Bayer & Monsanto

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Claude
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Bayer & Monsanto

Message par Claude » 13 oct. 2016, 23:08

http://sites.arte.tv/28minutes/fr/dani- ... -28minutes

… Demain s’ouvre à La Haye et pour deux jours le « Tribunal Monsanto ». Le but de cette mobilisation citoyenne ? Juger le géant agrochimique, bientôt fusionné au groupe allemand Bayer, pour « violations des droits humains, pour crimes contre l‘humanité et pour écocide ». Bien que le jugement soit rendu à titre purement symbolique, il pourrait pourtant remuer l’actualité. En France, Monsanto se défend de vouloir « accroître les rendements agricoles tout en préservant les ressources » mais abuse des pesticides pour atteindre ses objectifs. Nos campagnes et nos assiettes pourront-elles un jour passer en cure de désintox ?

……


Pour en parler, nous recevons Corinne Lepage, avocat et ex-ministre de l’Environnement, Christophe Grison, agriculteur dans l'Oise, et Joël Spiroux de Vendômois, docteur en médecine et spécialiste en santé environnementale.

Marie_May
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Re: Bayer & Monsanto

Message par Marie_May » 13 oct. 2016, 23:45

Je viens de cliquer sur l'article de Libération et de Médiapart https://blogs.mediapart.fr/edition/ogm/ ... e-decocide et je voulais justement vous en parler.

J'ai vu l'interview de Corinne Lepage et du médecin Joël Spirou. Ainsi que de l'agriculteur qui disait faire comme tous ses collègues, et puisque les produits sont en vente, c'est qu'il ne sont pas dangereux..... Ben voyons! C'est bien pour ça que Lepage milite pour qu'ils ne soient plus vendus.

Claude
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Re: Bayer & Monsanto

Message par Claude » 14 oct. 2016, 05:08

Lors de cette séquence télé, l'expert expliquait que le glyphosate n'était qu'un des composants du Round up. Il annonçait que si le glyphosate avait bien fait l"'objet d'une étude de toxicité,÷÷ (primo) l'étude avait été menée par le vendeur lui-même, et ∞∞ (secondo) qu'il avait été isolé des autres éléments (moins connus) de son cocktail.

Ces 2 singularités soulignent deux bonnes raisons de s'interroger, voire pour ma part de décrier le pesticide si connu et son fabricant.



Le producteur présent indiquait que sa profession avait évolué et que les agriculteurs actuels utilisaient moins de pesticides que par le passé, et qu'ils savaient lutter contre les mauvaises herbes par d'autres biais comme les semis intermédiaires et les (zut ! j'ai oublié provisoirement le mot qu'il avait employé…). Mais comme l'on sait que les quantités de produits phytosanitaires utilisés en France sont considérables et en augmentation, on peut demander à voir.

:x

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Re: Bayer & Monsanto

Message par Marie_May » 14 oct. 2016, 16:13

Il disait quand même aussi que si la quantité de produits utilisés en France est énorme, par rapport au reste des pays européens, c'est aussi que nous sommes un pays d'agriculture. C'est donc un peu normal qu'on en utilise plus que d'autres pays. Mais il a oublié de dire qu'on est un pays d'agriculture INTENSIVE et que c'est là que le bât blesse. Qui dit agriculture intensive dit intrants et produits phytosanitaires.

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Re: Bayer & Monsanto

Message par Claude » 17 oct. 2016, 05:00

Un des articles de la presse nationale :

Accusé Monsanto, levez-vous
Par Coralie Schaub — 14 octobre 2016 à 20:01

………


La firme «comparaît» ce week-end à La Haye.
Un procès simulé mais symbolique,
qui pourrait faire avancer la notion d’écocide.


Accusé Monsanto, levez-vous
Le lieu n’a pas été choisi au hasard. A La Haye, aux Pays-Bas, siège de la Cour pénale internationale (CPI) et de la Cour internationale de justice (CIJ), se tient ce week-end le Tribunal international Monsanto. Soit «l’une des plus importantes initiatives internationales émergeant de la société civile», avancent ses organisateurs, parmi lesquels figurent l’avocate et ex-ministre française de l’Environnement Corinne Lepage, l’écologiste indienne Vandana Shiva ou l’Australien Andre Leu, président de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique.

Même si ce procès citoyen n’aura pas de reconnaissance officielle, le Tribunal Monsanto «fonctionnera comme un vrai tribunal international, avec de vrais juges et avocats en robes qui examineront de vrais chefs d’inculpation établis avec les vrais outils du droit international», explique sa marraine, la réalisatrice et écrivaine Marie-Monique Robin, auteure d’une enquête sur le géant américain des OGM et des pesticides et les dommages humains et environnementaux causés par ses produits, le Monde selon Monsanto (2008). Venus du monde entier, cinq juges indépendants de haut rang entendront les témoignages d’une trentaine de victimes (dont le céréalier charentais Paul François, seule personne à avoir remporté un procès contre Monsanto après avoir été empoisonné par l’herbicide Lasso, aujourd’hui interdit) et d’experts (médecins, agronomes, biologistes, vétérinaires, toxicologues…).

