Bio. Un sujet d’actualité.

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Claude
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Bio. Un sujet d’actualité.

Message par Claude » 04 juin 2019, 23:34

Il y a le petit bio de notre coin,
et le bio qui a des ambitions.
Les serres chauffées, emblèmes d’une industrialisation du bio

En acceptant certaines pratiques, comme le chauffage des serres pour la production de fruits et légumes bio à contre-saison, le risque est de perdre la confiance des consommateurs.
Par Laurence Girard

La FNSEA, en première ligne pour défendre le bio. L’évènement est assez rare pour être souligné. Ce syndicat agricole qui, jusqu’à présent, n’était guère disert sur la question, a choisi de faire front commun avec d’autres acteurs. Autour de la table, rassemblés sous l’égide des chambres d’agriculture, mercredi 29 mai, la FNSEA, donc, mais aussi l’interprofession des fruits et légumes Interfel, le bras armé des coopératives Coop de France, et leur représentant légumier Felcoop. L’enjeu : défendre une certaine idée de l’agriculture biologique, illustrée par l’usage des serres chauffées pour la production de fruits et légumes bio.
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La grande bascule vers le bio de l’agriculture française
Face à cette coalition, la Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France (FNAB), le Synabio (Syndicat des transformateurs et distributeurs biologiques), Biocoop et la Confédération paysanne s’opposent, quant à eux, à cette tolérance, affirmant qu’elle concourt à une « industrialisation du bio ». Ils estiment que « le recours sans restriction au chauffage des serres pour la production de fruits et légumes bio à contre-saison est en contradiction totale avec le règlement biologique européen ».

Fruits et légumes de saison

La question est débattue depuis plusieurs mois. La FNAB a, en effet, déposé une requête auprès de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) pour demander l’interdiction du chauffage des serres en bio, il y a un an. Après plusieurs reports, la question devrait être tranchée lors d’un vote du Comité national de l’agriculture biologique (au sein de l’INAO), le 11 juillet. En attendant le verdict, le ton monte et les esprits s’échauffent. Avec une question centrale : comment interpréter le règlement européen ? Ce dernier stipule que la production biologique doit respecter le cycle des saisons et faire un usage raisonné de l’énergie.

Tout est donc dans la notion de fruits et légumes de saison. En l’absence de référence explicite à l’interdiction du chauffage pour étendre les durées de production, dans le cahier des charges européen, des premières serres chauffées ont été installées. Pour l’instant à toute petite échelle en France, soit 0,2 % des surfaces en légumes bio en 2017, selon les chiffres donnés par les chambres d’agriculture. Mais la pression monte sur la production. Et des projets de grande ampleur pourraient voir le jour.
La grande distribution souhaite avoir
des tomates bio le plus longtemps possible
en rayon, et d’origine française de préférence
« Il y a un développement de la consommation de produits bio, il faut accompagner les agriculteurs pour répondre à cette demande », estime Claude Cochonneau, président des chambres d’agriculture. La grande distribution, en particulier, souhaite avoir des tomates bio le plus longtemps possible en rayon, et d’origine française de préférence. Or, comme le met en exergue Interfel, aujourd’hui 78 % des tomates bio vendues en grande surface sont importées, et 70 % des concombres. Sachant qu’une tomate du sud de la France poussée dans une serre non chauffée peut arriver sur le marché en mai. Il faut attendre juin pour les premières tomates de pleine terre, et la récolte se poursuit jusqu’en octobre.
Lire aussi Bio : la grande distribution croque la moitié de la part du gâteau
Dérives industrielles

« Les règles européennes sont un peu floues. Il faut peut-être les clarifier, mais elles doivent s’appliquer à tout le monde », affirme M. Cochonneau. Bruxelles met justement l’ultime main à son nouveau projet de règlement qui encadrera la « bio européenne » à partir de 2021. Les grandes lignes du texte ont été adoptées en mai 2018. Reste à négocier les règles détaillées avec l’objectif de présenter une version finalisée mi-2020.

Plusieurs sujets ont amené la FNAB à tirer la sonnette d’alarme, s’inquiétant des dérives industrielles possibles avec le changement d’échelle du bio. Elle souhaitait, par exemple, limiter la taille des élevages de poules pondeuses, quand certaines exploitations italiennes atteignent une capacité de 100 000 volailles. Elle défend aussi le modèle de l’élevage porcin bio français sur paille et non sur caillebotis. Sur le sujet des cultures sous serre, la future règle européenne devrait mettre hors normes les cultures en bac ou sans lien avec le sol. Les pays nordiques, qui justifiaient ce modèle pour des raisons climatiques, devraient toutefois bénéficier d’une période confortable de dérogation.

Toutes ces discussions ont lieu alors que la grande distribution pousse au développement rapide de la bio pour satisfaire la demande. Le risque d’une industrialisation de la production étant de perdre la confiance du consommateur si cette agriculture ne correspond plus à ses attentes.

Marc
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Re: Bio. Un sujet d’actualité.

