Épiceries de village

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Claude
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Épiceries de village

Message par Claude » 27 févr. 2021, 11:41

Pour Xyla.
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https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html
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Quelque chose est possible ici, même avec un salaire modeste » : la revanche des épiceries et des arrière-pays dans les Cévennes et sur l’Aubrac

Par Florence Aubenas

Publié hier à 02h29, mis à jour hier à 20h58
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REPORTAGE

Sous le double effet de la crise sanitaire et de l’arrivée de nouveaux habitants, lassés de la vie citadine, certains commerces de proximité du Gard et de la Lozère connaissent une forme de renaissance.

Le camion manque à nouveau déraper dans un tournant, il se rattrape puis s’arrête le long de la rivière, tout secoué encore des cahots de la route. L’aube pointe à peine. Des arbres lourds de neige se devinent dans l’obscurité, la route luit de verglas. Accoudés au petit pont, deux hommes parlent chèvres et châtaignes. Toutes les semaines, le véhicule de la société Magne s’engage dans les à-pics pour approvisionner l’épicerie de Sainte-Croix-Vallée-Française, 272 habitants en Lozère, à une heure trente de Mende. Nous y voilà. Murs peints en blanc, citation de Voltaire au-dessus du rayon fromages : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. » Un bouddha sourit du côté des légumes, on décharge des granulés de bois devant la porte.

Voilà bientôt cinq ans que Marisa et David ont repris ce magasin. Ils encaissent aussi les amendes, envoient les Colissimo, vendent les billets de train depuis que l’Etat a fermé ses propres guichets. Tous les deux viennent d’Alès : w……………
Me demander si pas accès.

xyla56
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Re: Épiceries de village

Message par xyla56 » 28 févr. 2021, 05:32

je veux bien que tu m'envoies l'article.
Le fournisseur qui est cité dans cet article, je le connais bien pour m'être servie chez eux pendant 3 ans; ce sont les seuls qui acceptent de livrer dans les endroits reculés des montagnes d'auvergne. Leur réputation va d’incompétent à escroc :mrgreen:

Claude
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Re: Épiceries de village

Message par Claude » 28 févr. 2021, 08:42

Et voilà :
.
REPORTAGE

Sous le double effet de la crise sanitaire et de l’arrivée de nouveaux habitants, lassés de la vie citadine, certains commerces de proximité du Gard et de la Lozère connaissent une forme de renaissance.

Le camion manque à nouveau déraper dans un tournant, il se rattrape puis s’arrête le long de la rivière, tout secoué encore des cahots de la route. L’aube pointe à peine. Des arbres lourds de neige se devinent dans l’obscurité, la route luit de verglas. Accoudés au petit pont, deux hommes parlent chèvres et châtaignes. Toutes les semaines, le véhicule de la société Magne s’engage dans les à-pics pour approvisionner l’épicerie de Sainte-Croix-Vallée-Française, 272 habitants en Lozère, à une heure trente de Mende. Nous y voilà. Murs peints en blanc, citation de Voltaire au-dessus du rayon fromages : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. » Un bouddha sourit du côté des légumes, on décharge des granulés de bois devant la porte.

Voilà bientôt cinq ans que Marisa et David ont repris ce magasin. Ils encaissent aussi les amendes, envoient les Colissimo, vendent les billets de train depuis que l’Etat a fermé ses propres guichets. Tous les deux viennent d’Alès : elle travaillait dans un hypermarché, lui était restaurateur. Un divorce chacun, la quarantaine, et ce comptoir au bout de la route, l’anti-start-up par excellence. Dans la famille de Marisa, on s’est étonné : « Mais qu’est-ce que vous allez chercher là-bas ? »
Pascal Bosio, propriétaire de l'épicerie des Plantiers (Gard), le 5 février 2021.
Pascal Bosio, propriétaire de l'épicerie des Plantiers (Gard), le 5 février 2021. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
Il y a une décennie encore, pas une banque n’aurait suivi un dossier comme le leur. A l’époque, « on constatait plus de fermetures que d’ouvertures, le secteur était au plus bas », commente Pierre Bonnefoy, patron de Magne, l’entreprise familiale qui assure la distribution alimentaire en camion depuis Mende. Spécialisé dans les petits commerces, Magne ravitaillait alors 300 épiceries dans la Haute-Loire, l’Aveyron ou la Lozère. « On s’est accrochés, on a continué à livrer là où personne ne voulait plus aller. » Aujourd’hui, ses tournées comptent 450 petits commerces, son chiffre d’affaires a grimpé de 16 millions à 23 millions d’euros en trois ans. L’avancée se remarque surtout dans les villages reculés, les arrière-pays, les territoires oubliés d’hier.

