lutte biologique
Posté : 15 oct. 2016, 18:05
J'ai vu sur Arte l'excellent reportage de mardi dernier "Les nouveaux guerriers des champs" http://www.tv-replay.fr/redirection/11- ... 49505.html
Très intéressant et instructif. En voici un succinct résumé.
Il s'agit donc de lutte biologique contre les insectes ravageurs de cultures. Pour le moment 5% des terres cultivées de la planète en bénéficie. C'est peu. Mais ça avance.
Bien obligé, car les insectes deviennent extrêmement résistants aux produits chimiques. Et rien n'est définitivement acquis car ils résistent aussi aux moyens biologiques...
La lutte biologique - qui consiste à utiliser des ennemis naturels des ravageurs pour les combattre sur les cultures - ne date pas d'hier. En fait elle était assez avancée au début du 20è siècle. Mais en 1940, la lutte chimique a pris la place. Pourtant dans les années 60, les premières résistances des insectes aux produits chimiques sont apparues tandis que de nouveaux prédateurs se faisaient connaître à mesure qu'on défrichait de nouvelles terres pour la culture. Car on ne nait pas ravageur, on le devient. Où vont les insectes qui jusque là se contentaient des terrains laissés sauvages? ils vont sur les cultures qui les remplacent...
Ces deux facteurs ont ramené les chercheurs vers la lutte biologique.
A l'heure actuelle il existe environ 230 espèces auxiliaires.
Et trois formes principales de luttes: par acclimatation, par augmentation et par conservation.
Actuellement, une herbe fâcheuse, comme l'avoine douteuse, (ventenata) pratiquement disparue d'Europe, se répand comme un véritable fléau dans les prairies américaines, au grand dam des éleveurs car elle est toxique pour leurs bovins. Les chercheurs tentent de trouver sur les lieux d'origine de cette avoine les agents pathogènes du sol ou de l'air qui freinent sa croissance et la tiennent en laisse. Quand ils les auront trouvés, ils les répandront dans les prairies du nouveau monde; c'est un exemple de lutte par acclimatation.
Par ailleurs, dans les grandes cultures brésiliennes de canne à sucre, souvent attaquées par la chenille de la pyrale, on lâche des millions de petites guêpes minuscules qui pondent dans les chenilles. Cette abeille existe sur le territoire brésilien, on se contente d'augmenter sa population. Cette lutte par augmentation a d'ailleurs permis l'édification de laboratoires de cultures intensives comme celle de la minuscule guêpe auxiliaire. Les insectes ne sont pas les seuls vecteurs de la lutte bio. Les bio-pesticides peuvent être des virus qui transmettent des maladies ou bloquent les défenses immunitaires des ravageurs.
Mais comme déjà dit, les insectes, champions dans l'art de la survie, deviennent résistants aux nouveaux produits bio.
Par ailleurs, la lutte biologique n'est pas toujours un succès. On se souvient de l'exemple des coccinelles asiatiques qui se sont répandues partout et dévorent leur cousine européenne. Ces ratages déconsidèrent la lutte bio. Pour minimiser les risques, on utilise la quarantaine et la recherche se fait de plus en plus vigilante. C'est un travail de longue haleine. Mais 99% des usages biologiques se sont révélés inoffensifs du point de vue de la nature et efficace du point de vue agricole.
Cependant, tous les chercheurs en lutte biologique sont d'accord sur un point. La meilleure façon de lutter contre les ravageurs est d'éviter les grandes monocultures et de revenir à une agriculture à visage humain. En Inde, dans l'état du Telangana, le gouvernement soutient les agriculteurs qui renoncent aux pesticides pour la lutte biologique par conservation. Il s'agit d'intégrer les champs de cultures dans un agrosystème naturel comprenant diverses formes de végétations: prairies, bosquets, haies, etc. Dans cet environnement, les ravageurs et leurs ennemis naturels se côtoient et leur populations se tiennent mutuellement en équilibre. Les vers luisants contiennent la population des limaces et des escargots, les araignées carnivores se dressent devant les insectes herbivores, etc. C'est une forme d'agriculture diversifiée et durable vers laquelle il faut tendre de façon à ce que les produits chimiques ne sont utilisés qu'en tout dernier ressort.
