U comme Uber

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Claude
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U comme Uber

Message par Claude » 12 juil. 2022, 12:07

Pas le temps d'ajouter une mise en forme visuelle plus lisible
après mon copier coller d’un article d?enquête duvMonde …
Je ferai plus tard.
Attention, cet article n?est pas le seul !

;)

Uber Files » : révélations sur le deal secret entre Uber et Emmanuel Macron à Bercy

Par Damien Leloup

Publié le 10 juillet 2022 à 18h02, mis à jour hier à 12h04
Temps de Lecture 11 min.
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ENQUÊTE

Des documents internes à l’entreprise, analysés par « Le Monde », montrent comment, entre 2014 et 2016, le ministre de l’économie a œuvré en coulisse pour la société de VTC, qui tentait d’imposer une dérégulation du marché et affrontait l’hostilité du gouvernement.
Premier octobre 2014. Depuis minuit, la toute nouvelle loi Thévenoud est entrée en vigueur : elle encadre beaucoup plus sévèrement les conditions pour devenir chauffeur Uber, trois ans après l’arrivée de l’entreprise américaine en France, et interdit de facto UberPop, le service qui a provoqué un gigantesque mouvement de colère des taxis dans l’Hexagone en permettant à tout un chacun de devenir chauffeur occasionnel. Mais à 8 h 30, ce matin-là, c’est un véhicule Uber un peu particulier qui se gare devant le 145 de la rue de Bercy – l’entrée du ministère de l’économie par laquelle passent les invités d’Emmanuel Macron, nommé un mois plus tôt à ce poste.

« Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout » Message du lobbyiste d’Uber Mark MacGann à ses collègues
A l’intérieur du van Mercedes Viano se trouvent quatre figures d’Uber : Pierre-Dimitri Gore-Coty, le directeur Europe de l’Ouest, aujourd’hui chargé d’Uber Eats ; Mark MacGann, le lobbyiste en chef pour la zone Europe, Afrique, Moyen-Orient ; David Plouffe, l’ancien conseiller de Barack Obama, fraîchement nommé vice-président d’Uber ; et le fondateur et PDG de l’entreprise en personne, Travis Kalanick. Une heure plus tard, l’équipe de lobbying de choc ressort abasourdie du bureau d’Emmanuel Macron. « En un mot : spectaculaire. Du jamais-vu, écrit Mark MacGann dans un bref compte rendu envoyé dans la foulée à ses collègues. Beaucoup de boulot à venir, mais on va bientôt danser ;) » « Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout », écrira-t-il également.

Cette rencontre restée confidentielle ne figurait pas à l’agenda d’Emmanuel Macron. Le Monde et ses partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) sont aujourd’hui en mesure d’en révéler l’existence grâce à l’analyse d’une vaste quantité de documents internes d’Uber, transmis au quotidien britannique The Guardian. Ces « Uber Files », des dizaines de milliers d’e-mails, de présentations, de tableurs et de documents PDF, écrits entre 2013 et 2017, jettent un éclairage particulièrement cru sur ces années folles, émaillées de violences durant les manifestations de taxis, pendant lesquelles l’entreprise américaine a usé de toutes les recettes du lobbying pour tenter d’obtenir une dérégulation du marché en France.


« Uber Files », une enquête internationale
« Uber Files » est une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian, et transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et à 42 médias partenaires, dont Le Monde.
Courriels, présentations, comptes rendus de réunion… Ces 124 000 documents, datés de 2013 à 2017, offrent une plongée rare dans les arcanes d’une start-up qui cherchait alors à s’implanter dans les métropoles du monde entier malgré un contexte réglementaire défavorable. Ils détaillent la manière dont Uber a utilisé, en France comme ailleurs, toutes les ficelles du lobbying pour tenter de faire évoluer la loi à son avantage.
Les « Uber Files » révèlent aussi comment le groupe californien, déterminé à s’imposer par le fait accompli et, au besoin, en opérant dans l’illégalité, a mis en œuvre des pratiques jouant volontairement avec les limites de la loi, ou pouvant s’apparenter à de l’obstruction judiciaire face aux enquêtes dont il faisait l’objet.
Retrouvez tous nos articles de l’enquête « Uber Files »
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Surtout, ces documents montrent à quel point Uber a trouvé une oreille attentive chez Emmanuel Macron, qui scellera quelques mois plus tard un « deal » secret avec l’entreprise californienne pour « faire en sorte que la France travaille pour Uber afin qu’Uber puisse travailler en et pour la France ».

Gouvernement court-circuité

Les dirigeants d’Uber sont d’autant plus ravis de l’accueil extrêmement cordial du ministre de l’économie que le reste du gouvernement leur est très hostile. Le président François Hollande a bien rencontré très discrètement Travis Kalanick en février 2014, mais personne au sein de l’exécutif ne semble prêt à défendre Uber. Arnaud Montebourg, le prédécesseur d’Emmanuel Macron à Bercy, accusait directement Uber de « détruire des entreprises » ; au ministère de l’intérieur, Bernard Cazeneuve – qui a la tutelle des taxis – ne cache pas son hostilité au service, qui opère en marge de la loi et est visé par au moins quatre enquêtes différentes. Manuel Valls, premier ministre, n’a guère plus de sympathie pour Uber, et Alain Vidalies, aux transports, se méfie de ce service qui n’offre aucune sécurité de l’emploi. Lorsqu’il reçoit M. Kalanick, M. Macron ne peut ignorer qu’il court-circuite ainsi les décisions de ses collègues du gouvernement et des députés socialistes.

Travis Kalanick, l’un des fondateurs PDG de la start-up américaine jusqu’en 2017, ici à San Francisco (Californie), en février 2018.
Travis Kalanick, l’un des fondateurs PDG de la start-up américaine jusqu’en 2017, ici à San Francisco (Californie), en février 2018. JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES VIA AFP
L’actuel président de la République n’a jamais caché sa sympathie pour Uber et son modèle, à même, selon lui, de créer énormément d’emplois, notamment pour les personnes peu qualifiées. « Je ne vais pas interdire Uber, ce serait renvoyer [les jeunes de banlieue sans qualifications] vendre de la drogue à Stains [Seine-Saint-Denis] », avait-il déclaré à Mediapart en novembre 2016. Fin 2014, Emmanuel Macron défend très publiquement le modèle d’Uber lors de la conférence Le Web, durant laquelle il se prononce contre l’interdiction d’Uber à Paris et explique que « [son] job n’est pas d’aider les entreprises établies mais de travailler pour les outsiders, les innovateurs ».

Emmanuel Macron a été, à Bercy, plus qu’un soutien, quasiment un partenaire
Mais les « Uber Files » montrent à quel point Emmanuel Macron a été, à Bercy, plus qu’un soutien, quasiment un partenaire. Un ministre qui suggère à Uber de transmettre des amendements « clés en main » à des députés amis ; un ministre qu’Uber France n’hésite pas à solliciter en cas de perquisition dans ses locaux ; un ministre qui, ce 1er octobre 2014, « s’excuse presque » de l’entrée en vigueur de la loi Thévenoud, d’après un compte rendu du rendez-vous écrit par le lobbyiste Mark MacGann pour ses collègues anglophones. D’après ce message, M. Macron aurait affirmé vouloir aider Uber à « travailler autour » de cette loi.

La rencontre d’octobre 2014 à Bercy avec Travis Kalanick est la première d’une longue série d’échanges avec le très controversé fondateur et PDG d’Uber, qui a quitté le conseil d’administration de l’entreprise en 2017 après une série de scandales de harcèlement et de conflits avec ses actionnaires. Au moins dix-sept échanges significatifs (rendez-vous, appels, SMS) ont eu lieu entre Emmanuel Macron ou ses proches conseillers et les équipes d’Uber France dans les dix-huit mois qui ont suivi son arrivée au ministère, dont au moins quatre rencontres entre le ministre et Travis Kalanick. Soit un échange par mois en moyenne.