Message par Marc » 07 juin 2019, 11:58

Voilà bien un créneau qui va faire du chiffre d'affaire !!! la demande est très nettement supérieure à l'offre donc le fric pointe son coffre à l'horizon.
l'histoire du bio part pourtant d'une autre intention, par exemple manger sain et respecter les conditions pour une production saine, respecter les cycles naturels. C'est simple.

Voyez donc comment le capitalisme et ses affidés dévoient complètement cette idée. la production en serre n'est pas condamnable en soi, mais c'est l'énergie nécessaire pour la réaliser ainsi que l'effet produit sur l'environnement. Respecter les saisons est fondamental, cela participe du respect des cycles et de la régénération nécessaire. La production en serre est certes intéressante notamment pour la production de semences. Une serre ne doit pas être nécessairement chauffée. Compte tenu des effets désormais prévisibles du dérèglement climatique, cela peut aussi représenter des solutions possibles. Les maraîchers bio l'utilisent depuis longtemps. Mais l'objectif visé ici n'est pas celui-là.

La conscience, assez nouvelle mais pas seulement, de la malbouffe est la raison pour laquelle la demande en produits "bio" explose. Quitte à ne pas respecter les saisons, les grandes surfaces donnent à voir le bio comme une réponse possible et se parent de vertus qu'elles n'ont pas. La culture de la nourriture du bio est naissante et exige un label sécurisant. c'est cette étiquette que les "pro du bio" nous vendent. Et le plus cher possible, peu importe si cela produit de la précarisation, de la misère sociale, qui est bien cachée sous l’étiquette verte.

Il importe de prendre cette argumentation à revers. Démontrer que le capitalisme n'a pas d'autre intention que de produire du chiffre n'est pas aisé. Mettre en pleine lumière les effets pervers de cette démarche, pas seulement des financiers qui veulent investir... financièrement, mais aussi des idéologies qui s'appuient sur des principes éthiques sans s'en donner les moyens, convaincus qu'ils sont de ménager la chèvre, le chou et le loup, en croyant à cela et nous faisant prendre des vessies pour des lanternes... Le loup bouffera la chèvre après que celle-ci aura bouffé le chou....

Comme disent certains, le problème du capitalisme vert n'est pas dans la couleur. Bon article.

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Re: Bio. Un sujet d’actualité.

Message par Marc » 07 juin 2019, 17:01

J'ajoute que bon nombre de nos concitoyens sont à convaincre, pas facile de passer le bon message entre les gouttes de la consommation. D'autre regardent le bio comme un rêve et puis mangent et vivent comme ils peuvent, c'est-à-dire généralement mal.

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Re: Bio. Un sujet d’actualité.

Message par Marie_May » 07 juin 2019, 17:39

Et d'autres t'envoient bouler quand tu leur demandes de signer la pétition coquelicots en t'assurant que "sans pesticides, on est foutu...". Y compris des jeunes dont le père a signé la pétition... Il y a de tout parmi les aveugles...

Claude
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Re: Bio. Un sujet d’actualité.

Message par Claude » 07 juin 2019, 23:58

:idea: Si rien ne bouge, si une réglementation (forcément européenne) n’ arbitre pas pour favoriser les productions à taille humaine, le bio industrialisé s’imposera de plus en plus.

Pourquoi ?
Parce que le prix de revient connu d’un produit industrialisé est forcément plus bas grâce à l’effet de taille, d’échelle : sur ce plan, le paysan qui travaille sur des lopins modestes est largué.

Et parce que l’on ne compte pas les externalités négatives : qui dit industrialisation dit transport sur de grandes distances (ainsi les artichauts de Bretagne que Ége a vu au Portugal), et donc augmentation du CO2, un coût non pris en compte dans le calcul du prix de revient.

Et parce que la demande actuelle excède l"offre. D’où le recours aux importations. Il n’y a pas assez de producteurs bio même si le phénomène des conversions au bio récentes s’est amplifié en France.

:D

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Re: Bio. Un sujet d’actualité.

Message par Marc » 08 juin 2019, 11:05

Qui doit bouger ? Nous. Le plus grand nombre sera le mieux. La jeunesse est porteuse des solutions, il faut soutenir les initiatives. Mais ne nous illusionnons pas trop, c'est un combat d'idées, de convictions.
Aujourd'hui, les discours écolos des décennies précédentes sont étayés par des vérifications scientifiques et nous rendent crédibles, le temps nous est compté, mesurons-le bien. Il ne s'agit pas de culpabiliser ceux qui ne perçoivent pas cette réalité, mais au contraire de les encourager à opérer cette transformation.
Nous voyons bien qu'aménager le système qui domine ne répond pas mais au contraire retarde les solutions possibles. Il va falloir répondre à deux préoccupations : parer aux catastrophes climatiques et les moyens de retrouver une forme d'équilibre naturel. Pour cela, il faut tenir compte de trois facteurs majeurs : la gestion des finances et sa répartition; l'organisation des conversions de production et de consommation; la coopération de politiques socio-économiques en liaison avec les populations et la croissance démographique prévisible.
C'est incompatible avec le système capitaliste.
Je sais que nous n'aurons pas assez de temps pour tout. Mais avons-nous un autre choix ?