Très intéressant et instructif. En voici un succinct résumé.
Il s'agit donc de lutte biologique contre les insectes ravageurs de cultures. Pour le moment 5% des terres cultivées de la planète en bénéficie. C'est peu. Mais ça avance.
Bien obligé, car les insectes deviennent extrêmement résistants aux produits chimiques. Et rien n'est définitivement acquis car ils résistent aussi aux moyens biologiques...
La lutte biologique - qui consiste à utiliser des ennemis naturels des ravageurs pour les combattre sur les cultures - ne date pas d'hier. En fait elle était assez avancée au début du 20è siècle. Mais en 1940, la lutte chimique a pris la place. Pourtant dans les années 60, les premières résistances des insectes aux produits chimiques sont apparues tandis que de nouveaux prédateurs se faisaient connaître à mesure qu'on défrichait de nouvelles terres pour la culture. Car on ne nait pas ravageur, on le devient. Où vont les insectes qui jusque là se contentaient des terrains laissés sauvages? ils vont sur les cultures qui les remplacent...
Ces deux facteurs ont ramené les chercheurs vers la lutte biologique.
A l'heure actuelle il existe environ 230 espèces auxiliaires.
Et trois formes principales de luttes: par acclimatation, par augmentation et par conservation.
Actuellement, une herbe fâcheuse, comme l'avoine douteuse, (ventenata) pratiquement disparue d'Europe, se répand comme un véritable fléau dans les prairies américaines, au grand dam des éleveurs car elle est toxique pour leurs bovins. Les chercheurs tentent de trouver sur les lieux d'origine de cette avoine les agents pathogènes du sol ou de l'air qui freinent sa croissance et la tiennent en laisse. Quand ils les auront trouvés, ils les répandront dans les prairies du nouveau monde; c'est un exemple de lutte par acclimatation.
Par ailleurs, dans les grandes cultures brésiliennes de canne à sucre, souvent attaquées par la chenille de la pyrale, on lâche des millions de petites guêpes minuscules qui pondent dans les chenilles. Cette abeille existe sur le territoire brésilien, on se contente d'augmenter sa population. Cette lutte par augmentation a d'ailleurs permis l'édification de laboratoires de cultures intensives comme celle de la minuscule guêpe auxiliaire. Les insectes ne sont pas les seuls vecteurs de la lutte bio. Les bio-pesticides peuvent être des virus qui transmettent des maladies ou bloquent les défenses immunitaires des ravageurs.
Mais comme déjà dit, les insectes, champions dans l'art de la survie, deviennent résistants aux nouveaux produits bio.
Par ailleurs, la lutte biologique n'est pas toujours un succès. On se souvient de l'exemple des coccinelles asiatiques qui se sont répandues partout et dévorent leur cousine européenne. Ces ratages déconsidèrent la lutte bio. Pour minimiser les risques, on utilise la quarantaine et la recherche se fait de plus en plus vigilante. C'est un travail de longue haleine. Mais 99% des usages biologiques se sont révélés inoffensifs du point de vue de la nature et efficace du point de vue agricole.
Cependant, tous les chercheurs en lutte biologique sont d'accord sur un point. La meilleure façon de lutter contre les ravageurs est d'éviter les grandes monocultures et de revenir à une agriculture à visage humain. En Inde, dans l'état du Telangana, le gouvernement soutient les agriculteurs qui renoncent aux pesticides pour la lutte biologique par conservation. Il s'agit d'intégrer les champs de cultures dans un agrosystème naturel comprenant diverses formes de végétations: prairies, bosquets, haies, etc. Dans cet environnement, les ravageurs et leurs ennemis naturels se côtoient et leur populations se tiennent mutuellement en équilibre. Les vers luisants contiennent la population des limaces et des escargots, les araignées carnivores se dressent devant les insectes herbivores, etc. C'est une forme d'agriculture diversifiée et durable vers laquelle il faut tendre de façon à ce que les produits chimiques ne sont utilisés qu'en tout dernier ressort.