UBER FILES - Le lexique
Greyball

Kill Switch


Lobbying

Loi Grandguillaume

Loi Thévenoud

LOTI

Pantouflage



Uber


UberPop


VTC

Relation « gagnant-gagnant »

Les cadres d’Uber France entrevoient rapidement comment ils peuvent, dans une forme de symbiose, établir une relation « gagnant-gagnant » avec Emmanuel Macron, en fournissant au ministre des occasions de se présenter comme le champion de l’innovation, tout en assurant à l’entreprise des retombées médiatiques et politiques positives. Fin 2014, l’actualité offre un moment idéal : le géant du transport Mory Ducros, en grave difficulté financière depuis plusieurs années, s’apprête à déposer le bilan. Le dossier intéresse beaucoup Uber, et Travis Kalanick l’évoque avec Emmanuel Macron. Plutôt que de laisser les 2 200 salariés que compte encore l’entreprise perdre leur travail, pourquoi ne pas leur proposer de devenir chauffeurs Uber ? L’entreprise fait face à une pénurie de « supply » – « ravitaillement », le mot utilisé en interne pour désigner les chauffeurs.

En février 2015, quand Mory Ducros dépose finalement le bilan, les principaux cadres d’Uber France voient une occasion parfaite pour « pousser » leur proposition de simplifier les conditions d’accès à la licence de VTC (véhicule de transport avec chauffeur). « Cela pourrait être une sortie de crise pour le ministre [Emmanuel Macron], avec des milliers de chauffeurs de poids lourds qui deviendraient chauffeurs Uber », écrit Alexandre Molla, responsable du développement d’Uber en France. « On devrait en parler aussi vite que possible au cabinet de Macron (…) pour voir si ça l’intéresserait d’explorer cette idée avec Travis Kalanick », répond Maxime Drouineau, de l’équipe affaires publiques d’Uber.

Le projet n’aboutira jamais. Pas plus que celui, pourtant très avancé, d’organiser une visite des locaux d’Uber France et une rencontre avec des chauffeurs. Emmanuel Macron avait également donné son accord pour un détour par le siège californien d’Uber à San Francisco, en marge de son déplacement au Consumer Electronics Show, le salon des technologies de Las Vegas, visite qui n’aura jamais lieu. Fin 2015, un porte-parole d’Uber France s’agacera d’ailleurs publiquement que les rencontres avec son PDG ne soient « jamais inscrites à l’agenda » de ses interlocuteurs politiques.

Le président de la République François Hollande avec Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, sur le perron de l’Elysée, le 20 novembre 2014.
Le président de la République François Hollande avec Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, sur le perron de l’Elysée, le 20 novembre 2014. BERTRAND GUAY / AFP
Dès sa première rencontre avec Travis Kalanick, le ministre s’engage à aider Uber qui est dans le viseur des services de la répression des fraudes
En coulisse, en tout cas, Emmanuel Macron et son cabinet se démènent pour aider l’entreprise américaine. Dès sa première rencontre avec Travis Kalanick, le ministre de l’économie s’est engagé à donner un coup de pouce à Uber sur un dossier bien précis : la DGCCRF. A l’époque, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, sous la tutelle de Bercy, enquête sur Uber et son modèle, considérant qu’UberPop se présente de manière mensongère comme un service de covoiturage. Les contrôles de chauffeurs se multiplient et, à Paris, les cadres de l’entreprise se doutent qu’une perquisition est imminente. Ce 1er octobre 2014, Emmanuel Macron les rassure : opposé à ce que les agents de la DGCCRF soient « trop conservateurs » dans leur interprétation des textes, il demande à son cabinet d’avoir « une discussion technique » avec eux, selon un compte rendu de la réunion écrit par Uber.

Mais six semaines après cette rencontre, et d’autres échanges plus informels, deux agents de la DGCCRF se présentent dans les locaux d’Uber France à Lyon. Trois jours plus tard, c’est le siège à Paris qui est visé par une perquisition. Depuis les Etats-Unis, David Plouffe, vice-président d’Uber, fulmine : « [Ces agents] dépendent de Macron, n’est-ce pas ? » Trois jours plus tard, le sujet est évoqué dans une nouvelle réunion entre Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France, et Emmanuel Lacresse, le directeur de cabinet adjoint d’Emmanuel Macron, aujourd’hui député (Renaissance) de Meurthe-et-Moselle. « Lacresse a précisé que les grandes administrations comme la DGCCRF (…) fonctionnent principalement en autonomie, relate un compte rendu. Mais il a reconnu qu’il était important qu’ils agissent en cohérence, et donc il a dit qu’il leur parlerait. »

La DGCCRF a-t-elle subi des pressions ? Non, assure-t-elle aujourd’hui. Sollicités, plusieurs de ses hauts responsables de l’époque, dont la directrice Nathalie Homobono, n’ont pas souhaité répondre aux questions du Monde. Quant à Emmanuel Lacresse, il affirme de son côté qu’à aucun moment « des consignes n’ont été données à la DGCCRF ».

Un décret sur mesure

Une situation similaire se produit en octobre 2015 : le préfet de police de Marseille, Laurent Nuñez, prend un arrêté interdisant de facto Uber dans une large partie des Bouches-du-Rhône. « Monsieur le Ministre, nous sommes consternés par l’arrêté préfectoral à Marseille », écrit aussitôt Mark MacGann, le lobbyiste en chef d’Uber, à Emmanuel Macron. « Pourriez-vous demander à votre cabinet de nous aider à comprendre ce qui se passe ? » Emmanuel Macron répond par SMS qu’il va « regarder cela personnellement ». Trois jours plus tard, la préfecture de police « précise » les contours de son arrêté : l’interdiction disparaît au profit d’une menace de contrôles accrus pour les chauffeurs qui ne seraient pas en règle.

Laurent Nuñez, aujourd’hui coordonnateur national du renseignement à l’Elysée et proche conseiller d’Emmanuel Macron, assure n’avoir reçu aucune pression ni avoir eu aucun échange avec Bercy sur ce sujet ; d’anciens cadres d’Uber estiment que la préfecture se serait simplement rendu compte que son arrêté initial était illégal. M. Lacresse affirme de son côté que « le ministre n’est jamais intervenu auprès de la préfecture des Bouches-du-Rhône concernant la suspension du service UberX à Marseille, ni sur des procédures judiciaires quelles qu’elles soient concernant l’entreprise Uber ».

La réaction agacée d’Uber face à l’arrêté marseillais est d’autant plus vive qu’à ce moment-là, l’entreprise est précisément en train de valider les contours précis d’un accord confidentiel avec Emmanuel Macron, proposé par le ministre. Le « deal », comme l’appellent les cadres d’Uber France, repose sur un échange simple : en contrepartie de la suspension d’UberPop, Emmanuel Macron leur fait miroiter une simplification drastique des conditions nécessaires pour obtenir une licence de VTC. Un accord « gagnant-gagnant » pour Uber, dont le service UberPop a déjà été jugé illégal à plusieurs reprises, et que l’entreprise réfléchit déjà à arrêter.

Pour y parvenir, Emmanuel Macron et Uber s’accordent sur une stratégie commune. « Il veut que nous l’aidions en communiquant clairement et de manière agressive », écrit Thibaud Simphal, dans un compte rendu de réunion en janvier 2015. Première étape : Uber rédige directement des amendements parlementaires simplifiant les conditions d’accès à la licence de VTC, pour qu’ils soient proposés par des députés et discutés au cours de l’examen du projet de loi dite « Macron 1 » ; si leur adoption est peu probable à l’Assemblée, ils donneront plus de poids au ministre pour signer un décret qui n’aura pas besoin de passer par l’Assemblée.