« Base arrière »

Certes, ce ne sont pas les Marisa et les David de Sainte-Croix qui vont repeupler la région. Difficile même de risquer un pronostic à moyen terme. Pourtant, à sa façon, la France des épiceries se retrouve maintenant à l’épicentre d’une migration discrète mais têtue des villes vers les villages. Le mouvement s’est amorcé et amplifié de crise en crise : celle des subprimes en 2008, puis celle des attentats en 2015. Cette fois, la pandémie a donné un coup d’accélérateur.
Pascal Bosio, propriétaire de l'épicerie des Plantiers (Gard), le 5 février 2021.
Pascal Bosio, propriétaire de l'épicerie des Plantiers (Gard), le 5 février 2021. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
Les Plantiers (Gard), le 5 février 2021.
Les Plantiers (Gard), le 5 février 2021. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
A une vingtaine de kilomètres de Sainte-Croix, on accède au village gardois des Plantaires, 259 habitants, par un lacet de goudron suspendu entre la roche et le vide, pas plus large que les rubans de réglisse dans les bocaux de l’épicerie-boulangerie. On l’appelle le « col de l’exil », le chemin où s’enfonçaient ceux des hameaux qui quittaient la terre pour la ville pendant les « trente glorieuses ». « J’espère le rebaptiser le col du retour », prévient le maire, Bernard Mounier.

Aux Plantiers, on se souvient du premier confinement, un an déjà, les voitures arrivant de partout, en pleine nuit, bagages ficelés sur le toit, « comme des réfugiés ». La région a enchaîné sur un été prodigieux, les campings et les hôtels bondés comme jamais, les visiteurs émerveillés. « On vous a vus à la télé : ce bon air, ces rivières, ce zéro virus. » Mais à l’automne, un quart des habitants des Plantiers étaient fauchés à leur tour par le Covid-19. Un retraité baisse la voix dans les rayons de l’épicerie, pour raconter l’avoir attrapé. « Soyons sincères, ça jetait un froid ici quand on se disait contaminé, comme si on avait fait des bêtises. »
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Qu’importe. Les vacances prochaines affichent complet dès le mois de juin, plus aucune maison n’est à vendre. Une famille nîmoise n’en revient pas d’avoir décroché une des dernières. Elle ne compte pas forcément s’installer, « on voulait surtout se garantir une base arrière », explique le père. Ici, l’épicerie-boulangerie est l’unique commerce, un boucher passe en camionnette, le pharmacien livre les médicaments, mais il faut pousser jusqu’à Saint-Jean-du-Gard pour le tabac ou Anduze pour les lunettes. On peut rester quinze jours sans téléphone. C’est cet isolement, justement, qui a décidé le père de famille nîmois : « On sera à l’abri, refuge et protection, au cas où… » A l’abri de quoi ? Lui-même peine à le dire. Frédéric Cheyssière, éducateur spécialisé, voit se dessiner une nouvelle géographie française. « A un moment, les gens vont quitter la ville, tout se durcit, trop de contraintes. Il faut s’y préparer. » Lui-même est parti de Valence, il y a trois ans.

