Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

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Claude
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Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Claude » 27 août 2017, 17:37

Copié collé d'un article publié sur le site de Libé.

BLIND DATE (7/7)

CATHERINE DENEUVE AVEC PERRINE ET CHARLES HERVÉ-GRUYER :
«C’EST SI VIVANT ET ANCRÉ DANS LE RÉEL, UN JARDIN !»

Par Anne Diatkine Photos Samuel Kirszenbaum

— 25 août 2017 à 17:46

Intriguée par leurs méthodes, l’actrice à la main verte est partie à la rencontre de deux pionniers de la permaculture. Echange prolifique dans une forêt-jardin normande, entre cochons et tétragone cornue.

PHOTO …
Catherine Deneuve, Charles Hervé-Gruyer et les filles du couple, le 28 juillet à la ferme du Bec-Hellouin.
Catherine Deneuve, Charles Hervé-Gruyer et les filles du couple, le 28 juillet à la ferme du Bec-Hellouin. Photo Samuel Kirszenbaum
Catherine Deneuve : «C’est si vivant et ancré dans le réel, un jardin !»


C’est Catherine Deneuve qui en a eu l’idée. On lui a demandé qui elle aimerait rencontrer et elle a répondu, du tac au tac, «Perrine et Charles Hervé-Gruyer, le couple de cultivateurs de la ferme du Bec-Hellouin», en nous épelant Bec-Hellouin. On s’est dit : «Elle doit les connaître, leur acheter des légumes.» Et bien non, pas du tout, pauvre pomme. Si Catherine Deneuve se fournissait chaque semaine en brocolis dans leur ferme, elle ne nous proposerait pas de faire un tour chez eux, à deux heures de Paris, un vendredi après-midi classé orange par Bison futé, alors qu’elle tourne tout l’été. On cueille donc Catherine Deneuve à la sortie du café-tabac d’Ivry-la-Bataille et l’actrice note distraitement : «D’habitude, c’est plutôt moi qui prends les gens en stop.» On s’étonne : «Ils vous reconnaissent ?» «Pas très souvent. Ils ont la tête penchée sur leur portable, disent merci sans lever les yeux.»

L’ambiance est joyeuse, il n’en faudrait pas beaucoup pour se laisser envahir par l’euphorique sentiment factice de partir en vacances, et d’ailleurs, pourquoi pas ? Partons ! Catherine Deneuve s’inquiète : «Vous avez regardé le chemin ? Vous avez une carte ? Ce serait bien de prendre par Saint-André-de-l’Eure.» Non, on n’a pas de carte, on ne sait pas où on va, on n’a pas d’itinéraire préféré, on ne sait pas encore que Catherine Deneuve nous mène droit au paradis, ou en tout cas dans un genre d’utopie concrète. Mais le paradis est-il seulement signalé par le GPS ? «Vous vous laissez guider par une machine ? Vous obéissez à un robot ? Moi, j’ai besoin de savoir où je suis et où je vais !»

En une heure et demie de route, sur fond musical d’AaRON, de Beck, de Duffy, d’Amy Winehouse et de Portishead - c’est Catherine Deneuve qui fournit la playlist -, on a le temps de voir la campagne changer, devenir vallonnée, le feuillage des arbres former des grosses boules qui descendent jusqu’aux trois quarts du tronc («j’adore quand les arbres ont cette allure», dit-elle), discuter de la supra-intelligence des rats («j’ai toujours adoré les rongeurs») et même de laisser le silence parler à notre place. Mayu Yamaji, maquilleuse-coiffeuse, est de la partie (de campagne), au cas où. Il ne s’agit cependant pas d’un reportage de mode, ni même d’un entretien - et on ira, en marchant, de surprise en surprise. Par exemple, on découvrira ce qu’est un «paysage comestible» et qu’il est possible, sans aucun engrais chimique, pesticide ou tracteur, de cultiver pour 55 000 euros de produits sur une parcelle de 1 000 mètres carrés (1), et donc d’être dix fois plus rentable par unité de surface que l’agriculture bio mécanisée. Ah bon ? Les humains peuvent donc remplacer à profit les machines ? C’est contre-intuitif et cependant avéré.