En janvier 2015, Uber France transmet donc des amendements « clés en main » au député socialiste Luc Belot, opposé à UberPop mais très favorable à Uber, avec qui ils sont déjà en contact. « Bon appel avec Luc Belot, député socialiste, soutien-clé des VTC et d’Uber, se félicite Thibaud Simphal, le 21 janvier. Il a fait allusion à Macron à plusieurs reprises, et aussi, de manière détournée, à notre rencontre [avec Macron] d’hier soir. Il veut que le dossier VTC avance. » M. Simphal retire de cet échange « l’impression » que le député « avait reçu un coup de fil de Julie Bonamy », la rapporteuse de la mission de Thomas Thévenoud sur les taxis et les VTC en 2014, voire « de Macron lui-même, étant donné le niveau de détail qu’il avait ». Sollicité par Le Monde, M. Belot reconnaît avoir déposé des amendements tels que rédigés par Uber ou légèrement modifiés, et explique avoir été en plein accord avec leur contenu, étant convaincu qu’Uber apportait des améliorations aux services de transport.

Thibaud Simphal, alors directeur général d’Uber France, au siège parisien de l’entreprise, en mai 2015.
Thibaud Simphal, alors directeur général d’Uber France, au siège parisien de l’entreprise, en mai 2015. MIGUEL MEDINA / AFP
Le plan se déroule sans accroc : les amendements présentés par Luc Belot sont rejetés ou retirés, mais Emmanuel Macron saisit l’occasion, à l’Assemblée, pour annoncer qu’un décret en reprendra les grandes lignes. Début 2016, le gouvernement réduit la durée de la formation nécessaire pour l’obtention d’une licence de VTC de deux cent cinquante à sept heures. Uber France conteste avoir obtenu une législation plus favorable à la suite de l’arrêt de Pop, et explique avoir stoppé ce service en raison du « niveau des violences visant nos utilisateurs, chauffeurs comme passagers, qui ne nous permettaient plus d’assurer leur sécurité », ainsi que par le placement en garde à vue de deux de ses cadres.

Une forme de fascination

Six mois plus tôt, le « deal » avait pourtant été entériné directement au plus haut niveau. Le 3 juillet 2015, Travis Kalanick envoie un SMS à Emmanuel Macron. Dans les jours précédents, le ministre de l’économie a discuté avec Bernard Cazeneuve et Manuel Valls pour leur présenter son « deal », et Uber a annoncé le matin même la suspension d’UberPop en France, mais Travis Kalanick, échaudé, se demande si l’intérieur est vraiment d’accord. « Pouvons-nous faire confiance à caz [Cazeneuve] ? », écrit M. Kalanick. « Nous avons eu une réunion hier avec le premier ministre, répond Emmanuel Macron. [Bernard] Cazeneuve s’assurera que les taxis restent calmes et je réunirai tout le monde la semaine prochaine pour préparer la réforme et corriger la loi. Caz a accepté le deal. Quand êtes-vous à Paris ? » A 20 heures, UberPop est définitivement mis hors ligne en France. M. Cazeneuve assure au Monde ne jamais avoir été consulté ou tenu au courant d’un accord de ce type.

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Conclu, le « deal » est rapidement mis à rude épreuve. Trois jours après cet échange, juste avant 8 heures, une vingtaine d’agents débarquent au siège d’Uber à Paris pour une perquisition. Très agacé par ce qu’il perçoit comme une trahison, Mark MacGann demande en parallèle à ses collègues de lui passer les enquêteurs au téléphone pour « brandir Macron, Caze, etc. », dans l’idée de se prévaloir de leur soutien.

L’enquête, portant sur des soupçons d’évasion fiscale, est du ressort des services du ministère du budget, et non de ceux d’Emmanuel Macron. Mais cela n’empêche pas Mark MacGann d’envoyer immédiatement un SMS au ministre de l’économie, resté sans réponse : « Désolé de vous embêter, mais descente en ce moment d’une vingtaine de fonctionnaires de la direction des finances publiques. Ils disent qu’ils vont mettre [nos] dirigeants en garde à vue. (…) Nous avions l’espoir de pouvoir atteindre le fameux climat d’apaisement dès ce week-end. Pouvez-vous demander à vos services de nous conseiller ? »

Quelle était la motivation d’Emmanuel Macron pour s’impliquer, avec tant d’énergie, aux côtés d’une multinationale américaine à la réputation sulfureuse ? Une convergence de vues politique, d’abord, en faveur d’une dérégulation rapide. Mais aussi une certaine fascination pour Travis Kalanick. Dans le très controversé fondateur d’une des entreprises les plus « disruptives » de la dernière décennie, le futur président voyait, semble-t-il, une sorte de double. A la veille de leur première rencontre, une collaboratrice d’Uber relatait ainsi une discussion avec son cabinet : « Emmanuel Macron est très intéressé par l’histoire de Travis, miroir de la sienne – moins de 40 ans et réussite impressionnante. »

Le président de la République Emmanuel Macron rencontre l’actuel PDG d’Uber, Dara Khosrowshahi, au palais de l’Elysée, le 23 mai 2018.
Le président de la République Emmanuel Macron rencontre l’actuel PDG d’Uber, Dara Khosrowshahi, au palais de l’Elysée, le 23 mai 2018. CHRISTOPHE PETIT-TESSON/AFP
Sollicité, l’Elysée affirme que l’action de l’ancien ministre de l’économie rentrait dans le cadre classique des fonctions d’un ministre qui était « naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires ».

Ces bonnes relations se sont-elles poursuivies après le départ d’Emmanuel Macron de Bercy, et son arrivée à l’Elysée ? D’après le registre de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, des représentants d’Uber ont rencontré des collaborateurs du président Macron à huit reprises entre 2017 et 2022. En 2018, Dara Khosrowshahi, le bien plus fréquentable remplaçant de Travis Kalanick, faisait partie des invités de marque du sommet Tech for Good, voulu et organisé par le président de la République. Une rencontre publique, et en grande pompe, cette fois

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 12 juil. 2022, 14:05

En plus lisible …


Attention, cet article n’est pas le seul !


;)

Uber Files » : révélations sur le deal secret entre Uber et Emmanuel Macron à Bercy

Par Damien Leloup

Publié le 10 juillet 2022 à 18h02, mis à jour hier à 12h04 • Temps de Lecture 11 min.



ENQUÊTE

Des documents internes à l’entreprise, analysés par « Le Monde », montrent comment, entre 2014 et 2016, le ministre de l’économie a œuvré en coulisse pour la société de VTC, qui tentait d’imposer une dérégulation du marché et affrontait l’hostilité du gouvernement.

Premier octobre 2014. Depuis minuit, la toute nouvelle loi Thévenoud est entrée en vigueur : elle encadre beaucoup plus sévèrement les conditions pour devenir chauffeur Uber, trois ans après l’arrivée de l’entreprise américaine en France, et interdit de facto UberPop, le service qui a provoqué un gigantesque mouvement de colère des taxis dans l’Hexagone en permettant à tout un chacun de devenir chauffeur occasionnel. Mais à 8 h 30, ce matin-là, c’est un véhicule Uber un peu particulier qui se gare devant le 145 de la rue de Bercy – l’entrée du ministère de l’économie par laquelle passent les invités d’Emmanuel Macron, nommé un mois plus tôt à ce poste.

« Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout » Message du lobbyiste d’Uber Mark MacGann à ses collègues


À l’intérieur du van Mercedes Viano se trouvent quatre figures d’Uber :
Pierre-Dimitri Gore-Coty, le directeur Europe de l’Ouest, aujourd’hui chargé d’Uber Eats ;
Mark MacGann, le lobbyiste en chef pour la zone Europe, Afrique, Moyen-Orient ;
David Plouffe, l’ancien conseiller de Barack Obama, fraîchement nommé vice-président d’Uber ;
et le fondateur et PDG de l’entreprise en personne, Travis Kalanick.

Une heure plus tard, l’équipe de lobbying de choc ressort abasourdie du bureau d’Emmanuel Macron. « En un mot : spectaculaire. Du jamais-vu, écrit Mark MacGann dans un bref compte rendu envoyé dans la foulée à ses collègues. Beaucoup de boulot à venir, mais on va bientôt danser ;) » « Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout », écrira-t-il également.