Justice civile
Le sujet du procès ne doit rien non plus au hasard. La firme américaine de Saint-Louis (Missouri) symbolise en effet pour de plus en plus de citoyens le modèle agro-industriel et ses dégâts. Ce dernier contribue à au moins 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre dues à l’activité humaine. En cause : l’expansion de l’élevage intensif et des monocultures, synonymes de déforestation, de sols nus ou d’utilisation massive de pesticides et d’engrais d’origine pétrochimique. L’agriculture industrielle est aussi accusée de polluer l’eau, les sols ou l’air, d’accélérer l’extinction de la biodiversité et la progression de ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle l’«épidémie de maladies chroniques évitables» (cancers, maladies d’Alzheimer ou de Parkinson…) ou encore de menacer la souveraineté alimentaire des peuples, par le jeu des brevets sur les semences et de la privatisation du vivant.

Le rachat annoncé de l’américain par le chimiste allemand Bayer, connu pour fabriquer entre autres les très décriés pesticides néonicotinoïdes «tueurs d’abeilles» (Libération du 24 mai et Libération.fr le 15 septembre), ne changera rien aux objectifs du Tribunal Monsanto. D’abord parce que ces noces à 59 milliards d’euros doivent encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence. «Ensuite et surtout, les opinions juridiques finales livrées par les juges du Tribunal, prévues le 10 décembre, s’appliqueront non seulement à Monsanto mais à toutes les entreprises d’agrobusiness, y compris Bayer», soulignent les organisateurs.

Mais même si elle décidait en décembre de condamner symboliquement Monsanto, la cour du Tribunal ne pourrait le faire qu’en vertu du droit civil, puisqu’elle s’appuiera sur la législation actuelle. Aujourd’hui, les victimes de multinationales ne peuvent espérer que des actions au civil afin d’obtenir au mieux une indemnisation - et encore, au prix d’un long parcours d’obstacles. «Aucun outil juridique ne permet de poursuivre au pénal une entreprise telle que Monsanto, ni ses dirigeants, qui sont responsables de crimes contre la santé humaine ou contre l’intégrité de l’environnement», déplorent les porteurs du Tribunal Monsanto, dont l’objectif central est de «contribuer à la reconnaissance du crime d’écocide par le droit pénal international».

L’écocide «est le fait de détruire notre maison, la seule que nous ayons : la Terre», écrit la juriste Valérie Cabanes dans le livre qu’elle vient de publier sur le sujet (Un nouveau droit pour la Terre, Seuil). Pour le philosophe français Dominique Bourg, qui en signe la préface, «l’écocide n’est pas le crime ultime, s’ajoutant à tous les autres, mais le crime premier, le crime transcendantal, celui qui ruinerait les conditions mêmes d’habitabilité de la Terre». Si ce crime avait été reconnu, Monsanto «n’aurait pas pu polluer l’environnement en toute impunité pendant plus d’un siècle et tout faire pour maintenir sur le marché des produits hautement toxiques qui rendent malade et causent la mort de milliers de personnes, estime Marie-Monique Robin. Regardez ce qui se passe avec le glyphosate, la molécule active du RoundUp, l’herbicide le plus utilisé au monde associé aux OGM de la firme. Tout indique que nous sommes face à un énorme scandale sanitaire, bien supérieur à celui de l’amiante. Or, comme elle l’a fait pour les PCB [polychlorobiphényles, ou pyralènes, des polluants organiques persistants, ndlr] ou la dioxine, Monsanto continue d’affirmer qu’il est sans danger, alors qu’il sait que c’est faux !»

Lobbying
Créée en 1998 par le Statut de Rome, la CPI ne peut aujourd’hui juger que les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. Mais elle vient de faire un pas dans le sens de la poursuite pour écocide en annonçant l’élargissement de son champ d’action à certains crimes environnementaux. Désormais, la cour évaluera aussi les crimes liés à «l’exploitation illicite de ressources naturelles», à «l’appropriation illicite de terres ou à la destruction de l’environnement» (Libération du 16 septembre). «Il s’agit d’un développement intéressant, et le Tribunal Monsanto pourrait être une excellente préparation pour un cas d’envergure à la CPI», se félicitent ses organisateurs.