C’est la beauté et l’incongruité du paysage qui frappent en premier à la ferme du Bec-Hellouin. Où est-on ? Dans un genre d’Amazonie normande. La luxuriance est partout, les légumes débordent aux pieds des arbres fruitiers qui eux-mêmes se mêlent les uns aux autres. L’espace est petit mais au milieu coule une rivière, le Bec, «un nom viking» nous dit-on, bordée par deux plages de sables fins, qui donnent sur deux petites îles. Vous êtes sceptiques ? On vous embarque. Ce qui n’est pas si facile. Rapidement, on perd pied, tandis que Catherine Deneuve et Charles et Perrine Hervé-Gruyer parlent graines, outils, limaces, paillage du sol, chou toscan, basilic pourpre, «campagnole» (2), shiitake, et confrontent leurs expériences. Aucun souci de représentation ici : dans la nature, Catherine Deneuve est dans son élément, identifiant au loin des tétragones cornues ou cléomes, s’extasiant sur la singularité d’une binette ou d’un semoir de précision, et c’est entre professionnels que tout le monde s’exclame, discute, s’enthousiasme. Marchons, donc, dans cette forêt-jardin-potager enchantée.

Catherine Deneuve : C’est dans une revue spécialisée que j’ai lu les premiers articles sur votre ferme, que j’avais très envie de visiter depuis longtemps… Comment faites-vous ? Où qu’on pose les yeux, il y a quelque chose à regarder. Il n’y a pas un centimètre de terre à nu…
Charles Hervé-Gruyer : Ça nous fait souffrir de voir la terre à nu ! Il faut imaginer que lorsqu’on l’a acheté, une partie du terrain était à l’abandon depuis cinquante ans. Il nous a bien fallu deux ans pour défricher les pentes abruptes, ça semblait une hérésie d’y planter quoi que ce soit. Nous avons beaucoup échoué et avons donc été, les premières années, assez désespérés devant la pauvreté de nos résultats, avant de tomber sur ce mot, au printemps 2009 : «permaculture». On s’y est mis petit à petit, et notre vie a basculé.

Libération : Perrine et Charles, comment êtes-vous devenus paysans ?
Perrine Hervé-Gruyer : J’avais été juriste internationale pour une grande entreprise pendant trois ans, au Japon et en Chine, et quand on a acheté notre terrain en Normandie, je ne me voyais pas du tout fermière. Mais en Asie, j’avais acquis le goût des aliments sains. Un simple potager m’aurait suffi…

Charles Hervé-Gruyer : Je suis Parisien, et je m’étais persuadé que je ne pourrais jamais être paysan. A défaut, je suis devenu marin. J’avais un voilier-école, Fleur de Lampaul, avec lequel, en accord avec l’Education nationale, je partais pendant l’année scolaire sillonner la planète avec des scientifiques et des adolescents. C’est ainsi que j’ai partagé la vie, durant une quinzaine d’années, des Amérindiens en Guyane, des Aborigènes d’Australie, de tribus africaines, qui m’ont donné autant de leçons d’écologie appliquée. C’est en vivant dans une famille d’Amérindiens, aux confins de la Guyane française et du Surinam, que j’ai commencé à me poser des questions sur l’absurdité de nos vies, et sur les différences de nos conceptions de la nature. On voit la jungle comme hostile et dangereuse, ils la perçoivent comme une mère nourricière ! J’ai vendu mon bateau à Nicolas Hulot. J’avais un besoin vital de vivre autrement.