Cette rencontre restée confidentielle ne figurait pas à l’agenda d’Emmanuel Macron. Le Monde et ses partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) sont aujourd’hui en mesure d’en révéler l’existence grâce à l’analyse d’une vaste quantité de documents internes d’Uber, transmis au quotidien britannique The Guardian. Ces « Uber Files », des dizaines de milliers d’e-mails, de présentations, de tableurs et de documents PDF, écrits entre 2013 et 2017, jettent un éclairage particulièrement cru sur ces années folles, émaillées de violences durant les manifestations de taxis, pendant lesquelles l’entreprise américaine a usé de toutes les recettes du lobbying pour tenter d’obtenir une dérégulation du marché en France.


« Uber Files », une enquête internationale

« Uber Files » est une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian, et transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et à 42 médias partenaires, dont Le Monde.

Courriels, présentations, comptes rendus de réunion… Ces 124 000 documents, datés de 2013 à 2017, offrent une plongée rare dans les arcanes d’une start-up qui cherchait alors à s’implanter dans les métropoles du monde entier malgré un contexte réglementaire défavorable. Ils détaillent la manière dont Uber a utilisé, en France comme ailleurs, toutes les ficelles du lobbying pour tenter de faire évoluer la loi à son avantage.

Les « Uber Files » révèlent aussi comment le groupe californien, déterminé à s’imposer par le fait accompli et, au besoin, en opérant dans l’illégalité, a mis en œuvre des pratiques jouant volontairement avec les limites de la loi, ou pouvant s’apparenter à de l’obstruction judiciaire face aux enquêtes dont il faisait l’objet.

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Surtout, ces documents montrent à quel point Uber a trouvé une oreille attentive chez Emmanuel Macron, qui scellera quelques mois plus tard un « deal » secret avec l’entreprise californienne pour « faire en sorte que la France travaille pour Uber afin qu’Uber puisse travailler en et pour la France ».

Gouvernement court-circuité

Les dirigeants d’Uber sont d’autant plus ravis de l’accueil extrêmement cordial du ministre de l’économie que le reste du gouvernement leur est très hostile. Le président François Hollande a bien rencontré très discrètement Travis Kalanick en février 2014, mais personne au sein de l’exécutif ne semble prêt à défendre Uber. Arnaud Montebourg, le prédécesseur d’Emmanuel Macron à Bercy, accusait directement Uber de « détruire des entreprises » ; au ministère de l’intérieur, Bernard Cazeneuve – qui a la tutelle des taxis – ne cache pas son hostilité au service, qui opère en marge de la loi et est visé par au moins quatre enquêtes différentes. Manuel Valls, premier ministre, n’a guère plus de sympathie pour Uber, et Alain Vidalies, aux transports, se méfie de ce service qui n’offre aucune sécurité de l’emploi. Lorsqu’il reçoit M. Kalanick, M. Macron ne peut ignorer qu’il court-circuite ainsi les décisions de ses collègues du gouvernement et des députés socialistes.



L’actuel président de la République n’a jamais caché sa sympathie pour Uber et son modèle, à même, selon lui, de créer énormément d’emplois, notamment pour les personnes peu qualifiées. « Je ne vais pas interdire Uber, ce serait renvoyer [les jeunes de banlieue sans qualifications] vendre de la drogue à Stains [Seine-Saint-Denis] », avait-il déclaré à Mediapart en novembre 2016. Fin 2014, Emmanuel Macron défend très publiquement le modèle d’Uber lors de la conférence Le Web, durant laquelle il se prononce contre l’interdiction d’Uber à Paris et explique que « [son] job n’est pas d’aider les entreprises établies mais de travailler pour les outsiders, les innovateurs ».

Emmanuel Macron a été, à Bercy, plus qu’un soutien, quasiment un partenaire

Mais les « Uber Files » montrent à quel point Emmanuel Macron a été, à Bercy, plus qu’un soutien, quasiment un partenaire. Un ministre qui suggère à Uber de transmettre des amendements « clés en main » à des députés amis ; un ministre qu’Uber France n’hésite pas à solliciter en cas de perquisition dans ses locaux ; un ministre qui, ce 1er octobre 2014, « s’excuse presque » de l’entrée en vigueur de la loi Thévenoud, d’après un compte rendu du rendez-vous écrit par le lobbyiste Mark MacGann pour ses collègues anglophones. D’après ce message, M. Macron aurait affirmé vouloir aider Uber à « travailler autour » de cette loi.

La rencontre d’octobre 2014 à Bercy avec Travis Kalanick est la première d’une longue série d’échanges avec le très controversé fondateur et PDG d’Uber, qui a quitté le conseil d’administration de l’entreprise en 2017 après une série de scandales de harcèlement et de conflits avec ses actionnaires. Au moins dix-sept échanges significatifs (rendez-vous, appels, SMS) ont eu lieu entre Emmanuel Macron ou ses proches conseillers et les équipes d’Uber France dans les dix-huit mois qui ont suivi son arrivée au ministère, dont au moins quatre rencontres entre le ministre et Travis Kalanick. Soit un échange par mois en moyenne.

UBER FILES - Le lexique
Greyball
Kill Switch
Lobbying
Loi Grandguillaume
Loi Thévenoud
LOTI
Pantouflage
Uber
Uberpop
VTC


Relation « gagnant-gagnant »

Les cadres d’Uber France entrevoient rapidement comment ils peuvent, dans une forme de symbiose, établir une relation « gagnant-gagnant » avec Emmanuel Macron, en fournissant au ministre des occasions de se présenter comme le champion de l’innovation, tout en assurant à l’entreprise des retombées médiatiques et politiques positives. Fin 2014, l’actualité offre un moment idéal : le géant du transport Mory Ducros, en grave difficulté financière depuis plusieurs années, s’apprête à déposer le bilan. Le dossier intéresse beaucoup Uber, et Travis Kalanick l’évoque avec Emmanuel Macron. Plutôt que de laisser les 2 200 salariés que compte encore l’entreprise perdre leur travail, pourquoi ne pas leur proposer de devenir chauffeurs Uber ? L’entreprise fait face à une pénurie de « supply » – « ravitaillement », le mot utilisé en interne pour désigner les chauffeurs.

En février 2015, quand Mory Ducros dépose finalement le bilan, les principaux cadres d’Uber France voient une occasion parfaite pour « pousser » leur proposition de simplifier les conditions d’accès à la licence de VTC (véhicule de transport avec chauffeur). « Cela pourrait être une sortie de crise pour le ministre [Emmanuel Macron], avec des milliers de chauffeurs de poids lourds qui deviendraient chauffeurs Uber », écrit Alexandre Molla, responsable du développement d’Uber en France. « On devrait en parler aussi vite que possible au cabinet de Macron (…) pour voir si ça l’intéresserait d’explorer cette idée avec Travis Kalanick », répond Maxime Drouineau, de l’équipe affaires publiques d’Uber.

Le projet n’aboutira jamais. Pas plus que celui, pourtant très avancé, d’organiser une visite des locaux d’Uber France et une rencontre avec des chauffeurs. Emmanuel Macron avait également donné son accord pour un détour par le siège californien d’Uber à San Francisco, en marge de son déplacement au Consumer Electronics Show, le salon des technologies de Las Vegas, visite qui n’aura jamais lieu. Fin 2015, un porte-parole d’Uber France s’agacera d’ailleurs publiquement que les rencontres avec son PDG ne soient « jamais inscrites à l’agenda » de ses interlocuteurs politiques.

