Paroles de chansons
Posté : 26 oct. 2018, 21:33
Redécouvert dans une émission consacrée à Jean FERRAT,
ce soir sur France3. Un plaisir d'écouter ces beaux textes.
Un chanteur dont les chansons résonnent dans ma mémoire.
Je découvre que le père de J. Ferrat fut déporté.
Et je découvre :mrgreen: qu'il avait épousé la chanteuse C. Sèvres.
ce soir sur France3. Un plaisir d'écouter ces beaux textes.
Un chanteur dont les chansons résonnent dans ma mémoire.
Je découvre que le père de J. Ferrat fut déporté.
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NUIT ET BROUILLARD
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu’une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs
Qui n’en finissent pas de distiller l’espoir
Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
Ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues
Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers
On me dit à présent que ces mots n’ont plus cours
Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire
Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare
Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter ?
L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été
Je twisterais les mots s’il fallait les twister
Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent
Et je découvre :mrgreen: qu'il avait épousé la chanteuse C. Sèvres.
POINT DE VUE
Le soleil brille pour tout le monde
Quand, à la Méditerranée,
On s' donne la main, on fait la ronde.
Et chacun peut en profiter.
Faudrait voir à pas mélanger
Les torchons avec les serviettes,
Le caviar et la vache enragée,
Les clochards avec les starlettes.
Moi, j'dis qu' l'hiver a pas l' même goût
Selon comment on le regarde.
Moi, j'dis qu' l'hiver a pas l' même goût
A Megève ou sous l' pont de Saint-Cloud.
Sur la Seine, y a des bateaux-mouches
Avec des dames en décolleté
Qui rient très haut et font des touches...
Et y a aussi les suicidés.
Faudrait voir à pas mélanger
Les torchons avec les serviettes,
L' malheur et l'imbécillité,
La fringale et le coup d' fourchette.
Moi, j' dis qu' la Seine a pas l' même goût
Selon comment on la regarde.
Moi, j' dis qu' la Seine a pas l' même goût
Vue par en-dessus ou par en-dessous.
Y a des murs où, au matin blême,
On met en rang les entêtés.
Y a des murs où, au matin blême,
On assassine la Liberté.
Faudrait voir à pas mélanger
Les torchons avec les serviettes,
Les martyrs et les médaillés,
Les généraux et les poètes.
Moi, j' dis qu' l'Honneur a pas l' même goût
Selon comment on le regarde.
Moi, j' dis qu' la Mort a pas l' même goût
Vue par en-dessus ou par en-dessous.
Interprété par Christine SÈVRES