Catherine Deneuve : Aviez-vous un modèle quand vous avez commencé ?
Perrine Hervé-Gruyer : On était tombés sur des livres de John Seymour, tenant d’un mouvement dans les années 70 sur l’autosuffisance, qui ont été notre bible. On y apprend aussi bien à fabriquer sa bière que ses détergents. C’est bien plus tard qu’on a découvert le principe de permaculture, développé par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren.

Libération : En quoi consiste la permaculture ?
Charles Hervé-Gruyer : Son principe de base est assez simple. Au lieu de maîtriser la nature, on l’observe comme une boîte à outils intelligente et on s’inspire de son fonctionnement, qui consiste à faire interagir les éléments des différents écosystèmes. Dans la nature, tout fonctionne en boucle. De même, la permaculture consiste à concevoir des espaces intensément vivants sur des surfaces qui peuvent être minuscules. Pas besoin de machine pour cela. Seule la main humaine peut se frayer un chemin dans cette parcelle beaucoup plus remplie que ce qui est recommandé !

Perrine Hervé-Gruyer : Dans la nature, les plantes poussent par strates superposées pour mieux tirer profit du soleil. On fait de même dans nos jardins. L’autre principe est qu’il n’y a pas de déchet : tout sert. Ce qui explique qu’on n’utilise que des ressources naturelles. Ici, pas d’œufs contaminés au fipronil !

Charles Hervé-Gruyer : Dans notre petite forêt-jardin, on voit revenir des oiseaux menacés de disparition. L’impact sur la biodiversité suscite des travaux de chercheurs, qui viennent étudier dans notre ferme les insectes, les vers de terre, les abeilles sauvages - on en a identifié 69 espèces différentes. Si bien qu’elle fait l’objet d’un programme de recherche avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) depuis 2016. On y quantifie les heures de travail ainsi que toutes les récoltes, tout ce qui y vit.

Perrine Hervé-Gruyer : On a envie de faire profiter les autres du succès d’une méthode qui, j’espère, va se généraliser, car elle est une alternative à notre dépendance au pétrole. La performance économique est induite par l’efficacité écologique, ce qui était inattendu, même pour nous.

Charles Hervé-Gruyer : Je pèche peut-être par optimisme mais je cherche encore l’erreur dans cette démarche : vous investissez moins, vous avez besoin de moins de terre, vous produisez plus… Et les chefs étoilés qui cuisinent avec nos produits nous disent qu’ils sont excellentissimes. On n’aurait jamais imaginé atteindre de tels niveaux de rentabilité. Ce qu’on cherchait au début, en utilisant cette méthode, c’est la beauté. La productivité a été un cadeau en plus. On avait envie d’un jardin sensuel.

Catherine Deneuve : On dit toujours que la nature a horreur du vide, et ici on voit que c’est vrai… Enfant, j’ai vu ma mère s’échiner à créer des terrasses, des buttes, pour gagner du terrain sur un sol très calcaire. Sur une toute petite surface, elle réussissait à faire pousser des merveilles…
Perrine Hervé-Gruyer : Construire des buttes était une excellente intuition, votre mère pratiquait la permaculture sans le savoir. Avec les buttes, le sol reste beaucoup plus profond et surtout, le soleil ne le dessèche pas.

Libération : Catherine, est-ce à l’enfance que remonte votre passion pour les jardins ?
Catherine Deneuve : Ils ont toujours été mon port d’attache, mais ils me sont devenus nécessaires au fur et à mesure que le cinéma a envahi ma vie. Toute petite, j’aimais partir en forêt cueillir des fleurs. J’avais ce goût d’aller seule dans les bois. J’ai des souvenirs idylliques au bord de la Marne où l’on campait. Des souvenirs d’une liberté et d’une sauvagerie totale. A cette époque, il n’y avait que des hangars à bateaux… C’est dans la Marne que mon père nous a appris à nager, mes sœurs et moi.