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Dès sa première rencontre avec Travis Kalanick, le ministre s’engage à aider Uber qui est dans le viseur des services de la répression des fraudes

En coulisse, en tout cas, Emmanuel Macron et son cabinet se démènent pour aider l’entreprise américaine. Dès sa première rencontre avec Travis Kalanick, le ministre de l’économie s’est engagé à donner un coup de pouce à Uber sur un dossier bien précis : la DGCCRF. A l’époque, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, sous la tutelle de Bercy, enquête sur Uber et son modèle, considérant qu’UberPop se présente de manière mensongère comme un service de covoiturage. Les contrôles de chauffeurs se multiplient et, à Paris, les cadres de l’entreprise se doutent qu’une perquisition est imminente. Ce 1er octobre 2014, Emmanuel Macron les rassure : opposé à ce que les agents de la DGCCRF soient « trop conservateurs » dans leur interprétation des textes, il demande à son cabinet d’avoir « une discussion technique » avec eux, selon un compte rendu de la réunion écrit par Uber.

Mais six semaines après cette rencontre, et d’autres échanges plus informels, deux agents de la DGCCRF se présentent dans les locaux d’Uber France à Lyon. Trois jours plus tard, c’est le siège à Paris qui est visé par une perquisition. Depuis les Etats-Unis, David Plouffe, vice-président d’Uber, fulmine : « [Ces agents] dépendent de Macron, n’est-ce pas ? » Trois jours plus tard, le sujet est évoqué dans une nouvelle réunion entre Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France, et Emmanuel Lacresse, le directeur de cabinet adjoint d’Emmanuel Macron, aujourd’hui député (Renaissance) de Meurthe-et-Moselle. « Lacresse a précisé que les grandes administrations comme la DGCCRF (…) fonctionnent principalement en autonomie, relate un compte rendu. Mais il a reconnu qu’il était important qu’ils agissent en cohérence, et donc il a dit qu’il leur parlerait. »

La DGCCRF a-t-elle subi des pressions ? Non, assure-t-elle aujourd’hui. Sollicités, plusieurs de ses hauts responsables de l’époque, dont la directrice Nathalie Homobono, n’ont pas souhaité répondre aux questions du Monde. Quant à Emmanuel Lacresse, il affirme de son côté qu’à aucun moment « des consignes n’ont été données à la DGCCRF ».

Un décret sur mesure

Une situation similaire se produit en octobre 2015 : le préfet de police de Marseille, Laurent Nuñez, prend un arrêté interdisant de facto Uber dans une large partie des Bouches-du-Rhône. « Monsieur le Ministre, nous sommes consternés par l’arrêté préfectoral à Marseille », écrit aussitôt Mark MacGann, le lobbyiste en chef d’Uber, à Emmanuel Macron. « Pourriez-vous demander à votre cabinet de nous aider à comprendre ce qui se passe ? » Emmanuel Macron répond par SMS qu’il va « regarder cela personnellement ». Trois jours plus tard, la préfecture de police « précise » les contours de son arrêté : l’interdiction disparaît au profit d’une menace de contrôles accrus pour les chauffeurs qui ne seraient pas en règle.

Laurent Nuñez, aujourd’hui coordonnateur national du renseignement à l’Elysée et proche conseiller d’Emmanuel Macron, assure n’avoir reçu aucune pression ni avoir eu aucun échange avec Bercy sur ce sujet ; d’anciens cadres d’Uber estiment que la préfecture se serait simplement rendu compte que son arrêté initial était illégal. M. Lacresse affirme de son côté que « le ministre n’est jamais intervenu auprès de la préfecture des Bouches-du-Rhône concernant la suspension du service UberX à Marseille, ni sur des procédures judiciaires quelles qu’elles soient concernant l’entreprise Uber ».

La réaction agacée d’Uber face à l’arrêté marseillais est d’autant plus vive qu’à ce moment-là, l’entreprise est précisément en train de valider les contours précis d’un accord confidentiel avec Emmanuel Macron, proposé par le ministre. Le « deal », comme l’appellent les cadres d’Uber France, repose sur un échange simple : en contrepartie de la suspension d’UberPop, Emmanuel Macron leur fait miroiter une simplification drastique des conditions nécessaires pour obtenir une licence de VTC. Un accord « gagnant-gagnant » pour Uber, dont le service UberPop a déjà été jugé illégal à plusieurs reprises, et que l’entreprise réfléchit déjà à arrêter.

Pour y parvenir, Emmanuel Macron et Uber s’accordent sur une stratégie commune. « Il veut que nous l’aidions en communiquant clairement et de manière agressive », écrit Thibaud Simphal, dans un compte rendu de réunion en janvier 2015. Première étape : Uber rédige directement des amendements parlementaires simplifiant les conditions d’accès à la licence de VTC, pour qu’ils soient proposés par des députés et discutés au cours de l’examen du projet de loi dite « Macron 1 » ; si leur adoption est peu probable à l’Assemblée, ils donneront plus de poids au ministre pour signer un décret qui n’aura pas besoin de passer par l’Assemblée.

En janvier 2015, Uber France transmet donc des amendements « clés en main » au député socialiste Luc Belot, opposé à UberPop mais très favorable à Uber, avec qui ils sont déjà en contact. « Bon appel avec Luc Belot, député socialiste, soutien-clé des VTC et d’Uber, se félicite Thibaud Simphal, le 21 janvier. Il a fait allusion à Macron à plusieurs reprises, et aussi, de manière détournée, à notre rencontre [avec Macron] d’hier soir. Il veut que le dossier VTC avance. » M. Simphal retire de cet échange « l’impression » que le député « avait reçu un coup de fil de Julie Bonamy », la rapporteuse de la mission de Thomas Thévenoud sur les taxis et les VTC en 2014, voire « de Macron lui-même, étant donné le niveau de détail qu’il avait ». Sollicité par Le Monde, M. Belot reconnaît avoir déposé des amendements tels que rédigés par Uber ou légèrement modifiés, et explique avoir été en plein accord avec leur contenu, étant convaincu qu’Uber apportait des améliorations aux services de transport.

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Le plan se déroule sans accroc : les amendements présentés par Luc Belot sont rejetés ou retirés, mais Emmanuel Macron saisit l’occasion, à l’Assemblée, pour annoncer qu’un décret en reprendra les grandes lignes. Début 2016, le gouvernement réduit la durée de la formation nécessaire pour l’obtention d’une licence de VTC de deux cent cinquante à sept heures. Uber France conteste avoir obtenu une législation plus favorable à la suite de l’arrêt de Pop, et explique avoir stoppé ce service en raison du « niveau des violences visant nos utilisateurs, chauffeurs comme passagers, qui ne nous permettaient plus d’assurer leur sécurité », ainsi que par le placement en garde à vue de deux de ses cadres.

Une forme de fascination

Six mois plus tôt, le « deal » avait pourtant été entériné directement au plus haut niveau. Le 3 juillet 2015, Travis Kalanick envoie un SMS à Emmanuel Macron. Dans les jours précédents, le ministre de l’économie a discuté avec Bernard Cazeneuve et Manuel Valls pour leur présenter son « deal », et Uber a annoncé le matin même la suspension d’UberPop en France, mais Travis Kalanick, échaudé, se demande si l’intérieur est vraiment d’accord. « Pouvons-nous faire confiance à caz [Cazeneuve] ? », écrit M. Kalanick. « Nous avons eu une réunion hier avec le premier ministre, répond Emmanuel Macron. [Bernard] Cazeneuve s’assurera que les taxis restent calmes et je réunirai tout le monde la semaine prochaine pour préparer la réforme et corriger la loi. Caz a accepté le deal. Quand êtes-vous à Paris ? » A 20 heures, UberPop est définitivement mis hors ligne en France. M. Cazeneuve assure au Monde ne jamais avoir été consulté ou tenu au courant d’un accord de ce type.

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Conclu, le « deal » est rapidement mis à rude épreuve. Trois jours après cet échange, juste avant 8 heures, une vingtaine d’agents débarquent au siège d’Uber à Paris pour une perquisition. Très agacé par ce qu’il perçoit comme une trahison, Mark MacGann demande en parallèle à ses collègues de lui passer les enquêteurs au téléphone pour « brandir Macron, Caze, etc. », dans l’idée de se prévaloir de leur soutien.

