Buis. Pyrales, l'explosion
Posté : 30 août 2018, 23:53
La voracité des chenilles d'un papillon de nuit appelé pyrale du buis, Cydalima perspectalis menace les plantations de buis.
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in Libé.
29.08.18
Pyrale : le ver est dans le buis
Sybile Vincendon
Les chenilles venues d’Asie, en plus d’être une nuisance pour l’homme, ravagent le territoire. Elles s’apprêtent à entrer dans leur troisième phase de développement.
Le cri a retenti dans le petit matin. «Mais c’est quoi, ça ??… C’est dégueulasse !!…» Sur le paisible GR651, morceau du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le Lot, les randonneurs viennent de rencontrer l’ennemi. Les voilà couverts de chenilles vertes et englués dans des fils visqueux. Quinze jours plus tard, les chenilles sont devenues des papillons de nuit. Chez les riverains du GR, qui dînent en terrasse, on entend : «Putain de papillons, j’ai failli en gober un !…»
La caractéristique de la pyrale du buis, c’est qu’elle contient trois nuisances en un seul animal : d’abord la chenille (numéro 1) qui tisse de longs fils collants (numéro 2) et se transforme en papillon à la fin (numéro 3). Le processus prend deux semaines et va se reproduire trois fois, en juin, août et septembre. La durée des vacances, en somme. En plus, les larves supportent très bien l’hiver. Seule consolation : la pyrale ne présente aucun danger pour l’homme, pas même une gratouille. Récit de l’attaque de la bestiole en six temps.
Episode 1 : l’invasion
La pyrale du buis est arrivée d’Asie en Europe dans les bagages de la mondialisation au début des années 2000. «Elle était dans ces petites topiaires [buis taillés, ndlr]à 10 euros vendues dans les supermarchés et venues de Chine», explique l’ingénieur de recherche à l’Unité expérimentale entomologie et forêt méditerranéenne (Inra-Paca) Jean-Claude Martin. Comme son nom l’indique, la pyrale s’en prend aux buis, dont elle dévore les feuilles, les brindilles et l’écorce. Le buxus sempervirens - «toujours vert» - devient alors franchement beigeasse. Certes, la bête ne se goinfre que de buis, mais avec toutes les formes de buis : de la topiaire sculptée en canard au XVIIIe siècle jusqu’aux individus sauvages des forêts et des causses. Depuis dix ans, sa progression a été sournoise mais régulière. Et maintenant, c’est l’explosion.
Episode 2 : le front
En 2008, l’envahisseur a pris patte en Alsace dans l’indifférence générale. En cet été 2018, il triomphe. Presque toute la France est occupée par le lépidoptère. De son poste d’observation de l’invasion en cours, Olivier Baubet, responsable du pôle Santé des forêts en région Auvergne-Rhône-Alpes, résume l’état des forces sur le front : «Dans le milieu naturel, quand ça commence à prendre de l’ampleur, rien n’arrête l’épidémie de pyrales.» Tous les massifs de sa région sont atteints, et partout où l’envahisseur sévit, il laisse derrière lui le paysage desséché de la dévastation. Les titres de la presse quotidienne régionale témoignent de l’intensité du conflit : la pyrale du buis «attaque», «fait des ravages», «c’est l’hécatombe en Lorraine», «attention, danger !», «le Lot face à une marée noire». Le 1er juin, le Dauphiné libéré prévenait : «Terreur du buis : le pic d’éclosion de la pyrale arrive.» Et c’était vrai.