Des candidats pour Nasbinals

Accrochée à la montagne, la maison de retraite est le plus gros employeur du coin, 22 résidents, 14 salariés. Des chasseurs remontent la rue en camionnette. Ici, tous les hommes – ou presque – font des battues, 250 sangliers ont été tués cette année dans la vallée. Laurine Rodriguez s’occupe de la cantine scolaire. Elle a 21 ans, elle a grandi en ville, à Beaucaire. Là-bas, elle n’a jamais été autorisée à prendre le bus seule ou à sortir non accompagnée. « Pourtant, on habite un bon quartier », elle dit. Son père, ouvrier dans une usine de papier, était content qu’elle s’installe aux Plantiers. Elle, sourire et fossettes : « Tout le monde n’a pas eu ma chance. » En deux ans, 15 arrivées ont été recensées, c’est beaucoup à l’échelle du village.
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Plus haut, sur le plateau de l’Aubrac, les touristes de passage à Nasbinals s’exclament volontiers : « Ça rappelle l’Irlande. » « L’Irlande en mieux », précisent ceux qui ne repartent plus. A la mairie, Bernard Bastide s’exclame : « Osons l’optimisme ! » De l’après-guerre aux années 2000, le village a perdu 40 % de sa population, « on fuyait une misère noire », se souvient Jean de Rieutord, 84 ans, parti livrer du charbon à Paris. Lui-même était autrefois un de ces gamins loués dans les montagnes, « dormant avec les bêtes, lapant le lait de la traite comme une bête sauvage quand le patron avait le dos tourné ». Aujourd’hui, à Nasbinals, 542 habitants, le futur semble faire la pirouette. « Quelque chose est possible ici, même avec un salaire modeste », explique une aide-soignante, 47 ans. Elle compare son 60 m2 d’ici et son ancien studio, près de Montpellier, deux fois plus cher. Confrontée à l’afflux de demandes, la mairie peine à trouver des locations, alors qu’une trentaine de maisons dorment dans le village, volets fermés, des héritages partagés en majorité.
Le patron du bar des Plantiers (Gard), passionné de chasse, devant l'épicerie de Pascal Bosio, le 5 février.
Le patron du bar des Plantiers (Gard), passionné de chasse, devant l'épicerie de Pascal Bosio, le 5 février. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
Cet hiver, il est tombé un mètre de neige, elle a tenu longtemps. Un couple, venu d’Avignon, a acheté des vélos électriques et un terrain à construire à la sortie du village. « Vous revendrez dans deux hivers, comme tout le monde », a prévenu la boulangère. Chez Bertrand, l’épicerie derrière l’église, un pèlerin pèse une banane et trois pommes. Un photographe pose près de la caisse une Thermos de café, à partager. On reste discuter longtemps, surtout depuis que les restrictions sanitaires ont fermé les bistrots.

« Proximité et service »

Une femme charge de grandes courses, elle emménage tout juste. Ça la fait rire qu’on la compare aux jeunes gens de Mai 68, retour à la terre, utopie et vie en communauté. « Nous, c’est pas politique : on n’a rien contre le système, c’est lui qui en a après nous. » Avec deux smic, la famille s’est longtemps accrochée, déménageant de plus en plus loin de Lyon. Ils en étaient à trois heures de trajets par jour et peut-être un licenciement pour elle, quand ils ont regardé la carte de France. Pourquoi pas la Lozère, avec son taux de chômage parmi les plus bas ? Reconverti dans le BTP après avoir été cariste, le mari a été surpris la première fois qu’on l’a payé en volaille et en confitures. « Ça prouve qu’on est intégrés », risque-t-elle.
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L’autre jour, quand une mère avec ses enfants a piqué des pots pour bébé à l’épicerie, Bertrand a fait semblant de regarder ailleurs. Il lâche : « On n’est pas survivalistes ni collapsologues, mais quelque chose est en train de s’écrouler. » Bertrand tient le magasin depuis six ans, après « un cursus parfois violent », la banlieue marseillaise, artisan puis chauffeur routier. Sa femme travaille dans le social. « Lui aussi, à sa manière », plaisante une habituée.
Dans l'épicerie de Pascal Bosio, aux Plantiers (Gard), le 5 février 2021.
Dans l'épicerie de Pascal Bosio, aux Plantiers (Gard), le 5 février 2021. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
« Y en a plus ? », crie quelqu’un au fond de la boutique. Inutile de préciser quoi : le lait de Lozère, le nouveau totem, passé numéro un des ventes devant le pack Lactalis, pourtant moins cher et qu’on croyait indétrônable. Ici, comme dans la plupart des épiceries de la région, un autre glissement s’est opéré ces dernières années : on veut du cola ardéchois, des fromages et de la charcuterie fabriqués dans les villages voisins. Au départ, en 2017, le distributeur Magne, à Mende, avait juste rajouté certains produits locaux à son catalogue, une sorte de test. Ils sont plus de 700 maintenant, 30 % du chiffre d’affaires. « Dans notre circuit, la grosse guerre ne porte plus sur les prix, mais sur la proximité et le service », reprend le patron, Pierre Bonnefoy.