Libération : Seule dans les bois enchantés, c’est Peau d’âne qui s’exprime…
Catherine Deneuve : C’est si lointain, Peau d’âne… Je suis mise en orbite avec ce film. Je crois que toute ma vie, des enfants m’arrêteront dans la rue pour m’en parler… Tiens, des cochons ! Qu’est-ce qu’ils sont mignons ! On va marcher avec eux. N’ayez pas peur ! Vous avez paillé tout le sol ?

Perrine Hervé-Gruyer : Oui, ça évite le désherbage et l’arrosage. On met beaucoup de matières organiques sous forme de paillage.

Catherine Deneuve : Que c’est drôle ! Vous paillez même avec la laine des moutons tondus ! Moi aussi, je la garde, mais pour les nids des oiseaux. Vous n’arrosez jamais, y compris quand il fait très chaud ?

Perrine Hervé-Gruyer : Ce n’est pas un problème, dès lors que les arbres sont bien installés. Chaque étage doit avoir son content de soleil, que ce soit les trèfles fixateurs d’azote, l’oseille, la roquette, les menthes diverses.

Catherine Deneuve : Ce sont sur les petites îles que vous faites pousser les légumes ?
Perrine Hervé-Gruyer : Notamment. La chaleur est captée par l’eau de la mare, si bien que cette île, protégée par la forêt-jardin, bénéficie d’un microclimat.

Charles Hervé-Gruyer : Faire des expériences nous éclate. On vient de recevoir les résultats d’une étude belge qui démontre que nos sols stockent jusqu’à 16 fois plus de carbone organique que les objectifs fixés par l’Inra. L’agriculture dominante fait l’inverse : elle libère le carbone contenu dans les sols et le relâche dans l’atmosphère. Notre ferme est un puits de carbone. C’est loin d’être négligeable à un moment où le changement climatique devient la principale menace qui pèse sur l’humanité. Chaque année, on crée un à deux centimètres de sol, alors qu’actuellement pour chaque tonne de nourriture produite dans le monde, on détruit de six à dix-huit tonnes de terre arables.

Libération : Catherine Deneuve, auriez-vous pu être fermière, du moins horticultrice ?
Catherine Deneuve : Pour rire, je menace parfois mes proches de me faire inviter à la Ferme Célébrités ! Mais, non, je ne crois pas que je pourrais être fermière. Je suis bien trop au courant de la réalité du métier de paysan, de sa dureté, de l’absence absolue de répit qu’il laisse et de l’angoisse qu’il procure. Avoir une ferme, c’est un travail de titan, 24 heures sur 24, et la crainte constante de ne pas produire suffisamment. A chaque gelée, je pense aux agriculteurs. Je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas une profession plus valorisée. Sans eux, plus de paysages en France.

Libération : Mais vous pourriez vivre à la campagne ?
Catherine Deneuve : Pas plus ! J’ai trop besoin de la ville, de la vie nocturne. Et la production cinématographique est devenue bien trop aléatoire pour que je m’éloigne durablement de Paris. De plus en plus de projets sont annulés au dernier moment. En tant que spectatrice, je peux revoir des films à la télé, mais pas en découvrir. Donc j’ai besoin de vivre dans une ville où il y a des salles de cinéma, avec des spectateurs ! Cela dit, même à Paris, mon œil est sans cesse arrêté par des motifs végétaux, les nouveaux arbres qu’on plante, les ginkgos qu’on ne voyait pas avant, par exemple, les jardins potagers partagés qui émergent de plus en plus, ce que je trouve très bien. Tiens, de la tétragone cornue… C’est une plante intéressante, bien qu’elle soit moins fixatrice d’azote que l’épinard.

Charles Hervé-Gruyer : Catherine, on aimerait bien vous demander de venir enseigner dans nos formations… On a eu beaucoup de visites mais jamais quelqu’un avec autant de connaissances et un œil comme vous…
Catherine Deneuve : Enseigner, non ! Mais j’irais bien suivre une formation si vous m’acceptez… Entrons dans la serre. Vous repiquez même les choux ? Quand même pas la blette ?

