ICI, on sème … à TOURS

vermi-compost, engrais verts, basse-cour, pedo-faune, purins de plantes, biodynamie, permaculture, horticulture, arboriculture, maraîchage...
Règles du forum
Les modérateurs de ce forum supprimeront tout contenu de caractère illégal dès qu'il aura été porté à leur connaissance. Pour que les échanges soient fructueux et que l'ambiance reste conviviale, ils veilleront à ce que la liberté d'expression s'accorde avec le respect des personnes. Les opinions exprimées sont celles des auteurs respectifs, les modérateurs et administrateurs n'en seront pas tenus pour responsables (exceptés concernant les messages postés par eux-mêmes).
Répondre
Claude
Administrateur
Messages : 28615
Enregistré le : 01 août 2013, 21:06
Localisation : 06- Collines niçoises (300 m) entre mer et montagnes, près du lit du Var.

ICI, on sème … à TOURS

Message par Claude » 25 juil. 2020, 23:06

Premier article d’une série de reportages sur des initiatives potagères :D comme on aime.
Dans la lignée des Incroyables Comestibles (Incredible Vegetables) nés en Angleterre mais ça se passe en France.
Enquête parue dans Le Monde.

Lien pour profiter (j’espère) des photos : https://www.lemonde.fr/series-d-ete/art ... 51060.html
:?:
.


« Citoyens, citoyennes, résistons, semons des graines » :
une révolution potagère à Tours

Par Catherine Rollot
……

PORTRAIT

Jardins secrets (1/5).


Un collectif de jardiniers tourangeaux réinvestit les parcelles délaissées de la ville pour y faire du maraîchage sauvage et solidaire. Portrait de Pauline Jallais, l’une de ses militantes pro-autonomie alimentaire.

.

Elle arrive au lieu de rendez-vous sur son vélo hollandais équipé de deux porte-bébés, yeux verts et large sourire. La « jardinière masquée » circule donc à visage découvert. A 34 ans, la Tourangelle Pauline Jallais est l’un des membres de ce collectif de maraîchers improvisés qui, chaque semaine, se retrouvent pour planter et entretenir des fruits et légumes dans les espaces délaissés de la ville de Tours.

L’idée est née pendant le confinement. Mélanie Bresson, une couturière professionnelle de la région, s’est lancée dans la fabrication de protections en tissu. Très vite, une armée de petites mains la rejoint pour coudre et distribuer gratuitement plus de 60 000 exemplaires en Touraine. « A cette occasion, on a vu qu’il y avait aussi une urgence alimentaire car beaucoup de bénévoles rencontraient des difficultés pour se nourrir », explique Pauline Jallais, proche des « couturières masquées du Centre-Val de Loire ».

……

Grâce aux réseaux sociaux, et au relais de militants, comme l’aventurier écolo tourangeau Baptiste Dubanchet (qui s’est fait connaître en traversant l’Atlantique en pédalo en se nourrissant de restes et d’invendus), un petit groupe de jardiniers décide sans autorisation municipale d’investir un bout de parcelle en friche dans le quartier Lakanal-Strasbourg, à proximité du centre de Tours. « Planter des comestibles dans la ville était une façon de faire prendre conscience de la nécessité de se réapproprier notre alimentation en produisant là où les gens vivent. » Le masque est l’accessoire de l’époque : après les couturières, va pour les jardinières ainsi nommées.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi
« Des potagers bio et solidaires pour ceux que la crise ne manquera pas de toucher »


Néophytes et passionnés

Quelques semis de radis plus tard, le mouvement a essaimé dans cinq quartiers de la ville et plus d’une soixantaine de femmes et d’hommes se retrouvent régulièrement pour manier la bêche et le râteau.

« Tout le monde peut participer. Il y a des gens qui se connaissent et d’autres qui viennent par hasard ou par curiosité. Cela crée du lien », assure Pauline Jallais. Les plants et graines proviennent de dons de maraîchers ou de particuliers. « Nous savons bien que l’on ne va pas nourrir une ville avec nos plantations, mais c’est une manière de montrer que l’on peut faire différemment, en mettant à disposition de tous une nourriture plus locale. »

……

En cette douce soirée d’été, ils sont une petite dizaine à bichonner des plants potagers installés en bordure de massifs de fleurs ou au milieu d’herbes folles. Derrière le jardin René-Boylesve, un espace vallonné planté d’arbres avec aire de jeux et fontaines, quelques bouts de terre inoccupés en bordure d’un parking accueillent des rangées de tomates, courges, aubergines, petits pois, maïs. « Nous n’arrachons rien et nous n’empiétons pas sur les espaces déjà plantés », prévient la petite troupe de squatteurs des plates-bandes.

« On n’a pas besoin d’être spécialiste de la permaculture pour venir. Il suffit d’avoir envie de s’engager, d’être acteur de sa ville, et de vouloir à sa petite échelle faire bouger les choses. »

Les cultures du printemps déconfiné ont bien grandi, même si elles restent discrètes au milieu des parterres fleuris. L’heure est à l’arrosage et à l’entretien des parcelles. Certains sont venus les mains dans les poches, d’autres ont pris quelques outils, la plupart désormais à visage découvert. On vient pour jardiner mais aussi pour papoter. Des bouteilles en plastique vides font office d’outil ou de contenants.