L’enquête, portant sur des soupçons d’évasion fiscale, est du ressort des services du ministère du budget, et non de ceux d’Emmanuel Macron. Mais cela n’empêche pas Mark MacGann d’envoyer immédiatement un SMS au ministre de l’économie, resté sans réponse : « Désolé de vous embêter, mais descente en ce moment d’une vingtaine de fonctionnaires de la direction des finances publiques. Ils disent qu’ils vont mettre [nos] dirigeants en garde à vue. (…) Nous avions l’espoir de pouvoir atteindre le fameux climat d’apaisement dès ce week-end. Pouvez-vous demander à vos services de nous conseiller ? »

Quelle était la motivation d’Emmanuel Macron pour s’impliquer, avec tant d’énergie, aux côtés d’une multinationale américaine à la réputation sulfureuse ? Une convergence de vues politique, d’abord, en faveur d’une dérégulation rapide. Mais aussi une certaine fascination pour Travis Kalanick. Dans le très controversé fondateur d’une des entreprises les plus « disruptives » de la dernière décennie, le futur président voyait, semble-t-il, une sorte de double. A la veille de leur première rencontre, une collaboratrice d’Uber relatait ainsi une discussion avec son cabinet : « Emmanuel Macron est très intéressé par l’histoire de Travis, miroir de la sienne – moins de 40 ans et réussite impressionnante. »

……

Sollicité, l’Elysée affirme que l’action de l’ancien ministre de l’économie rentrait dans le cadre classique des fonctions d’un ministre qui était « naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires ».

Ces bonnes relations se sont-elles poursuivies après le départ d’Emmanuel Macron de Bercy, et son arrivée à l’Elysée ? D’après le registre de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, des représentants d’Uber ont rencontré des collaborateurs du président Macron à huit reprises entre 2017 et 2022. En 2018, Dara Khosrowshahi, le bien plus fréquentable remplaçant de Travis Kalanick, faisait partie des invités de marque du sommet Tech for Good, voulu et organisé par le président de la République. Une rencontre publique, et en grande pompe, cette fois


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Re: U comme Uber

Message par Claude » 12 juil. 2022, 15:12

MM, il y a « des » articles sur ce sujet publiés par LMonde.

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Re: U comme Uber

Message par Chichinette 11 » 12 juil. 2022, 17:18

Claude, l'info (avec plus ou moins de détails) date déjà d'avant-hier :mrgreen:

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 12 juil. 2022, 17:55

Chichi, j.ai publié à la suite de demandes. Voir topic de « Radio/télé/presse « 

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Re: U comme Uber

Message par Chichinette 11 » 12 juil. 2022, 19:29

Voui, je m'en suis aperçue après coup :oops:

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 12 juil. 2022, 20:57

Amen !

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Re: U comme Uber

Message par Marie_May » 14 juil. 2022, 10:10

Merci. Mio te remercie aussi, Claude.

Y a-t-il dans le Monde un article qui impliquerait Macron et Uber au sujet de possibles aides financières pour la campagne présidentielle de M. ?

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Re: U comme Uber

Message par Chichinette 11 » 14 juil. 2022, 10:35

Et ça aurait quelles conséquences ? J'ai du mal à cerner tout ça, suis pas douée en politique, à peine honte :oops:

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Re: U comme Uber

Message par Marie_May » 14 juil. 2022, 10:45

Tu as raison de te poser la question. Je me la suis posée aussi car le FN s'est maintenant placée dans les coulisses du pouvoir. Et si le but de cette enquête était de disqualifier M. pour faire place nette à ML ? (non, je ne pense pas que les Insoumis se lanceraient dans une telle aventure)
Cependant, la corruption si elle existe, il ne faut pas la laisser passer. Dilemme.
D'ailleurs, j'ai toujours confiance dans le bon sens de la majorité de mes concitoyens - bien que ça devienne de plus en plus difficile.

Tu vois, Claude, moi aussi j'ai peur de l'inconnu. Mais ça ne m'empêchera pas de lutter pour obtenir un mieux que ce que nous avons actuellement.

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 14 juil. 2022, 12:58

MM. il me semble bien en avoir entendu parler. Je cherche …
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« Uber Files » : Emmanuel Macron assume son implication dans le développement d’Uber en France

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Emmanuel Macron et Thierry Breton, le commissaire européen pour le marché intérieur, visitent l’usine STMicroelectronics, à Crolles (Isère), le 12 juillet 2022.
Emmanuel Macron et Thierry Breton, le commissaire européen pour le marché intérieur, visitent l’usine STMicroelectronics, à Crolles (Isère), le 12 juillet 2022. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Emmanuel Macron voulait revenir à ses fondamentaux. Se faire de nouveau l’apôtre d’une économie triomphante qui parviendrait, tôt ou tard, à vaincre le chômage de masse et à redonner au pays l’élan perdu d’une France pompidolienne. Mardi 12 juillet, à Crolles (Isère), commune limitrophe de Grenoble, toutes les conditions avaient été réunies pour que le président de la République reprenne la main sur son thème de prédilection, trop longtemps occulté par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine.

Laissant loin de lui l’affaire des « Uber Files » – révélations du Consortium international de journalistes d’investigation dont Le Monde fait partie – mettant au jour son implication personnelle lorsqu’il était ministre de l’économie pour favoriser l’implantation en France de l’entreprise américaine moins-disante socialement ; éloignant de lui les tracas d’un Parlement où il ne dispose que d’une majorité relative ; oubliant les procès en « ultralibéralisme » intentés sans relâche contre lui par la gauche, le chef de l’Etat voulait reprendre les accents du prêcheur d’optimisme. « Je viens ici célébrer une bonne nouvelle », a-t-il expliqué lors de sa visite du site de l’entreprise de semi-conducteurs, STMicroelectronics.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Uber Files » : dans le monde entier, chronique d’une extraordinaire entreprise de lobbying

Sur une estrade plantée dans les jardins asséchés de l’entreprise, entre le massif de Belledonne et celui de la Chartreuse, le locataire de l’Elysée, comme insensible à la chaleur caniculaire, est revenu sur l’investissement massif de 5,7 milliards d’euros réalisé par l’Etat et la société américaine GlobalFoundries pour la construction d’une « méga-usine » sur le site.

Annoncé la veille, à Versailles, dans le cadre du salon Choose France, visant à vanter l’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers, le projet doit permettre à la France de se renforcer dans le secteur des semi-conducteurs utilisés dans les voitures, les smartphones ou le matériel médical, en créant plus de un millier d’emplois.

Offensif et sûr de lui

En investissant dans la recherche et l’innovation, il s’agira aussi d’améliorer la technologie, afin de réduire la taille des puces et d’en baisser drastiquement la consommation d’énergie. « Ce qui est décidé aujourd’hui est au cœur des défis qui sont les nôtres, celui de la souveraineté industrielle et de la réindustrialisation, de la transition énergétique et numérique », s’est enthousiasmé le président.

Dans l’assistance, le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, opine de la tête. Prêt à laisser de côté, l’espace d’un instant, ses divergences avec le chef de l’Etat, l’élu, dont le parti est membre de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) emmenée par Jean-Luc Melenchon, trouve même cette annonce « réjouissante ».

Certes, l’édile regrette que M. Macron n’aborde la sobriété énergétique que sous l’angle de l’efficacité sans remettre en question nos usages et « l’hyperconsommation ». En ce qui concerne le dossier Uber, relancé quelques heures plus tôt par les confessions de Mark MacGann, l’ancien lobbyiste du groupe américain à l’origine de ces révélations, regrettant « les mensonges » vendus par Uber, le Grenoblois attend qu’« à un moment ou à un autre, Emmanuel Macron s’explique ». Mais ce n’était ni le lieu ni l’heure d’attaquer, pensait-il.
Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés « Nous avons vendu un mensonge à tout le monde » : Mark MacGann, le lanceur d’alerte des « Uber Files », se dévoile

Finalement, c’est le chef de l’Etat lui-même qui reviendra sur ce sujet délicat. Comme pressé d’en découdre, offensif et sûr de lui. Au moment de quitter l’entreprise, répondant aux questions de journalistes, le président explique et assume. « Je suis très fier de ce que j’ai fait, du combat que j’ai mené. Mais ce combat, il faut le regarder jusqu’au bout. J’ai fait venir des entreprises, j’ai fait venir des entrepreneurs. J’ai surtout aidé des jeunes à qui on n’offrait pas d’emploi et qui venaient de quartiers difficiles. Ces jeunes qui n’avaient pas d’opportunités de job, je les ai aidés à en trouver pour la première fois de leur vie (…). Et quand je suis devenu président, on a régulé le secteur, sans aucune complaisance », s’est-il défendu.

