oppressée,
Faisait tourner vers Dieu leur dernière pensée,
Et tenant par la main les plus jeunes de nous,
À la veuve, à l'enfant, qui tombaient à genoux,
Disait, en essuyant les pleurs de leurs paupières :
Je vous donne un peu d'or, rendez-leur vos prières !
Voilà le seuil, à l'ombre, où son pied nous berçait,
La branche du figuier que sa main abaissait,
Voici l'étroit sentier où, quand l'airain sonore
Dans le temple lointain vibrait avec l'aurore,
Nous montions sur sa trace à l'autel du Seigneur
Offrir deux purs encens, innocence et bonheur !
C'est ici que sa voix pieuse et solennelle
Nous expliquait un Dieu que nous sentions en elle,
Et nous montrant l'épi dans son germe enfermé,
La grappe distillant son breuvage embaumé,
La génisse en lait pur changeant le suc des plantes,
Le rocher qui s'entrouvre aux sources ruisselantes,
La laine des brebis dérobée aux rameaux
Servant à tapisser les doux nids des oiseaux,
Et le soleil exact à ses douze demeures,
Partageant aux climats les saisons et les heures,
Et ces astres des nuits que Dieu seul peut compter,
Mondes où la pensée ose à peine monter,
Nous enseignait la foi par la reconnaissance,
Et faisait admirer à notre simple enfance
Comment l'astre et l'insecte invisible à nos yeux
Avaient, ainsi que nous, leur père dans les cieux !
Ces bruyères, ces champs, ces vignes, ces prairies,
Ont tous leurs souvenirs et leurs ombres chéries.
Là, mes sœurs folâtraient, et le vent dans leurs jeux
Les suivait en jouant avec leurs blonds cheveux!
Là, guidant les bergers aux sommets des collines,
J'allumais des bûchers de bois mort et d'épines,
Et mes yeux, suspendus aux flammes du foyer,
Passaient heure après heure à les voir ondoyer.
Là, contre la fureur de l'aquilon rapide
Le saule caverneux nous prêtait son tronc vide,
Et j'écoutais siffler dans son feuillage mort
Des brises dont mon âme a retenu l'accord.
Voilà le peuplier qui, penché sur l'abîme,
Dans la saison des nids nous berçait sur sa cime,
Le ruisseau dans les prés dont les dormantes eaux
Submergeaient lentement nos barques de roseaux,
Le chêne, le rocher, le moulin monotone,
Et le mur au soleil, où dans les jours d'automne,
Je venais sur la pierre, assis près des vieillards,
Suivre le jour qui meurt de mes derniers regards !
Tout est encor debout ; tout renaît à sa place :
De nos pas sur le sable on suit encore la trace ;
Rien ne manque à ces lieux qu'un cœur pour en jouir,
Mais, hélas! l'heure baisse et va s'évanouir.

La vie a dispersé, comme l'épi sur l'aire,
Loin du champ paternel les enfants et la mère,
Et ce foyer chéri ressemble aux nids déserts
D'où l'hirondelle a fui pendant de longs hivers!
Déjà l'herbe qui croît sur les dalles antiques
Efface autour des murs les sentiers domestiques,
Et le lierre, flottant comme un manteau de deuil,
Couvre à demi la porte et rampe sur le seuil ;
Bientôt peut-être... ! écarte, ô mon Dieu ! ce présage !
Bientôt un étranger, inconnu du village,
Viendra, l'or à la main, s'emparer de ces lieux
Qu'habite encor pour nous l'ombre de nos aïeux,
Et d'où nos souvenirs des berceaux et des tombes
S'enfuiront à sa voix, comme un nid de colombes
Dont la hache a fauché l'arbre dans les forêts,
Et qui ne savent plus où se poser après !