Episode 3 : la panique
Du coup, dans les réunions de famille ou de bistrot, on ne parle que de ça. Tels des touristes qui auraient loué à la mer l’année des méduses, les vacanciers sont accablés. Les locaux s’interrogent sur l’avenir des buis : «Ils ne vont jamais repousser…» Les adeptes du buis taillé, qui ont passé des heures cisailles en main, se ruinent dans les jardineries pour acheter le seul dispositif efficace contre la pyrale : le bacillus thuringiensis à pulvériser (15 euros les 30 grammes), assorti du piège à phéromones pour les papillons (40 euros avec trois mois de munitions). Au Jardiland d’Augny (Moselle), le responsable du rayon déclare au Républicain lorrain qu’il est en «rupture de stock» avec «soixante demandes par jour» et «une liste d’attente». Après l’invasion des chenilles qui rongent se produit l’éclosion des papillons qui exaspèrent. Le soir, claquemurés dans leur maison, les habitants regardent ces insectes grouiller en masse derrière les vitres en bataillon menaçant attiré par la lumière. Pour lutter contre ces envahisseurs, on échange les recettes. Le piège à phéromones fait son travail, avec des bestioles crevées qui s’entassent dans le réservoir. La bassine de liquide vaisselle placée sous une lampe marche aussi. La vidange des cadavres accumulés dans l’un et l’autre contenants est un grand moment des vacances…
Episode 4 : la riposte
La bataille est-elle perdue ? Pas sûr. On peut protéger «les buis à enjeu patrimonial important», comme dit Olivier Baubet, du pôle Santé des forêts en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le bacille, arme compatible avec l’agriculture biologique, «est le plus efficace. Mais il demande des applications répétées». Jean-Claude Martin, de l’Inra-Paca, explique le mode d’emploi : «Fin mars, on traite en pulvérisant le bacille et on installe les pièges à phéromones pour les vols de papillons qui se produiront entre le 15 mai et le 10 juillet. Autour du 15 juillet, si leur population est trop forte, on retraite».Pour le milieu naturel, en revanche, pas grand-chose à faire. «Un traitement aérien serait inefficace et, d’ailleurs, on n’en fait plus depuis longtemps», explique Olivier Baubet. En outre, la première attaque, voire la deuxième, n’est pas forcément une catastrophe. «Même avec une défoliation totale, la plante a la capacité de redémarrer», affirme Baubet. Il faudra «un certain temps», la croissance se fera par des «rejets» ou des «gourmands» poussés à partir des souches. «Le buis est une espèce très résiliente», assure-t-il. Donc, ça repousse, mais pas comme avant. Il y aura hélas moins de feuilles sur les arbres mais par conséquent, moins à déguster pour les pyrales. «Les chenilles peuvent mourir d’inanition parce qu’elles n’ont rien à manger. On a déjà vu des endroits tellement attaqués qu’il n’y en avait plus aucune», remarque Jean-Claude Martin. Même s’il ajoute qu’«elles finissent toujours par revenir», ça laisse un espoir. Et quand bien même les buis mourraient, serait-ce une catastrophe ? «Le buis n’a pas de valeur économique mais son impact environnemental est très fort, explique Olivier Baubet. Cette plante de sous-étage a un grand intérêt forestier car elle retient les sols. Le point qui nous importe, c’est que l’ensouchement demeure.» Donc, rien que pour ça, il ne va pas être possible de rester les bras croisés.
Episode 5 : les mercenaires
Inconnue sous nos latitudes, la pyrale a eu la conquête facile. Jean-Claude Martin raconte : «Au début, elle n’avait pas de parasites et pas de prédateurs. Les oiseaux ne les connaissaient pas et ne les mangeaient pas.» Courte tranquillité. «Au bout d’un moment, les oiseaux se sont mis à manger les chenilles, et les chauves-souris ont gobé les papillons.»
Ces «auxiliaires» de la lutte peuvent être d’une efficacité redoutable. L’éleveur de gibier à plumes à Sauliac-sur-Célé (Lot) Aurélien Salomon a fait ce constat surprenant : «Tous nos buis sont ravagés, sauf ceux des volières de faisans où ils sont intacts. Pas une feuille attaquée.» Dans les 5 000 mètres carrés de volière, ces oiseaux avalent «les chenilles et les papillons. Peut-être même les œufs». L’éleveur admet que la densité des volatiles est assez conséquente dans les cages. «Ils sont plus nombreux que dans la nature mais comme je leur donne du grain, ils ont aussi moins faim.» Si les faisans gloutonnent les pyrales par gourmandise quand ils ont le ventre plein, on peut les supposer encore plus actifs dans la nature avec le ventre vide.