« On a aidé les taxis comme pas possible »

Si c’était à refaire ? « Je le referais demain et après-demain », lance-t-il sur un ton de défi. Ajoutant : « On a aidé les taxis comme pas possible. Mais on avait un système fermé, ceux qui s’étaient enrichis, ce n’était pas les taxis, mais les sociétés qui avaient un effet de rente (…). Je ne serai jamais du côté de ceux qui défendent la rente. »

Lire aussi : « Uber Files » : les oppositions critiquent le soutien d’Emmanuel Macron au groupe américain

Balayant les craintes qu’il pourrait avoir – la Nupes réclamant une commission d’enquête sur le sujet –, il affirme, bravache, en référence à une phrase célèbre de l’ancien président Jacques Chirac : « Je conçois tout à fait qu’on veuille s’attaquer à ma pomme, ça fait cinq ans et demi. Très sincèrement, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. » Et si la Nupes se focalise sur ce sujet, c’est qu’« elle a perdu la boussole ».

Emmanuel Macron semble persuadé que cette affaire n’occupera les esprits qu’un temps. « Voyez l’état de notre débat public ! On est là, dans un moment essentiel de notre pays (…) et on parle de quelque chose – je vous fiche mon billet – dont on ne parlera plus dans un mois », assure-t-il. Le camp présidentiel pense que la polémique s’éteindra d’elle-même faute de passionner l’opinion. Les services comme Uber, Deliveroo ou Uber Eats sont entrés dans les mœurs sans que le statut des travailleurs de ces plates-formes émeuve outre mesure.
Dans la matinée, le ministre des comptes publics, Gabriel Attal, avait assuré sur le même thème que l’opposition faisait « une tonne de mousse avec un gramme de savon ». Une image qu’il avait déjà utilisée, en 2018, lorsqu’il était porte-parole du gouvernement. A l’époque, il s’agissait de minimiser l’affaire Benalla.

Lire aussi : « Uber Files » : « Faire d’Uber un interlocuteur privilégié est un choix politique critiquable à plusieurs niveaux »

Lire aussi : Pour Elisabeth Borne et son gouvernement, des premières questions à l’Assemblée sous tension

Claire Gatinois(Crolles (Isère), envoyée spéciale

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 14 juil. 2022, 13:01

Voici aujourd’hui la quinzaine d’ articles sur le thèMe du scandale Uber.
Je ne suis mm pas sûr que tous y soient.

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:?:

Je ne lirai pas tout !

Le Monde publie aussi des podcasts sur ce thème que je n’écoute pas.

Quant à L’implication de Macron, j’ai pour l’instant du mal àcomprendre la nature des reproches qu’on est en droit de lui faire.

Cet événement reste sensationnel car il éclaire les dessous du lobbying d’une entreprise au niveau de la planète gråce à la « trahison » d’un cadre. C’est une rareté !

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Re: U comme Uber

Message par Marie_May » 15 juil. 2022, 18:25

Tu ne penses pas qu'il serait intéressant de savoir s'il s'est fait aider par Uber pour sa campagne électorale en échange des services qu'il a rendus à l'entreprise ? Et ce cadre dont tu parles, il me semble qu'il s'agit d'un lanceur d'alerte et non d'un traitre.

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 15 juil. 2022, 19:42

:?:

MM. Mais il est les deux. Il est traître pour ceux avec qui il magouillait. Et c’est un remarquable lanceur d’alerte qui nous donne l’avantage de faire la lumière ce qui est rare sur les manigances de ce groupe de lobbying. On doit connaître son nom : Mark MacGann

Je ne vois pas pourquoi tu m’interroges là-dessus.

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 15 juil. 2022, 19:51

Quant à la possibilité d’un financement de LREM, ça finira par sortir si la chose est effective. Tu feras comme toi, tu attendras. Si cela devait être le cas, l’on parlerait de corruption me semble-t-il-il. Ce qui serait très grave. Conditionnel.

À vue de nez, j’en doute [impression].

Pour l’instant, la seule interrogation interessante pour moi est celle posée par l’opposition qui parle d’atteinte au code du travail. Et j’entends aussi qu’on veuille faire reculer le chômage même aux dépens d’une corporation. Mais quant à se faire une opinion, c’est un peu tôt pour moi.

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Re: U comme Uber

Message par Marie_May » 16 juil. 2022, 15:17

Oui, on parlerait de corruption, c'est bien ce que je disais plus haut.

Mais a priori tu en doutes et tu parles de traitrise d'un des lobbyistes. A mon avis, il n'est pas les deux, il a vu clair et ce faisant il a mis sa carrière de côté et renoncer à sa tranquillité.

Faire reculer le chômage en aidant à bafouer la loi et à se débarrasser du code du travail, tout en touchant quelques fifrelins bien venus pour sa campagne présidentielle - disons que si mon opinion n'est pas encore faite parce que les faits ne sont pas avérés pour l'instant, elle est en bonne voie de se faire parce que c'est du déjà vu dans le monde de la politique.

Attendre que la chose sorte, sans doute, mais pas les bras croisés, car bizarrement, ces choses-là non pas l'habitude de sortir sans qu'on les y aide. C'est ce que font les lanceurs d'alerte d'abord et la commission d'enquête ensuite. Si on se trompe, ce sera une tonne de mousse. Mais pour le moment, il s'agit d'insister pour que soit disséqué le gramme de savon.

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 16 juil. 2022, 17:09

Difficile. En société, on est côté pile pour les uns et côté face pour les autres mais on est
pourtant la même personne. Pour Uber Mark MacGann est un traître alors que nous le
Voyons comme un héros.

Cet admirable et courageux lanceur d’alerte n’était pas un simple « employé » tombant par hasard sur un paquet de documents internes mais c’était un « cadre » qui a été lobbyiste pour l’Europe et donc en pleine conscience. Il dirigeait, prenait des décisions en association avec les autres dirigeants du groupe.

Ce cadre s’est retourné contre sa bande, c’est donc un traître pour eux. Enfin que voilà un coup de chance, un événement improbable , et bénéfique pour nous qu’un cadre se « repente » et redevienne pleinement citoyen. C’est une surprise de l’histoire qu’un cadre actif devienne un repenti. Sans sa trahison, sans son retournement, sans son repentir, sans tout ça, aujourd’hui nous ne saurions rien !

Je ne saisis pas ta problématique. Sauf à croire qu’un individu puisse être depuis toujours soit « bien » soit « mal ». Et qu’on ne puisse rien y changer. Notre lanceur d’alerte a fait du lobbying, il va rencontré les grands en Europe. Et oui, cette histoire est aussi une histoire européenne …

Sur le reste on attendra. Ne me reproche pas de ne rien faire. Moi je ne peux aller interroger Mark MacGann. Je ne sais mm pas où il vit. Lui sait si Macron, ministre, s’est contenté de l’écouter, et a seulement adhéré au projet et ce qu’il BBCzcc ça avcrpté, etc… ou pas . !

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 16 juil. 2022, 23:27

Voici un édito de Libé qui nous fait avancer.
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Edito
Macron et les VTC: aux origines de l’ubérisation de la France
Quel a été le rôle exact du Président et ancien ministre de l’Economie, fasciné par l’entreprise américaine ?