Ne permets pas, Seigneur, ce deuil et cet outrage !
Ne souffre pas, mon Dieu, que notre humble héritage
Passe de mains en mains troqué contre un vil prix,
Comme le toit du vice ou le champ des proscrits !
Qu'un avide étranger vienne d'un pied superbe
Fouler l'humble sillon de nos berceaux sur l'herbe,
Dépouiller l'orphelin, grossir, compter son or
Aux lieux où l'indigence avait seule un trésor,
Et blasphémer ton nom sous ces mêmes portiques
Où ma mère à nos voix enseignait tes cantiques!
Ah! que plutôt cent fois, aux vents abandonné,
Le toit pende en lambeaux sur le mur incliné ;
Que les fleurs du tombeau, les mauves, les épines,
Sur les parvis brisés germent dans les ruines!
Que le lézard dormant s'y réchauffe au soleil,
Que Philomèle y chante aux heures du sommeil,
Que l'humble passereau, les colombes fidèles,
Y rassemblent en paix leurs petits sous leurs ailes,
Et que l'oiseau du ciel vienne bâtir son nid
Aux lieux où l'innocence eut autrefois son lit !

Ah ! si le nombre écrit sous l'œil des destinées
Jusqu'aux cheveux blanchis prolonge mes années,
Puissé-je, heureux vieillard, y voir baisser mes jours
Parmi ces monuments de mes simples amours !
Et quand ces toits bénis et ces tristes décombres
Ne seront plus pour moi peuplés que par des ombres,
Y retrouver au moins dans les noms, dans les lieux,
Tant d'êtres adorés disparus de mes yeux !
Et vous, qui survivrez à ma cendre glacée,
Si vous voulez charmer ma dernière pensée,
Un jour, élevez-moi...! non! ne m'élevez rien!
Mais près des lieux où dort l'humble espoir du chrétien,
Creusez-moi dans ces champs la couche que j'envie
Et ce dernier sillon où germe une autre vie!
Etendez sur ma tête un lit d'herbes des champs
Que l'agneau du hameau broute encore au printemps,
Où l'oiseau, dont mes soeurs ont peuplé ces asiles,
Vienne aimer et chanter durant mes nuits tranquilles ;
Là, pour marquer la place où vous m'allez coucher,
Roulez de la montagne un fragment de rocher ;
Que nul ciseau surtout ne le taille et n'efface
La mousse des vieux jours qui brunit sa surface,
Et d'hiver en hiver incrustée à ses flancs,
Donne en lettre vivante une date à ses ans !
Point de siècle ou de nom sur cette agreste page !
Devant l'éternité tout siècle est du même âge,
Et celui dont la voix réveille le trépas
Au défaut d'un vain nom ne nous oubliera pas !
Là, sous des cieux connus, sous les collines sombres,
Qui couvrirent jadis mon berceau de leurs ombres,
Plus près du sol natal, de l'air et du soleil,
D'un sommeil plus léger j'attendrai le réveil !
Là, ma cendre, mêlée à la terre qui m'aime,
Retrouvera la vie avant mon esprit même,
Verdira dans les prés, fleurira dans les fleurs,
Boira des nuits d'été les parfums et les pleurs;
Et quand du jour sans soir la première étincelle
Viendra m'y réveiller pour l'aurore éternelle,
En ouvrant mes regards je reverrai des lieux
Adorés de mon cœur et connus de mes yeux,
Les pierres du hameau, le clocher, la montagne,
Le lit sec du torrent et l'aride campagne ;
Et, rassemblant de l'œil tous les êtres chéris
Dont l'ombre près de moi dormait sous ces débris,
Avec des sœurs, un père et l'âme d'une mère,
Ne laissant plus de cendre en dépôt à la terre,
Comme le passager qui des vagues descend
Jette encore au navire un œil reconnaissant,
Nos voix diront ensemble à ces lieux pleins de charmes
L'adieu, le seul adieu qui n'aura point de larmes !

Marie_May
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Marie_May » 08 nov. 2014, 10:50

J'ai appris aussi les quatre premières strophes, contrainte et forcée, évidemment.
Quand on le relit aujourd'hui ça a tout de même un autre goût. Mais je t'avoue que je n'ai pas été au bout. J'y reviendrai.

Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 08 nov. 2014, 12:56

Moi aussi, je n'ai pas tout lu.   ;)
Je l'ai copié collé avec l'intention de le lire plus tard … :lol:




Émission Future mag, Arte.    http://www.arte.tv/guide/fr/emissions/FUM/futuremag
Des robots s'inspirant des trouvailles de la nature : la trompe d'éléphant, la queue du poisson, le corps ondulant de la lamproie, …
Des plantes dépolluantes pour les métaux lourds : des herbes méditerranéennes dont je n'ai pu retenir le nom, et des saules.
http://lesfondamentales.cnrs.fr/program ... ude-grison

Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 09 nov. 2014, 16:10

Temps gris et pluie. Rangement dans la réserve de pots : ça crée de la place.
Plus de temps à l'intérieur. Je voyage dans mon fauteuil. La Nouvelle-Zélande telle que la montre le docu d'Arte que je regarde pour la seconde fois est superbe. Ces montagnes enneigées vues d'avion, les chercheurs d'or les pieds dans des torrents, des volcans …


L'anecdote du jour.
J'avais mon chat sur les genoux. Je vois un moustique s'approcher par derrière de sa tête, droit vers une oreille. Arrivé à 1 cm, l'oreille s'est mise à vibrer chassant aussitôt l'indésirable qui s'est alors dirigé vers la seconde oreille laquelle a vibré à son tour quand le moustique se trouvait à 1 cm. Quelle belle organisation.  http://yelims3.free.fr/Maison/LimerSesOngles.gif

Mon chat est quand même mieux équipé que moi :?   … et en plus, il n'est pas sourd.   :lol:

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par LAVANDE05 » 09 nov. 2014, 20:21

ET oui , moi aussi j'ai appris les 4 premieres strophes ....Nos instituteurs respectifs devaient ils suivre un programme imposé ? cela m'étonne .

Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 09 nov. 2014, 20:41

Je n'en sais rien. Mais ils pouvaient piocher dans des manuels de français ou piocher dans des fichiers mis à leur disposition.

Faudrait demander à un très vieil instit'   [img]  [/img] Quatre-vingts ans au minimum !   :mrgreen:

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Chichinette 11 » 09 nov. 2014, 20:50

Moi aussi j'y suis passée http://yelims3.free.fr/Maison/LimerSesOngles.gif
ils pouvaient piocher dans des manuels de français ou piocher dans des fichiers mis à leur disposition.
A mon avis, à l'époque il n'y avait pas de fichiers, c'était le même programme pendant des années et des années. De mémoire, chaque ministre de l'EducNat de l'époque ne cherchait pas à tout prix à laisser son nom à une réforme idiote.

Claude
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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 09 nov. 2014, 20:56

Pas sûr. C'est un métier qui laisse une part de liberté importante à ses acteurs.
Les programmes (de l'enseignement primaire) précisaient probablement l'apprentissage par cœur d'un certain nombre de poésies.
Il y avait peut-être des listes (longues) officielles dans lesquelles piocher.
Je me souviens de la tradition du cahier dit "de récitation", alternant les pages lignées et les pages à dessiner.


Sur les réformes idiotes … euh !    http://www.smiley-lol.com/smiley/enfant ... dessin.gif

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 09 nov. 2014, 22:16

Pur… ! Le 06 fait partie des 3 départementaux en alerte orange jusqu'à mardi.

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claire » 10 nov. 2014, 07:48

Hou hou ! T'es noyé ?

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par Claude » 11 nov. 2014, 14:20

PAS NOYÉ.
Je suis dans les reliefs, je dois bien m'accrocher aux branches pour ne pas être emporté, et choisir les bonnes branches bien sûr.



Lundi en passant devant la scierie, surprise, il y avait une énorme pyramide (un cône plutôt) de sciure.
Habituellement, elle est stockée en l'air de façon à pouvoir remplir le camion qui est chargé de l"éloigner. Je suppose qu'une fausse manœuvre a vidé toute la réserve par terre.
Je me suis évidemment servi. Env. cinq sacs de 1OO litres.

Cette pyramide occupe environ 9 m2 au sol. La hauteur dépasse les 2 m. Ce qui fait environ 6 m3 de sciure !

Formule de calcul ;
Volume d'un cône de révolution
Soit un cône de révolution de hauteur h et dont la base a pour aire B.
Son volume V est donné par la formule : V = 1/3 × B × h.
Dans cette formule, V, B et h sont exprimés dans des unités correspondantes ; par exemple : h en cm, B en cm2 et V en cm3.

Remarques :
un cône de révolution a pour volume le tiers du volume du cylindre de révolution construit sur sa base et ayant la même hauteur ;
si r est le rayon de la base, on a aussi V = 1/3 × π × r2 × h.

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Re: Sur le terrain de Claude, jardiniais et casaniais.

Message par LAVANDE05 » 11 nov. 2014, 17:37


Et voilà une litière géante pour Gato :lol:

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