En attendant, le principal intéressé, qui a été invité à faire valoir ses arguments mais refuse de prendre part au procès, a diffusé la semaine dernière une longue lettre ouverte sur son site web. Signée par quatre de ses hauts responsables, «au nom du Comité directeur pour les droits de l’homme de Monsanto», la firme y dénonce «une parodie de procès», qui «détourne l’attention de discussions essentielles sur les besoins en alimentation et en agriculture du monde entier, ainsi que la pleine mise en œuvre des droits de l’homme». Soit l’élément de langage favori de l’entreprise, selon lequel sans elle, l’humanité aura faim. Monsanto, qui emploie une armée de communicants et de lobbyistes, localement ou globalement, est passé maître dans l’art du «greenwashing», rappelle l’ONG Corporate Europe Observatory dans un rapport publié jeudi.



Farida Akhtar, fondatrice du mouvement agricole «Nayakrishi Andolon» (Bangladesh): «Les agriculteurs pauvres ont connu une récolte désastreuse»

«Dès les années 90, les petits exploitants du Bangladesh ont subi l’agriculture dite «moderne». Ils ne pouvaient pas supporter l’augmentation des coûts pour les pesticides ou les engrais. Ensemble, nous avons donc formé un nouveau mouvement agricole, baptisé «Nayakrishi Andolon», qui rassemble aujourd’hui environ 300 000 familles d’agriculteurs. Le but : promouvoir une agriculture fondée sur la biodiversité et conserver nos variétés locales de semences. Nous nous battons aujourd’hui contre l’introduction de l’aubergine Bt, que Monsanto a imposée aux agriculteurs pauvres. Ces derniers ont connu une récolte désastreuse, mais aucune compensation n’a été versée.

«Nous ignorons les impacts sur la santé et l’environnement. Et les consommateurs ne savent pas comment faire la différence sur le marché entre l’aubergine Bt et l’aubergine conventionnelle. C’est une violation flagrante des droits des agriculteurs et des consommateurs. J’espère que grâce aux nombreux témoignages contre cette multinationale, il sera prouvé que les entreprises ne devraient pas rester impunies, mais être traduites en justice.»

Christine Sheppard, victime du RoundUp (Etats-Unis): «J’ai toujours des sensations de brûlure dans les pieds et les mains»

«En 1995, mon mari et moi avons acheté une ferme d’un peu plus de 2 hectares à Hawaï, dont les plantations de café étaient à l’abandon. Les herbes étaient si hautes qu’on pouvait à peine avancer. Nous avons alors utilisé du RoundUp. En 2001, alors que nous envisagions de convertir l’exploitation au bio, je suis tombée malade. Fatigue extrême, essoufflement, suées nocturnes… En août 2003, on m’a diagnostiqué un lymphome non hodgkinien (LNH) de stade 4, avec 10 % de chances de survie. J’ai subi huit cycles de chimio jusqu’en janvier 2004. Puis une greffe de moelle osseuse en Californie. Pour pouvoir payer les frais et les médicaments, nous avons vendu la ferme et dépensé notre épargne pour la retraite.

«Depuis, je suis en rémission. Mais j’ai toujours de constantes sensations de brûlure dans les pieds et les mains. Depuis que j’ai appris le lien entre le RoundUp et le LNH, je suis convaincue que cela a été la cause de ma maladie. Je suis venue témoigner à La Haye car je veux que Monsanto reconnaisse sa responsabilité et rende compte de ses actes.»

Diego Fernandez, agriculteur (Argentine): «Pas facile de changer de modèle, cela coûte cher»

«Je suis agriculteur depuis trente ans. Quand le soja transgénique est arrivé, beaucoup n’avaient pas confiance, mais on nous a poussés à le cultiver. Ça paraissait plus simple de contrôler les mauvaises herbes avec un seul produit : le glyphosate. Depuis dix ans, j’ai décidé de me tourner vers l’agroécologie, même si je n’ai trouvé personne pour bien me conseiller. Aujourd’hui, j’ai 50 hectares de culture biologique sur un total de 150 hectares.

«Pas facile de changer de modèle. Il faut disposer d’outils spécifiques, réapprendre à communiquer avec la nature et retrouver la fertilité naturelle du sol. Et tout cela coûte cher. La seule aide dont nous bénéficions vient d’un groupe de courageux producteurs biologiques, baptisé «Pampa Organica», au sein duquel nous partageons nos expériences.

«J’ai décidé de m’orienter vers le bio par acquis de conscience. D’autant plus lorsque les problèmes de mauvaises herbes résistantes et de nouvelles plantes envahissantes ont commencé, à cause de l’utilisation répétée de glyphosate. Personne ne nous a avertis de cela, ni des impacts sur la santé. Il est important que le monde sache ce qui se passe pour les producteurs argentins et pourquoi il y a encore une résistance à sortir du modèle agroindustriel toxique.»

Coralie Schaub.
Libération

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