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Re: Bio. Un sujet d’actualité.

Message par Claude » 10 juin 2019, 23:39

Encore des infos sur l’état du Bio région par région.
L’article de la rubrique LE FIL VERT est accompagné d’un graphique que je ne peux reproduire et qu’on peut voir sur le site de Libé qui offre qq visites.

LE FIL VERT

Les régions mettent (presque toutes) le cap sur le bio

Par Julien Guillot et Louise Claereboudt — 6 juin 2019 à 08:05 (mis à jour à 08:08)

Portée par plusieurs régions phares, dont la Provence-Alpes-Côte-d'Azur, l'agriculture biologique a connu une «année record» en 2018. Mais d'autres territoires restent attachés aux modes de culture plus conventionnels.

Les régions mettent (presque toutes) le cap sur le bio
Tous les jours, retrouvez le fil vert, le rendez-vous environnement de Libération. Aujourd’hui, le green graph.



«C’est un cap franchi», se réjouit Florent Guhl, directeur de l’Agence bio, organisme public qui suit l’évolution du bio en France. L’agriculture biologique couvre désormais 7,5% de la surface agricole utile du pays, soit 2 millions d’hectares cultivés en bio en 2018.

A LIRE AUSSI :
Investi par la grande distribution: l’Eldora BIO
Les producteurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers ce mode de culture respectueux de l’environnement. Avec 5 000 nouvelles exploitations bio, la France compte désormais 41 600 fermes engagées dans le bio. Et le nombre de conversions laisse à penser que cette progression n’est pas près de s’arrêter. «Au vu des surfaces encore en conversion fin 2018, les surfaces certifiées bio devraient continuer d’augmenter dans les prochaines années, de l’ordre de 250 000 à 300 000 hectares par an», assure l’Agence bio.

Une locomotive au Sud

Comme les années précédentes, selon l’organisme, près de 60% des fermes et des surfaces conduites en bio sont situées dans quatre régions : l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine, l’Auvergne-Rhône-Alpes, et les Pays-de-la-Loire. Des régions connues pour leurs productions de fruits et légumes, mais aussi pour la viticulture. L’Occitanie est en tête avec pour principaux moteurs le département du Gers, qui totalise près de 25 000 hectares en conversion, et de l’Aveyron.

Mais c’est la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur qui consacre le plus de sa surface agricole utile (SAU) au bio avec 19,7% (25,6% en prenant en compte les surfaces en conversion). «Il y a logiquement une raison climatique à cela. Comme en Espagne ou en Italie, les produits frais sont plus facilement cultivables dans les régions du Sud», explique Florent Guhl. On retrouve derrière la région Occitanie avec 11,4% de la surface agricole utile, puis la Corse, bien qu’avant-dernière en nombre d’exploitations, avec 8,5%.

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Infographie : la part du bio dans la surface agricole par région en 2018
«La nouveauté, c’est qu’en plus des régions fortes, on voit apparaître de nouvelles régions de plus en plus engagées dans le bio», reprend-il. Exemple : l’Ile-de-France, où la progression des terres cultivées en bio par rapport à l’année précédente dépasse les 40%.

Au Nord, encore des réticences

Mais des progrès restent encore à faire. En effet, le bio ne fait pas l’unanimité dans tous les coins de l’Hexagone, que ce soit en termes de consommation ou de production. Dans les Hauts-de-France, par exemple, même si le nombre d’exploitations engagées dans le bio n’a cessé d’augmenter depuis 2008, la part des terres biologiques et en conversion représente moins de 2% de la surface agricole utile.

«Malheureusement, il y a encore des régions où passer à un mode de production bio peut être perçu par le voisin comme un comportement marginal. Alors que dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur par exemple, le bio est entré dans les mœurs et est presque devenu la norme, remarque Florent Guhl. De plus, il y a dans les Hauts-de-France davantage de grandes cultures, comme les champs de betteraves, qui sont plus difficiles à convertir en bio.»

Pour Florent Guhl, les régions les plus à la traîne (les Hauts-de-France, le Centre-Val-de-Loire, le Grand Est ou encore l’Ile-de-France et les Outre-Mer), essentiellement au Nord-Est, sont bien celles qui, historiquement, possèdent des terres de taille importante, comme les terres céréalières. Toutefois, d’après les chiffres dévoilés ce mardi, ce sont justement les grandes cultures qui ont connu la plus forte progression en 2018. Alors l’Agence bio, ainsi que les différents acteurs nationaux ou locaux de l’agriculture, espère que l’accompagnement des producteurs portera ses fruits et que les propriétaires des grandes cultures sauteront plus facilement le pas pour atteindre l’objectif de 15% de la surface agricole utile française d’ici 2022

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