Perrine Hervé-Gruyer : Si, on repique tout. Sauf les carottes et les radis.

Catherine Deneuve : Combien de personnes travaillent avec vous uniquement sur les plantations ?
Perrine Hervé-Gruyer : Trois personnes en moyenne.

Catherine Deneuve : Trois personnes seulement ! Qu’est-ce que cet engin à dents ? Je n’en ai jamais vu de pareil !

Perrine Hervé-Gruyer : C’est un outil inspiré d’une vidéo glanée sur le Net, qui permet d’aérer le sol et de préparer nos espaces de culture très rapidement à la main. On positionne nos plants au millimètre près. Comme ils sont très serrés, ils ne sont jamais piétinés. Ce n’est pas fatigant, même si on fait tout à la main. On va passer devant le biochar, qu’on fait tremper dans un purin d’ortie pour qu’il garde mieux l’eau. On utilise une technique des Indiens d’Amazonie au Brésil - la terra preta - qui rend la terre aride très meuble.

Charles Hervé-Gruyer : Catherine, en 2016, vous avez dédié votre prix Lumière aux agriculteurs. Qu’est-ce qui vous rend sensible à leur cause ?
Catherine Deneuve : Je ne veux pas devenir une porte-parole, mais chaque fois que j’ai l’occasion de prendre position en faveur de la petite agriculture, sans que ce soit plaqué ou artificiel, je le fais. Dans ce même festival Lumière, à Lyon, j’avais choisi de montrer le documentaire de Raymond Depardon, la Vie moderne, sur les paysans. Quand on rencontre des agriculteurs, et qu’ils se rendent compte qu’on s’intéresse vraiment à leur travail, ça les encourage, ils se sentent tellement seuls. J’ai accepté d’être la voix off d’un documentaire sur des agricultrices car je les trouve très courageuses. Mais encore une fois, ça ne m’intéresse pas de devenir une voix officielle. J’évite les engagements de façade.

Perrine Hervé-Gruyer : Il y a une vraie souffrance dans le monde agricole, à la fois économique et morale. C’est l’un des métiers où il y a le plus de suicides.

Catherine Deneuve : Autant que dans la police. En Eure-et-Loir, je me promenais et je suis tombée sur une pancarte dans un grand champ, où il était écrit : «L’UE m’a tué.» L’agriculteur propriétaire de ce champ s’était pendu… J’étais bouleversée. Les agriculteurs sont difficilement entendus. On entend couramment dire qu’ils sont sur-aidés par l’Europe, qu’ils la ruinent, que c’est sans fin…

Charles Hervé-Gruyer : On sait peu que leurs revenus sont dérisoirement bas. En 2015, un tiers des agriculteurs gagnaient moins de 3 500 euros par an !

Catherine Deneuve : On a exigé d’eux un tel rendement… Durant des années, ça a été l’unique mot d’ordre. Les agriculteurs qui ont plus de 40 ans ont été élevés avec le devoir des monocultures rectilignes, arrosées de produits chimiques. Ils sont exténués. Car c’est très dur de passer des journées sur ces machines… Du coup, votre productivité avec de simples outils manuels est d’autant plus intéressante.

Charles Hervé-Gruyer : Il me semble cependant que depuis deux ou trois ans, les mentalités bougent, sans que les politiques et les urbains n’en aient vraiment conscience. Je lisais une revue professionnelle qu’on nous envoie… Elle est pleine de références à l’écologie, à la permaculture, au paillage, au compost, aux vers de terre, aux conseils pour cultiver des légumes en dessous des arbres…

Catherine Deneuve : Je crois aussi qu’on est en train de remettre en question l’agriculture intensive en tant que modèle unique. Je me suis fait les mêmes observations que vous en lisant la presse spécialisée.