Photo : Emmanuel Macron à Bercy, en juillet 2015. (Ulrich LEBEUF/Myop)
par Dov Alfon

publié le 11 juillet 2022 à 21h11

Les récentes révélations sur la conduite d’Emmanuel Macron dans le dossier Uber, quand il n’était encore que ministre de l’Economie, nous fournissent une visite guidée dans un système mafieux et prédateur, qui avait fait de la France sa première proie. Comme nos journalistes le racontent, nombre de facteurs ont guidé leur choix : le statut légal d’autoentrepreneur, la loi de 2009 de modernisation des services touristiques, qui autorise les VTC, puis la fascination du jeune Macron pour le modèle disruptif de la compagnie américaine, qui semblait mépriser les lois, les traditions, la morale et surtout les Français.

Dans les premières heures après la publication de ce dossier explosif dans The Guardian, en coopération avec nos confrères du Monde et de Radio France, on pouvait peut-être encore voir dans ces SMS de l’actuel président de la République un élan ministériel un peu exagéré mais conforme aux coutumes. L’ancien secrétaire d’Etat Cédric O semblait d’ailleurs ne pas comprendre quel était le problème. On n’en est plus là ce mardi, comme en témoignent les propos de l’ancien président François Hollande dans Libération et la réaction glaciale de Bernard Cazeneuve, alors à l’Intérieur, qui jouait malgré lui l’Arlésienne des échanges de Macron : «Je réserve ma parole à un cadre officiel, comme une commission d’enquête parlementaire, par exemple.» Ajoutons que la source de ces documents passionnants, qui a révélé lundi son identité et ses motivations, n’était autre que le lobbyiste en chef d’Uber en Europe au moment des faits. Dans une interview au Guardian, il dit être resté en contact avec Macron et avoir levé des fonds en 2016 pour son mouvement La République en marche. Emmanuel Macron aura décidément contribué à l’ubérisation de la société française dans bien des domaines

Les liens contenus dans cet article qui renvoient à d’autres papiers disparaissent avec le copiercoller.

Claude
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Re: U comme Uber

Message par Claude » 16 juil. 2022, 23:34

Un lien de l’article précédent renvoie à un article (en anglais) de The Guardian.

https://www.theguardian.com/news/2022/j ... rk-macgann

Claude
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Re: U comme Uber

Message par Claude » 16 juil. 2022, 23:58

Un très court extrait de l’interview par cThe Guardian.
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His whirlwind stint at the company involved meetings with prime ministers, presidents, transport and economy ministers, EU commissioners, mayors and city regulators.

MacGann said most senior politicians were instinctively supportive of Uber, viewing the tech company as offering an innovative new platform that could allow for flexible working and help reboot economies after the financial crisis.
PHOTO Striking French taxi drivers try to march down a major bypass during a day of protests against services such as Uber in January 2016
Striking French taxi drivers try to march down a major bypass during a day of protests in January 2016. Photograph: Olivier Coret/Rex/Shutterstock
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However, it was a more mixed story in France, where Uber’s unlicensed service prompted taxi driver riots and divided the cabinet of the then president, François Hollande.

On one side was Bernard Cazeneuve, the minister of the interior, who according to MacGann once summoned him to his office and threatened him with jail, saying: “I will hold you personally and criminally responsible if you do not shut it down by the end of the week.”

On the opposing side of the debate was Emmanuel Macron, the pro-tech, pro-business economy minister who, the leak reveals, became something of a secret weapon for Uber.

The data includes text message exchanges between MacGann and Macron, who was working behind the scenes to assist the US tech company. In one exchange, MacGann asks for Macron’s help in the midst of a raid on the company’s offices. In another he complains about an apparent ban on its services in Marseille.

Macron told MacGann he would “personally” look into the matter. “At this point, let’s stay calm,” the minister said.

PHOTO
MacGann with Macron
MacGann with Emmanuel Macron


MacGann recalls Macron as being “the only person who gave us the time of day … So he was a massive breath of fresh air.”

Macron did not respond to detailed questions about his relationship with Uber. A spokesperson said his ministerial duties at the time “naturally led him to meet and interact with many companies” engaged in the service sector.

After leaving Uber, MacGann maintained relations with Macron and helped raise funds for his La République En Marche party in 2016. He says his political support for the French president was a personal decision and had “absolutely nothing to do with Uber”. They continued to exchange text messages with one another up to as recently as April this year
………
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Claude
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Re: U comme Uber

Message par Claude » 17 juil. 2022, 07:13

Finalement, MM, tu m’auras poussé à interroger (indirectement) MacGANN !
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https://www.smiley-lol.com/smiley/fatigue/setire.gif
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Si j’ai bien compris (mon anglais comporte bien des lacunes), il affirme que Uber n’est en rien dans la collecte de fonds pour LREM. Initiative personnelle. Voilà pour le gros scandale.

Donc reste le plus gros, à savoir la bousculade autour des droits du travail.

Marie_May
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Re: U comme Uber

Message par Marie_May » 18 juil. 2022, 08:39

Au sujet des relations Macron-McGann, tu es prêt à croire ce que tu préfères croire, cher Claude. Attendons de voir où va nous mener ces révélations avant d'ironiser.

Je précise pour ceux qui ne pige pas l'anglais que ce texte du Guardian n'ajoute rien d'autre à ce que j'ai lu jusqu'ici, sinon que - et ce n'est pas rien - McGann déclare avoir contribué à la campagne de Macron, mais sous son propre nom et pas au nom d'Uber.
Si je devais ironiser comme toi, Claude, je dirais qu'il n'est pas rare de voir un protagoniste porter le chapeau pour protéger les intérêts de ses supérieurs. Mais bon, attendons donc de voir... etc.

Et Claude, je t'ai juste demandé l'article du Monde. Et je ne te reproche pas de ne pas t'activer, personne ne peut t'y obliger. Je pense seulement que tu exprimes des opinions à travers le choix de tes adjectifs et de tes expressions ironiques - et pas d'une manière claire. Tu ne t'en rends pas compte ?

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 18 juil. 2022, 14:10

Marie_May a écrit :
18 juil. 2022, 08:39

……… tu prêt à croire ce que tu préfères croire, cher Claude. ……
Tu touches là un point très commun : il touche tous les humains.Moi,notoires, nous …
Nous sommes toujours prêt à accepter des faits et des opinions
qui nous font plaisir
car elle conforte nos inclinations. Voire nos préjugés. C’est gratifiant, ça apporte du plaisir, on a le sentiment d’avoir eu raison. Plaisir, mot magique.
Et de ce fait on est assez loin de la froide raison qui devrait nous servir de boussole.

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 18 juil. 2022, 14:22

Je manque de clartė, dis-tu bien chère amie..

Bien sûr que je ne suis pas clair. Dans ma vie d’adulte, j’ai souvent changé d’opinion. Je ne raconte pas mais je conseille à tout le monde de changer de point de vue de temps en temps pour relativiser. Pour se méfier des emballements et des inclinations à croire ceci plutôt que cela. Éviter d?avoir un point de vue en béton n’est pas aussi confortable mais l’on se donne un regard plus distancié. Et comme je l’ai dit, il vaut mieux regarder le dossier à charge et le dossier à décharge …… question de méthode .!

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Re: U comme Uber

Message par Claude » 18 juil. 2022, 14:31

Marie_May a écrit :
18 juil. 2022, 08:39

…….
Si je devais ironiser comme toi, Claude, je dirais qu'il n'est pas rare de voir un protagoniste porter le chapeau pour protéger les intérêts de ses supérieurs. Mais bon, attendons donc de voir... etc.
……
Je suis beaucoup, beaucoup plus cynique que toi sur ce point. Dans les déclarations du lanceur d?alerte qui dédouaneraient d’une sorte de corruption, je n’imaginais pas MacGann choisissant le rôle du fusible pour protéger son « supérieur » mais le désir de ne pas s’incriminer lui-même dans un acte délictueux. Mais ne me fais pas tomber dans la bétonnière du complotisme, please. C’est déjà bien assez compliqué sans rajouter des élucubrations.

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