Les oiseaux sont les bons soldats de la guerre contre la pyrale. Le conseil départemental de l’Aveyron a fourni aux communes 2 000 nichoirs à mésanges et à chauves-souris. Un marché de 30 000 euros remporté par Nord Aveyron Menuiserie, à Espalion, qui a construit les maisonnettes. Un gadget ? Pas du tout. Les mésanges sont redoutablement voraces. Et en plus, elles digèrent très bien cet insecte. «Une expérience a été menée à L’Haÿ-les-Roses [Val-de-Marne]. Les mésanges apportaient les chenilles à leurs petits et il n’y a eu aucune mortalité dans les nichoirs», dit aussi Jean-Claude Martin. Qui souligne que les oiseaux ne sont pas seuls à mener le combat : «On commence à voir de plus en plus de parasites de la pyrale se développer.»
Episode 6 : la contre-offensive
Pour sauver la santé des buis, et la tranquillité des humains, deux programmes ont été mis sur pied. «Save Buxus» est surtout orienté vers la sauvegarde du buis d’ornement, tandis que «Biopyr» observe la pyrale dans les milieux naturels. C’est ce second programme qu’Olivier Baubet et Jean-Claude Martin coordonnent, avec Elisabeth Tabone (Inra, UEFM, Laboratoire biocontrôle Antibes). Les travaux s’orientent sur la recherche de parasites des œufs, sur la saturation de l’air en phéromones créant une «confusion sexuelle» chez le papillon mâle qui ne retrouve plus la femelle. Mais ce que les chercheurs attendent le plus, c’est de voir comment l’écosystème va gérer l’occupant. «Tous les invasifs qu’on a pu connaître, tout doucement, sont rentrés dans le cycle normal, raconte Jean-Claude Martin. Pour la pyrale, nous pensons que cela pourrait être pareil.» Et dans ce cas, l’histoire finirait bien.
Extrait de Wikipedia.Le piégeage des papillons avec une bassine d'eau mélangée à du liquide vaisselle et éclairée pendant la nuit est actuellement testée et semble produire des résultats encourageants[15]. Une autre technique récemment éprouvée consiste à piéger les papillons à l’aide d’une simple lampe halogène (débarrassée des protections éventuelles de l’ampoule) posée sur une terrasse pendant la nuit. Les papillons viennent simplement se brûler sur la lampe. On veille à positionner la lampe avec un angle de 45 degrés pour que les papillons morts ne s’accumulent pas sur l’ampoule. Cette lutte qui parait non sélective l’est en fait à près de 100% en zone infestée : l’espèce largement dominante étant la pyrale, la concentration d’individus autour de la lampe attire d’autres pyrales et éloigne les autres espèces, du fait probablement des doses massives de phéromones émises par ce regroupement simultané de centaines d’individus. Ce dispositif simple testé en août 2018 en Ariège, en zone fortement infestée (buis défoliés totalement sur des centaines d’hectares de montagne en quelques semaines), permet la destruction de plusieurs milliers de papillons par nuit. Le pic de piégeage est constaté entre 22h30 et 1heure du matin, l’arrivée des papillons se faisant de manière exponentielle. Le dispositif peut être amélioré en dirigeant la lumière vers un parasol blanc qui forme ainsi, vu du ciel un énorme point lumineux susceptible d’attirer les individus de très loin. Compte tenu des métamorphoses quotidiennes il faut répéter le piègeage chaque soir pour ne pas laisser le temps aux papillons de s’accoupler et de pondre. En prolongeant le piégeage sur septembre on peut espérer épuiser le réservoir de larves et limiter le nombre d’individus en début d’hiver.[réf. nécessaire]
Maltraitance. De quoi porter plainte à la SPA. :)Une PME diffuse une phéromone femelle qui perturbe les papillons mâles qui s’épuiseraient en vain
---Quant aux troncs, sache que le buis est apprécié comme bois de sculpture et qu’un artisan en fait des couverts, des louches, des spatules.
Des œufs à repriser les chaussettes, comme celui de ma moman.des chapelets, des boutons, des dés à jouer, des pièces d'échec...