Libération : Recevez-vous des aides de l’Etat ?
Charles Hervé-Gruyer : Non. Le ministère de l’Agriculture ouvre un enseignement de la permaculture dans les établissements dédiés et nous les aidons à concevoir les programmes, mais nous n’avons jamais reçu un euro de l’Etat pour nos recherches.

Perrine Hervé-Gruyer : Et on vient d’apprendre que le ministre de l’Agriculture va diminuer les aides à l’agriculture biologique !

Libération : Catherine, avez-vous déjà joué une agricultrice ?
Catherine Deneuve : J’ai été éleveuse de dindons dans un film oubliable avec Alain Delon, dans une batterie. C’était insupportable.

Charles Hervé-Gruyer : On va très peu au cinéma… Pourriez-vous nous parler de votre métier d’actrice ?
Catherine Deneuve : Non, il m’est assez difficile d’en parler. C’est un métier très solitaire, même si on est très entouré. A chaque fois que des gens viennent me voir sur les tournages - je n’aime pas trop cela d’ailleurs -, ils me disent : «Je ne supporterais pas d’attendre comme toi.» Mais c’est une attente très active, où le personnage se construit malgré soi.

Charles Hervé-Gruyer : Avec votre expérience, vous avez encore le trac ?
Catherine Deneuve : Je suis quelqu’un d’assez réservée… A chaque début de tournage, oui, il y a une peur…

Libération : Catherine, y a-t-il une complémentarité entre votre métier d’actrice et votre passion pour l’horticulture ?
Catherine Deneuve : Si le lien existe, il est très intime et je ne peux pas le généraliser. C’est quelque chose de tellement ancré dans le réel et de si vivant, un jardin ! Quand on s’y intéresse, il y a tous les jours quelque chose de nouveau à observer. La renaissance est incessante et c’est cela qui m’enthousiasme. Quand on jardine, on ne peut penser à rien d’autre. Même désherber, c’est très absorbant.

Libération : Qu’est-ce que vous aimez chez les plantes ?
Catherine Deneuve : C’est cet échange silencieux.



(1) Selon une étude menée par l’Inra en 2015 sur la ferme. (2) Cet outil écologique est commercialisé par l’artisan avec qui Charles et Perrine Hervé-Gruyer l’ont conçu, à la Fabriculture.

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Claire
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Re: Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Claire » 28 août 2017, 09:18

Intéressant.

Claude
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Re: Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Claude » 28 août 2017, 23:46

L'intérêt et les réactions de cette actrice m'ont surpris en bien. ;)

Mianne
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Re: Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Mianne » 29 août 2017, 09:27

Même réflexion que toi. Elle me surprend agréablement Catherine que je jugeais froide et sophistiquée.

Claire
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Re: Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Claire » 29 août 2017, 12:48

Moi itou.
J'avais vaguement entendu ça sur FI ces derniers jours qu'elle visitait une ferme de permaculture.

Claude
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Re: Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Claude » 29 août 2017, 17:22

Il est assez drôle de voir comment elle répond aux questions "people" que se croient obligés de lui servir le journaliste. Elle botte le plus vite en touche. Et l"on reste un peu sur sa faim par rapport à cette ferme. Pas mal de généralités. Quant à la " productivité" de la permaculture ( "dix fois plus rentable par unité de surface" ), elle m'a paru surestimée dans ce texte. Dix fois, ça fait bôkoo.

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Re: Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Chichinette 11 » 30 août 2017, 00:48


Patricia
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Re: Permaculture à la ferme de Bec-Hellouin, et C. Deneuve

Message par Patricia » 30 août 2017, 10:21

L'article ne nous apprend pas grand chose sur la permaculture. C'est plus un article à la gloire de CD. J'ai un peu de mal avec la ferme du Bec sans que je sache trop pourquoi. Quant aux coûts de leur formation je les trouve excessifs.

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