Pesticides autorisés en agriculture bio.

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Claude
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Pesticides autorisés en agriculture bio.

Message par Claude » 03 févr. 2019, 01:04

Question posée par Nicolas le 30/01/2019 :
.

" QUELS SONT LES PESTICIDES AUTORISÉS EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE ? "

L'agriculture biologique vise à la réduction de l'usage des pesticides
mais certaines molécules de synthèse
peuvent être utilisées dans des conditions très définies.


Tous les jours, retrouvez le fil vert, le rendez-vous environnement de Libération. Le vendredi, CheckNews répond à une question environnement.



Bonjour,

Cette question est née de notre article sur l’émission Envoyé spécial consacrée au glyphosate dans lequel nous parlions des pesticides autorisés dans l'agriculture biologique.

Qu’est-ce que l’agriculture bio ?

L’agriculture biologique est organisée en label, mouvements et fédérations. Au niveau international, on retrouve la fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM).

L’IFOAM définit ainsi les grands principes de l’agriculture biologique (voir le détail des principes de santé, d’équité, de précaution et d’écologie ici). La traduction pratique de ces principes se retrouve dans les réglementations (ici en Europe et ici aux Etats-Unis).

Concernant la lutte contre les Insectes et autres mauvaises herbes, dans la réglementation européenne, le but est de réduire «au minimum toute contribution à la contamination de l’environnement» et de «restreindre l’utilisation d’intrants extérieurs». Le texte préconise donc le travail du sol, la rotation des cultures, le bon choix des variétés et la protection des prédateurs naturels des ravageurs (article 12). Les engrais minéraux azotés sont interdits au profit des «effluents d’élevage ou de matières organiques, de préférence compostés, provenant de la production biologique».

Liste de produits autorisés

Des produits «phytopharmaceutiques» ainsi que des «produits de nettoyage et de désinfection» peuvent être utilisés s’ils ont «fait l’objet d’une autorisation d’utilisation dans la production biologique».

Ces produits doivent provenir en priorité de «substances naturelles ou substances dérivées de substances naturelles» mais, dans des «cas exceptionnels», peuvent être des «intrants chimiques de synthèse» (article 4). Qu’ils soient naturels ou non, les produits autorisés sont tous listés dans l’annexe 2 du règlement de 2008. La non utilisation de produits hors de cette liste fait partie des contrôles des organismes certificateurs.

Ainsi, on retrouve parmi les substances d’origine naturelle la laminarine (extraite d’algues) ou encore de la pyréthrine, insecticide extrait de certains chrysanthèmes.

«L’idée du bio est d’utiliser des molécules existantes dans la nature pour s’assurer que l’environnement ait la capacité de la dégrader», explique Marc Chovelon, chargé des questions de la filière viticulture au sein de l’Institut technique de l’agriculture biologique.

Des molécules de synthèse par exception

La réglementation européenne liste ensuite les substances autorisées mais définies comme d’origine ni animale, ni végétale, ni de micro-organisme (la réglementation américaine prend moins de gants et parle de «substances synthétiques»). On trouve notamment l’hydroxyde de calcium (ou chaux éteinte), l’huile de paraffine (issue du pétrole) et les fameux «composés de cuivre» (hydroxyde de cuivre, d’oxychlorure de cuivre, d’oxyde cuivreux, de bouillie bordelaise et de sulfate de cuivre tribasique).

Ces derniers ont vu leur autorisation prolongée pour 7 ans en Europe mais avec des conditions d’utilisations plus drastiques en novembre dernier. Les quantités limites à ne pas dépasser par hectare et par an de 6 kg en moyenne sur 5 ans à 4 kg en moyenne sur 7 ans. L’Efsa et l’Inra ont pointé du doigt les dangers du cuivre et notamment de son accumulation dans le sol.

LIRE AUSSI :
Le sulfate de cuivre de l’agriculture bio est-il dangereux pour la santé, comme l’expliquent les «pro-glyphosate» ?


Débats autour des substances autorisées

L’ajout d’une substance à la liste des produits autorisés est le fruit d’un débat. Les critères regardés sont, selon l’IFOAM, le caractère naturel ou non d’une substance mais aussi le procédé de fabrication, l’existence d’alternative et le besoin exprimé par les agriculteurs.

Sur le cuivre, pesticide le plus retrouvé sur les aliments biologiques, l’Inra, dans son expertise collective sur les alternatives au cuivre dans l’agriculture biologique (AB), revient sur les débats autour de son utilisation dans le bio :

«L’usage du cuivre est contesté au sein même de l’AB. Les formulations de produits à base de cuivre utilisées en agriculture sont toutes issues de la chimie minérale de synthèse. Leur autorisation d’emploi en AB apparaît donc comme contraire aux principes fondateurs de ce mode d’agriculture. Elle résulte simplement du fait que l’usage ancien des préparations à base de cuivre (la bouille bordelaise date des années 1880) en faisait un élément de la pharmacopée phytosanitaire avant l’explosion, essentiellement après la seconde guerre mondiale, de l’usage de pesticides issus de la recherche chimique et pharmaceutique. Ce hiatus entre les principes fondateurs de l’AB et la nature synthétique des préparations à base de cuivre est une des motivations fortes de certains producteurs et organismes certificateurs, en particulier ceux du mouvement biodynamique, pour en refuser l’emploi».

Marc Chovelon, chargé des questions de la filière viticulture au sein de l’Institut technique de l’agriculture biologique, illustre ces débats avec deux exemples. «Nos collègues allemands poussent pour l’autorisation de l’utilisation des phosphites en agriculture biologiques. Nous sommes contre car il est entièrement synthétisé [voir ici une présentation de 2008 sur ce débat, ndlr]. Par contre le bio peut utiliser des hormones sexuelles de synthèse pour perturber la reproduction de pucerons par exemple. Ces hormones doivent être utilisées dans des pièges qui ne sont pas au contact direct avec les cultures.»

Cordialement


Olivier Monod


Les ici et autres passages du texte surlignés ci-dessus sont des liens
qui renvoient à des infos complémentaires sur le site de Libé.

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