Plus de maquillage, plus de télé

Responsable des achats chez Magne, Marc Paulhan était au cœur de cette progression, tout le monde le voyait sur orbite, lancé sur la trajectoire classique : diriger un hypermarché au bord de la mer ou passer cadre dans un groupe international. Il avait fait ses preuves et s’était « construit une carapace pendant des années ». La suite de son histoire ressemble à une parabole de l’époque. A 42 ans, Marc Paulhan vient de reprendre une épicerie à Meyrueis, vers le causse Méjean, 950 habitants et une soixantaine de clients par jour, trois ou quatre fois plus l’été. « On voulait une vie simple », résume Géraldine, sa femme, qui travaillait dans une maison de retraite.
Marc et sa compagne Géraldine, ici le 6 février, ont repris le Cocci Market de Meyrueis (Lozère) début janvier.
Marc et sa compagne Géraldine, ici le 6 février, ont repris le Cocci Market de Meyrueis (Lozère) début janvier. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
Meyrueis (Lozère), le 6 février 2021.
Meyrueis (Lozère), le 6 février 2021. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
A la morte-saison, le village semble flotter dans des habits trop grands. Le parking est désert le long de la rivière. Le garagiste vient chercher du fromage, le fameux petit chèvre de la fermière là-haut. Une annonce pour un deuxième médecin à la maison de santé a été postée sur SOS Villages. Marc Paulhan part livrer Denise, la quarantaine, qui n’a pas le permis de conduire. Avec elle, le jeu des « avant-après » continue, la vie d’avant et celle d’après : « La fille que j’étais ne se serait jamais entendue avec celle que je suis devenue », dit-elle. Ses années à Montpellier lui reviennent, les cours de salsa avec Youyou, les transats sur les plages privées, les apéros en terrasse et le verre de cocktail qu’on photographie pour Instagram. Denise travaillait à la promotion en ligne d’une grande chaîne hôtelière, une existence en tailleur et valises à roulettes, tanguant très haut sur les talons aiguilles. « Je checkais mes notifications à 3 heures du matin, je me mettais dans des états pas possibles quand je n’avais pas de connexion. »
Au Cocci Market de Meyrueis (Lozère), le 6 février 2021.
Au Cocci Market de Meyrueis (Lozère), le 6 février 2021. SANDRA MEHL POUR "LE MONDE"
La pandémie a tout arrêté. Quand Denise a décidé de rester après les vacances, l’apprentissage a commencé, pas à pas. Pour la première fois de sa vie, elle passe un entretien d’embauche en jean et baskets, remplaçante dans la fonction publique. Elle cesse de se maquiller. Plus de télé. Budget coupé en deux. Le test fatidique a lieu le jour où le réseau SFR saute avec l’orage. Elle n’en revient pas elle-même. « Je l’ai bien vécu. » Sur sa page Facebook, elle publie une image, prise en randonnée, assortie d’un commentaire ému : « Je suis trop contente, j’ai croisé une biche. » En dessous, un forestier lui répond : « Désolé d’intervenir, je crois que vous avez vu un chevreuil. » Ils sont devenus amis. Denise a décroché de Facebook.

Sans les photos mais j’ai encadré les sous-titres des dites photos,
et sans évidemment les nombreux liens de l’article original.
Bonne lecture.
La journaliste était sur France5 hier soir. :!:

Elle aurait pu te compter dans son enquête ……… :lol:

plumee
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Re: Épiceries de village

Message par plumee » 28 févr. 2021, 18:03

Peut-être que quand j'aurai mes nouvelles lunettes, j'aurai le courage de lire de longs textes
sur des sujets qui m'intéressent…
Allez, l'ophtalmo vendredi, la zieutiste samedi, les lunettes la semaine prochaine. Youpiiiiii!

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