Annika, metteuse en scène d’origine allemande à la tête d’une compagnie de théâtre locale, a confectionné de jolies étiquettes en bois pour signaler les plantations. Dans son sac à dos, une scie et un marteau remplaceront plantoir et grattoir. « C’est quoi ça ? Ah, de la menthe ! », dit-elle, le nez au ras du sol. Lisa habite à deux pas. « En mal de nature », elle est venue pour « participer et apprendre », elle dont les connaissances ne dépassent pas les feuilles des quelques plantes aromatiques de son balcon. Sa fille, Khali, 5 ans, a déjà pris les choses en main, s’appliquant à doucher avec énergie les jeunes pousses sorties de terre.

« Beaucoup de participants sont de parfaits néophytes, comme moi, explique Pauline Jallais. Même s’il y a aussi de vrais passionnés d’agriculture. On n’a pas besoin d’être spécialiste de la permaculture pour venir. Il suffit d’avoir envie de s’engager, d’être acteur de sa ville, et de vouloir à sa petite échelle faire bouger les choses. »

……

Un résumé de ce qui a poussé cette urbaine, déjà bien occupée avec ses deux enfants de 2 et 5 ans et son travail d’éducatrice spécialisée auprès d’adultes présentant des troubles psychiques, à s’investir dans ce potager partagé.

« Ralentir le temps »

Pour trouver les racines vertes de Pauline, il faut remonter à une petite enfance passée dans une maison avec un grand terrain à Villandry, une petite ville des environs de Tours, dont la renommée mondiale tient à son magnifique château de style Renaissance, mais surtout à la beauté de ses jardins et de son potager. Déjà ! La mère médecin et le père pilote d’avion font partager leur goût pour la nature. « Plus que des souvenirs de jardinage, j’ai en tête des odeurs, des couleurs de fleurs, des noms de plantes… toute une éducation à l’environnement qui était très importante pour mes parents, même quand on est revenus vivre en ville. » Après son bac et quelques séjours à l’étranger, elle trouve sa voie « dans le social » et dans la cause environnementale.

……

Engagée auprès de l’organisation ANV-COP21 (Action non violente-COP21), un mouvement citoyen qui s’oppose aux projets et aux politiques contribuant au dérèglement climatique, l’éducatrice essaie d’appliquer au quotidien ses convictions. « Je ne suis pas parfaite mais j’essaie de faire ma part. »

Au zéro déchet et autres gestes écolos pour diminuer son impact carbone, s’ajoute désormais la volonté de quitter la ville, ou du moins d’y vivre plus frugalement. Dans quelques semaines, elle emménagera dans un appartement moins vaste que celui qu’elle loue actuellement. Un choix qui a rendu possible l’achat d’un terrain boisé à la campagne. « C’est le pendant nature. J’y ai installé une vieille caravane, il y a des arbres fruitiers et le début d’un potager. » Acquis plusieurs mois avant le début du confinement, le lieu, situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Tours, s’apprécie davantage de jour en jour. « Avoir un jardin permet de se poser, de faire un break, de ralentir le temps, d’aller à l’essentiel, quel luxe ! », s’enthousiasme la jeune femme.

Dans quelques semaines, les premières récoltes des potagers masqués devraient se dérouler sous des cieux favorables. En juin, le collectif avait posté un appel sur sa page Facebook – « La pelle du 18 juin » – invitant les Tourangeaux et les autres à entrer en « résistance alimentaire ». « Citoyens, citoyennes, résistons. Semons des graines, plantons des comestibles partout où cela nous sera possible. Redonnons sa place à la nature pour être résilients face aux menaces qui pèsent sur notre autonomie alimentaire », pouvait-on y lire.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi
Crise alimentaire : « C’est l’occasion ou jamais de réorienter notre système vers un développement plus durable »


Amorcée par le mouvement mondial Les Incroyables Comestibles, lancé en 2008 pendant la crise économique dans une petite ville du nord de l’Angleterre, la lutte potagère gagne du terrain. A Poitiers, un groupe de « Jardinières masquées » s’est constitué et d’autres sont en passe de le faire, notamment en Touraine.

………

Une pétition en ligne qui milite pour réserver 50 % des espaces verts urbains à des plantations alimentaires (légumes et arbres fruitiers) dans les villes circule depuis mi-juillet. A Tours, les citoyens planteurs espèrent que l’élection d’un maire écologiste aux municipales, Emmanuel Denis, favorisera la végétalisation et la mise en culture de l’espace public.

A quelques centaines de kilomètres plus à l’ouest, à Nantes, la municipalité vient d’annoncer qu’elle va transformer une partie de ses espaces verts en potagers pour approvisionner les habitants fragilisés par la crise économique et sociale. Autant de graines semées dans le sillon de Pauline Jallais, jardinière militante, avec ou sans masque.

Catherine Rollot

Marie_May
Administrateur
Messages : 15816
Enregistré le : 01 août 2013, 23:36
Localisation : Nord Aveyron, Gorges du Lot, zone 8A, climat 4

Re: ICI, on sème … à TOURS

Message par Marie_May » 27 juil. 2020, 10:28

Sympathique mouvement.

Répondre