1er mai, la fête... du muguet?

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Marie_May
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1er mai, la fête... du muguet?

Message par Marie_May » 01 mai 2017, 10:53

J'aime bien le muguet, j'aime bien la tradition qui veut que des petites gens comme vous et moi sortent une table de camping au coin de leur rue pour jouer à la marchande, le matin du 1er mai pour gagner trois sous - ou pour renflouer la caisse des associations. Le muguet venait autrefois des jardins ouvriers ou des bois environnants, puis des petits jardins des pavillons.
Mais pour ce qui est des manif's... même dans ma jeunesse où on ne risquait plus les coups de sabre de la police à cheval, où on allait en groupes bruyants et chantants jusqu'au mur des Fédérés du cimetière du Père-Lachaise, célébrer plutôt un jour chômé, ou un rassemblement des troupes syndicales pour se compter - déjà les vieux militants grognaient que de leur temps, c'était une journée autrement plus revendicative, autrement plus dangereuse aussi.

Au fait, c'est quoi au juste la raison de tout ce charivari international? Que dit Wikipédia?

Pourquoi le 1er mai

Le massacre de Haymarket Square, survenu à Chicago le 4 mai 1886, constitue le point culminant de la lutte pour la journée de huit heures aux États-Unis, et un élément majeur de l'histoire de la fête des travailleurs du 1er mai.

Rassemblements
Tout commence lors du rassemblement du 1er mai 1886 à l'usine McCormick de Chicago. Il s’intégrait dans la revendication pour la journée de huit heures de travail quotidien, pour laquelle une grève générale mobilisant 340 000 travailleurs avait été lancée. August Spies, militant anarchiste, est le dernier à prendre la parole devant la foule des manifestants. Au moment où la foule se disperse, 200 policiers font irruption et chargent les ouvriers. Il y a un mort et une dizaine de blessés. Spies rédige alors dans le journal Arbeiter Zeitung un appel à un rassemblement de protestation contre la violence policière, qui se tient le 4 mai. Ce rassemblement se voulait avant tout pacifiste. Un appel dans le journal The Alarm appelait les travailleurs à venir armés, mais dans un seul but d’autodéfense, pour empêcher des carnages comme il s’en était produit lors de bien d’autres grèves. [parenthèse personnelle: ma mère disait qu'elle venait avec des billes plein les poches pour les jeter sous les sabots des chevaux qui glissaient et faisaient ainsi dégringoler les policiers montés que les terrassiers avec qui elle manifestait se chargeaient alors de maîtriser. Et elle ajoutait toujours "pauvres bêtes!" - en parlant des chevaux, bien sûr. ]

Le jour venu, Spies, ainsi que deux autres anarchistes, Albert Parsons et Samuel Fielden, prennent la parole. Le maire de Chicago, Carter Harrison, assiste aussi au rassemblement. Lorsque la manifestation s'achève, Harrison, convaincu que rien ne va se passer, appelle le chef de la police, l'inspecteur John Bonfield, pour qu'il renvoie chez eux les policiers postés à proximité. Il est 10 heures du soir, les manifestants se dispersent, il n'en reste plus que quelques centaines dans Haymarket Square, quand 180 policiers de Chicago chargent la foule encore présente. Quelqu'un jette une bombe sur la masse de policiers, en tuant un sur le coup. Dans le chaos qui en résulte, sept agents sont tués, et les préjudices subis par la foule élevés, la police ayant « tiré pour tuer ». L’événement devait stigmatiser à jamais le mouvement anarchiste comme violent et faire de Chicago un point chaud des luttes sociales de la planète. On soupçonne l'agence de détectives privés Pinkerton de s'être introduit dans le rassemblement pour le perturber, comme elle avait l'habitude de le faire contre les mouvements ouvriers, engagée par les barons de l'industrie.1
Après l’attentat, sept hommes sont arrêtés, accusés des meurtres de Haymarket. August Spies, George Engel, Adolph Fischer, Louis Lingg, Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden. Un huitième nom s'ajoute à la liste quand Albert Parsons se livre à la police.

Procès « The Haymarket Martyrs »

Le procès s'ouvre le 21 juin 1886 à la cour criminelle du comté de Cook dans le centre de Chicago. C'est avant tout le procès des anarchistes et du mouvement ouvrier. La sélection du jury compte par exemple un parent du policier tué. Le procureur Julius Grinnel déclare ainsi lors de ses instructions au jury :
« Il n'y a qu'un pas de la République à l'anarchie. C'est la loi qui subit ici son procès en même temps que l'anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu'ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. 
Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d'eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société.
C'est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l'anarchie, ou non. »
Le 19 août, tous sont condamnés à mort, à l'exception d'Oscar Neebe qui écope de 15 ans de prison. Un vaste mouvement de protestation international se déclenche. Les peines de mort de Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden sont commuées en prison à perpétuité (ils seront tous les trois graciés le 26 juin 1893). Louis Lingg se suicide en prison. Quant à August Spies, George Engel, Adolph Fischer et Albert Parsons, ils sont pendus le 11 novembre 1887. Les capitaines d'industrie purent assister à la pendaison par invitation. Ils seront réhabilités par la justice en 1893. Innocentés par le gouverneur de l'Illinois, celui-ci confirma que c'était le chef de la police de Chicago qui avait tout organisé, et même commandité l'attentat pour justifier la répression qui allait suivre.
L'évènement connut une intense réaction internationale et fit l'objet de manifestation dans la plupart des capitales européennes. George Bernard Shaw déclara à cette occasion : « Si le monde doit absolument pendre huit de ses habitants, il serait bon qu'il s'agisse des huit juges de la Cour suprême de l'Illinois ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_ ... ket_Square

Pour rire, on peut aller regarder l'article que le Figaro a publié hier à ce sujet. On jugera de la façon plus ... molle de raconter ce monument d'injustice bourgeoise - ou comment s'arranger avec l'Histoire.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017 ... er-mai.php

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